Presse
"Society" blacklisté pour avoir refusé une réécriture par l'Elysée d'une interview de Macron
Publié le 18 avril 2018 à 15:11
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
Le patron du groupe So Press se confie ce mercredi dans "L'Opinion".
Emmanuel Macron Emmanuel Macron© Abaca
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Sur liste noire. Ce mercredi, Franck Annese, patron du groupe So Press, accorde une interview à "L'Opinion" afin d'évoquer le rôle de la presse dans l'éducation aux médias. Au cours de cet entretien, il confie avoir été blacklisté par l'Elysée après avoir refusé que l'entourage d'Emmanuel Macron ne réécrive l'une de ses interviews. Le journal n'est pas le premier organe de presse à faire état de ce type de méthodes. Début avril, "Les Echos" avait renoncé à publier un entretien avec la ministre des Transports, qui avait été trop réécrit par Matignon. Le quotidien régional "La Voix du Nord" avait fait un choix plus radical en annonçant en janvier 2018 la fin de la relecture des entretiens par les hommes et les femmes politiques.

"Je pense que c'est contre-productif pour tout le monde de réécrire les interviews"

"Je n'ai rien contre une relecture mais si l'interlocuteur veut réécrire, là, oui, j'ai un souci. Je me suis accroché avec le service de presse d'Emmanuel Macron qui voulait réécrire une interview donnée à 'Society' sur l'Afrique. Naïvement, j'ai pensé qu'il ne s'agissait que d'une relecture", démarre-t-il, avant de révéler : "Mais ils m'ont répondu cette phrase folle : 'Si tu crois que l'interview de trois heures parue dans 'Le Point' correspond aux trois heures d'entretien, tu te trompes'. Or ce n'est pas moi qui me trompe, mais 'Le Point'."

Il explique ensuite avoir publié l'entretien dans les colonnes de "Society" et que le service de presse du président de la République avait fait savoir que le magazine n'aurait "plus d'interview de Macron durant le quinquennat". "Tant pis même si, au fond, je crois qu'il arrivera un moment où il sera dans leur intérêt de communiquer dans un journal comme 'Society'. Je pense que c'est contre-productif pour tout le monde de réécrire les interviews", poursuit le patron de presse de 41 ans, ajoutant : "A chaque fois que nous sommes passés en force, les gens ne l'ont pas regretté. Ni François Fillon, ni la présidente de France Télés... ou en tout cas, ils ne me l'ont jamais dit."

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L'interview de Delphine Ernotte "n'était pas destinée à satisfaire la communication interne de France Télévisions"

En septembre 2017, Delphine Ernotte avait en effet pris la parole dans les colonnes de "Society", dézinguant "Touche pas à mon poste", Vincent Bolloré et David Pujadas, l'ancien présentateur du "20 Heures" de France 2. "En allant à ce rendez-vous, je m'attendais à voir une femme glaçante, relou et méchante. J'en suis ressorti en ayant rencontré une personne décomplexée, assez gentille et qui défend son point de vue", raconte Franck Annese, rappelant que son interview "n'était pas destinée à satisfaire la communication interne de France Télévisions ou à plaire au petit monde médiatico-politique."

"Alors, quand la directrice de la communication de France Télés m'appelle à 2h du matin pour me dire que Delphine Ernotte ne veut pas que nous publiions l'interview, je lui réponds que c'est mal me connaître que de croire que nous avons passé deux heures avec sa patronne pour rien", confie le créateur de "So Foot", estimant que "cet entretien ne l'a pas desservi, mais qu'il l'a rendue plus sympathique aux yeux de beaucoup de gens."

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