Les femmes prennent la parole. Vendredi après-midi, Sandra Muller, journaliste à "La lettre de l'audiovisuel" poste un message sur son compte Twitter, appelant les femmes à raconter des harcèlements sexuels qu'elles auraient vécus au travail. "Toi aussi raconte en donnant le nom et les détails d'un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends", a-t-elle écrit, avec le hashtag "#BalanceTonPorc". Elle donne ensuite l'exemple en accusant un ancien patron d'Equidia, Eric Brion, qui lui aurait dit : "Tu as des gros seins. Tu es mon type de femmes. Je vais te faire jouir toute la nuit."
Le lendemain, de nombreuses femmes se sont emparées du hashtag pour témoigner des harcèlements et remarques sexistes dont elle ont été victimes dans le cadre de leur travail. Parmi elles, de nombreuses journalistes ont pris la parole. "Un red chef, grande radio, petit couloir, m'attrapant par la gorge : 'Un jour, je vais te baiser, que tu le veuilles ou non'", raconte Giulia Foïs, journaliste à Radio France. Ancienne chroniqueuse sur LCI et désormais visage de "William à midi" sur C8, Julia Molkhou note les propos d'un "animateur et producteur télé" à qui elle a refusé les avances : "Tu ne bosseras plus jamais petite pute ! Plus jamais tu m'entends ?!"
Elisabeth Philippe, journaliste littéraire à "L'Obs", rédige la remarque de l'un de ses confrères "dans une rédaction" : "Ah non, je vais pas te conduire là-bas. Si tu montes dans ma voiture, j'aurai envie de te violer !". "Il y a quelques années, après une séquence TV qui l'avait fait marrer, un chef : 'Et toi, on t'a déjà bifflée ?' En ricanant", ajoute Amandine Rebourg, journaliste à LCI. Rédactrice en chef du "Média" et ancienne journaliste à France 2, Aude Rossigneux dénonce aussi "un député RPR", "devenu ensuite ministre de Sakozy", qui l'aurait téléphonée "en pleine nuit" pour faire "des propositions salaces".
De jeunes journalistes racontent leur première expérience dans le métier, notamment lors de leurs stages. Anaïs Denet, désormais correspondante pour RMC et BFMTV "dans l'Ouest", témoigne de son premier stage de journalisme à Paris. "J'avais 18 ans. Le rédacteur en chef m'embrasse de force. Il venait être jeune papa", explique-t-elle. "Après des messages insistants et moultes 'arrête' (sic), un journaliste : 'Dans 2 ans, quand tu auras mûri, on couchera ensemble'", lance Angèle Chatelier, désormais journaliste culture à Oui FM.
De nombreux tweets continuent à être postés ce dimanche, avec un message particulièrement intriguant de Laurence Boccolini : "J'avais 20 ans dans les années 80. La radio = ma vie ! J'hésite à 'balancer' quoique ce soit. On aurait de quoi ouvrir une charcuterie." Le hashtag "BalanceTonPorc" est depuis une journée en "Top Tendance" et a dépassé les 5.000 utilisations dans la nuit de samedi à dimanche. Plusieurs hommes comme Kevin Razy et Mouloud Achour ont soutenu publiquement l'initiative de ces femmes sur Twitter.