Les ennuis s'accumulent pour la dixième saison de "Pekin Express"... En février dernier, les équipes ont été arrêtées par la police pendant quelques jours lors du tournage en Inde. Les autorités leur reprochaient l'utilisation de téléphones satellitaires sur une zone jugée sensible. Relâchée quelques jours plus tard, la majeure partie de l'équipe avait repris la route après avoir changé le tracé de la course. Assignés à résidence depuis février avec l'interdiction de quitter le territoire, les trois derniers membres de l'équipe de tournage encore retenus n'ont rejoint l'Europe qu'au début de cette semaine.
Plus grave pour M6, qui a enregistré un mois d'avril catastrophique en terme d'audience, le programme a calé au démarrage, réalisant le 16 avril dernier l'un des plus faibles démarrages depuis son lancement en 2006. Et l'audience a encore chuté en deuxième semaine.
Désormais, ce sont quelques marques partenaires qui ont lâché le programme. Vendredi 25 avril, cinq enseignes d'habillement*, dont le géant suédois H&M, ont demandé à ce que leurs logos soient retirés du site de l'émission. La raison ? Une mobilisation des internautes déplorant le choix de l'émission de traverser la Birmanie.
Lors du lancement de la saison 10, l'association humanitaire BarakaCity a dénoncé, avec le mot-dièse #contrepekinexpress2014, le fait que l'émission de télévision traverse le pays sans évoquer le sort réservé aux Rohingyas. Ce groupe ethnique musulman qui vit dans l'Etat d'Arakan, à l'est de la Birmanie, est victime d'attaques de la majorité bouddhiste. Les Rohingyas sont décrits par l'ONU comme la minorité la plus persécutée de la planète.
Les internautes ont alpagué directement sur Twitter ces marques, déjà fortement pointées du doigt lors de l'effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, il y a un an. Résultat : elles ont demandé le retrait de leur logo de la page internet du programme. Ces marques n'étaient pas des annonceurs au sens classique du terme mais des marques qui avaient prêté des vêtements pour l'émission, en échange de visibilité sur Internet.
Interrogé par le site internet de "Télérama", Fateh Kimouche, fondateur du site d'information Al-Kanz, a expliqué sa mobilisation. "Je ne supportais pas que M6 se transforme en office de tourisme de la junte. Je ne voulais pas spécialement que la chaîne supprime l'émission. Elle aurait pu diffuser un bandeau explicatif ou reprogrammer le reportage sur la situation des minorités birmanes, 'Birmanie: silence on tue !', qu'elle a passé en 2010 dans l'émission 66 Minutes", explique-t-il en indiquant partir désormais en guerre contre les annonceurs du programme, dont Mercurochrome qui sponsorise cette dixième saison*.
En début de semaine, M6 assumait au site StreetPress le côté "carte postale" de son programme. "Pékin Express n'a pas vocation à traiter du contexte géopolitique", avait alors expliqué la direction de la Six. "Pékin Express n'a jamais dit que la Birmanie était un pays libre dans lequel il fallait absolument aller", a confirmé hier un responsable de la chaîne à "Télérama". Certes, le jeu n'évoque pas le contexte politique, mais ce n'est pas sa vocation ! On peut penser ce que l'on veut de l'émission, mais les images sont plutôt bienveillantes pour les populations locales. Si l'on va par là, il ne fallait pas diffuser non plus les JO de Pékin ou de Sotchi..."
* Selon le site Al-Kanz, Mercurochrome a annulé un jeu concours organisé sur Internet.