Edito. Promis, juré, Ara Aprikian n'est pas un revanchard. Son adjoint, Xavier Gandon, pas plus. Pourtant, quel pied ont dû prendre ces deux-là, en découvrant ce matin à 9h, la courbe d'audience de "Quotidien", la nouvelle émission de TMC incarnée par Yann Barthès. 1,29 million de téléspectateurs. A quelques dizaines de milliers de l'insubmersible Cyril Hanouna, tête de gaudriole de leur ancienne maison.
Après les échecs de "19h Live" et d'Arthur en access, la pression était immense. Barthès, Aprikian et Gandon attendus au tournant. Unanimité des critiques, belle audience, ils ont rempli la première partie du contrat. L'effet de curiosité passé et le plan promo colossal digéré, les audiences devraient sans doute retrouver un niveau plus modéré. Mais quel pied de nez à leur ancien patron ! Il y a un an, Ara Aprikian, professionnel reconnu de tous, était méchamment éjecté de D8 par Bolloré. Crime de lèse-majesté, avoir "mal négocié" le nouveau contrat avec king Hanouna. Trop cher pour Bolloré qui, quelques semaines plus tard, devra dépenser encore plus, 250 millions sur 5 ans, pour ne pas le voir filer sur M6.
La grille de Canal+ en état de mort clinique
Viré de D8 au moment où TF1 se reconstruisait. Les contacts avec la nouvelle direction sont rapides, le pacte avec Gilles Pélisson scellé : à moi les finances, à toi les programmes. Le très discret Aprikian a très vite une idée : recréer sur TMC ce qu'il a fait sur D8, en transférant une émission et un animateur qui cartonnent ailleurs. D8 règne depuis deux ans sans partage sur la TNT, en partie grâce à lui. Les anciens dirigeants de TF1 ne voyaient pas le canal 10 comme levier de croissance, Aprikian y croit plus que tout. Le deal est signé dans le plus grand secret avec Barthès et son producteur juste avant l'été.
Pendant ce temps, toute la grille de Canal+ en clair, remaniée par les nouveaux hommes de Bolloré, est en état de mort clinique. L'access "Grand/Gros/Petit" s'effondre, les émissions en clair transférées sur C8 ont perdu une grande partie de leur audience. Seule rescapée, le "Canal Football Club", émission à laquelle la nouvelle direction n'a rien touché. Cela en dit long sur la stratégie des nouveaux dirigeants du canal 4.
Il y a un autre patron de TF1 qui jubile. Il n'est pas dans la tour de la Une mais attendait depuis longtemps ce moment. Martin Bouygues, qui a avalisé le transfert de Barthès sur TF1 et TMC, avait un coup à rendre à Bolloré. En 1998, son "ami" Vincent tentait, comme il l'a fait chez Vivendi, de prendre le contrôle de son groupe familial. Avant d'être expulsé in extremis. Martin Bouygues ne l'a jamais digéré. "Bolloré m'a pris pour un con. Mais je ne me suis pas laissé faire ! Vincent Bolloré s'est comporté comme un voyou. Il m'a roulé, trompé, humilié. Je n'oublierai jamais", expliquait-il à l'époque. Ara Aprikian non plus.
