"Il faut s'attendre à tout", résume-t-on dans les couloirs de Canal+. Comme à la suppression du "Petit Journal", l'une des rares émissions à afficher des scores d'audience honorables en clair depuis la mise au pas de la chaîne par Vincent Bolloré ? L'industriel breton aurait demandé à son producteur, Laurent Bon (Bangumi), de réduire la facture de sa quotidienne, croit savoir ce matin Le Canard. Le show coûterait trop cher à Canal+ qui veut réduire la facture et la voilure du clair la saison prochaine, quitte à en supprimer ses émissions emblématiques. "Le Petit Journal", pour sa cinquième saison en solo, réunit pourtant chaque soir entre 1,1 et 1,4 million de téléspectateurs, quand Maïtena Biraben juste avant fédère deux à trois fois moins de fidèles.
Depuis plusieurs semaines, Canal+ réfléchit à l'ossature de sa grille de rentrée. Bientôt amputée de ses émissions historiques ? "Le Grand Journal", "Le Supplément", "Les Guignols" ou "Groland" pourraient passer à la trappe, tandis que "Le Tube" ou "La Nouvelle Edition" trouveraient refuge sur D8. "Le clair, Bolloré s'en fiche. Il veut réinvestir dans les programmes premium. Il veut faire de Canal+ une paytv à l'américaine, comme HBO", commente une source à Canal interrogée par puremedias.com. Il rêve aussi de créer un Netflix européen, comme le prouve la prise de participation de Vivendi dans Mediaset en Italie.
Le clair a toujours été la vitrine de Canal+ pour vendre des abonnements, en chute libre depuis plusieurs mois notamment en raison de la perte de nombreux droits sportifs. A une époque, les recettes publicitaires du "Grand Journal" faisaient vivre toutes les tranches gratuites de la chaîne, midi et week-end. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, avec l'effondrement du prix des spots. "Mais sans émission en clair, Canal+ sort du radar médiatique, s'alarme un cadre de Canal+. Les animateurs qui incarnent la chaîne en assurent sa promotion".
Vincent Bolloré ne croit plus à cette stratégie pour recruter de nouveaux abonnés et réfléchirait même à une fiction en access pour draguer les futurs abonnés. Ou redonner la case à Michel Denisot, qui a récupéré in extremis une quotidienne à Cannes alors que la chaîne a décidé de déserter le 69e Festival ? Selon Le Canard, l'ex-animateur du "Grand Journal" grande époque travaille à la création d'une société de production avec un certain Stéphane Courbit, patron de Banijay... société dans laquelle Vivendi a pris une participation récemment.
Après la purge des hauts dirigeants de l'ancienne équipe, certains à Canal+ redoutent même un plan social d'envergure en juin, avec des producteurs priés de revoir à la baisse le prix de leurs émissions. En coulisses, les grandes manoeuvres ont déjà commencé. S'il est sacrifié par Bolloré, l'iconique "Petit Journal" pourrait-il migrer sur une autre chaîne ? TF1, France Télé et leurs nouvelles directions sont intéressées par ce format et son animateur, Yann Barthès, qui rajeuniraient leur public. Mais LPJ est un programme qui coûte cher à produire avec une fenêtre de diffusion fixe. Le mercato, qui a déjà commencé avec son lot d'infos et d'intox quotidiennes, s'annonce comme l'un des plus violents de ces dix dernières années.