Chaque semaine, retrouvez "Médias le mag, l'interview", en partenariat avec France 5. Julien Bellver, co-rédacteur en chef de puremedias.com et chroniqueur dans "Médias le mag" le dimanche à 12h35 interroge une personnalité des médias toutes les semaines. Pour ce 20e numéro, Julien Bellver reçoit Amir, artiste révélé par "The Voice" sur TF1 et qui représentera la France à l'Eurovision en mai prochain à Stockholm.
Première question assez simple, pourquoi vous ? Pourquoi est-on venu vous chercher et pour quelles raisons avoir accepté ?
Il s'agit d'une chose qui a été guidée par le ciel ! Ca ne faisait pas partie de mes projets de lancement. Mais j'ai eu la chance de regarder Edoardo Grassi, qui est le nouveau chef de la délégation française à l'Eurovision. Il a décidé d'entreprendre et d'essayer de faire bouger les choses de manière positive pour la France.
Il vous a repéré sur Internet ? Sur les réseaux sociaux ?
C'est l'ami d'un ami, on se rencontre de manière complètement innocente, pas dans le cadre du travail. Il me parle de ce qu'il est en train de faire, il découvre que j'ai un album qui va sortir, que j'ai des chansons. Il veut les écouter, il les écoute, ça lui plaît...
Et la chaîne valide ce choix...
Absolument, il a choisi une chanson, m'a proposé, quand j'ai dit oui, il est allé voir Nathalie André, Vincent Meslet, Delphine Ernotte. Et quand ils ont validé, on a commencé à travailler...
Vous allez représenter la France avec le titre "J'ai cherché". C'est très efficace... A tel point que vous êtes l'un des favoris des bookmakers. C'est une bonne nouvelle ou vous craignez que cela vous porte le mauvais oeil ?
J'essaie de ne pas être trop supersitieux par rapport à ça. Et en même temps, je n'ai pas envie d'être serein parce que c'est ce que les gens pensent du titre. On a tout à prouver avec une prestation le 14 mai qui soit à la hauteur des attentes. Je me focalise sur le travail.
Vous avez démarré une véritable campagne, sur les réseaux sociaux, dans les médias, à la télévision. Vous allez absolument partout. Avoir une bonne chanson ne suffit pas ? Il faut aussi faire campagne comme pour les Oscars aux Etats-Unis ? C'est la première fois qu'on voit ça en France...
J'ai la chance d'avoir une très bonne équipe de promo, il y a des émissions qui m'invitent...
Vous allez à l'étranger aussi. Vous allez dans tous les pays qui vont voter, demain, à l'Eurovision...
C'est vrai. Mais ce n'est pas une question de campagne. Ce sont des concerts preview de l'Eurovision, où beaucoup de candidats viennent chanter. C'est génial parce que, comme je sors mon album, on a l'occasion de parler de tous mes projets. Cette exposition-là, ça ne fait que du bien à un artiste en lancement. Donc je suis ravi de passer par cette case !
On peut gagner l'Eurovision en 2016 en chantant en français ?
Je pense qu'on peut gagner l'Eurovision en chantant dans toutes les langues du monde, tant que la chanson est bonne et que ça plait.
Mais on dit depuis plusieurs années que chanter en français est un handicap... D'ailleurs, dans votre titre, vous avez rajouté des parties en anglais pour l'Eurovision !
On n'a pas rajouté de parties en anglais, mais on a ôté des parties en français, c'est vrai. Je vais vous dire quelque chose, avec un peu de recul, le fait d'avoir eu cette chanson en anglais et en français, c'est parce qu'elle a été écrite comme ça depuis le premier jour. C'est incontestable, c'est comme ça que j'ai voulu qu'elle soit dès le départ et elle a été amenée comme ça...
Elle n'a pas été écrite pour l'Eurovision.
Non, elle n'a pas été écrite pour l'Eurovision. Mais c'est une première qu'un titre avec un refrain en anglais représente la France à l'Eurovision, et de ce que je peux voir aujourd'hui dans les charts et en radio, ça a permis à des gens dans toute l'Europe d'écouter la chanson parce qu'ils reconnaissent un refrain en anglais qu'ils sont capables de chanter, mais en même temps, ils écoutent du français.
Vous avez été aussi choisi pour votre physique ?
Bonne question ! Moi, on ne m'a pas dit ça... J'espère que non ! J'espère qu'on se focalise sur le principal !
Si je vous pose cette question c'est parce que l'année dernière, Nathalie André a dit : "Ma connerie est d'y être allée avec une voix plutôt que d'y être allée avec Enrique Iglesias"...
Je connais cette citation... Il est très beau, Enrique Iglesias ! Mais je pense que c'est aussi un très bon chanteur !
Mais le physique, ça compte ?
Ca compte certainement ! Mais je passe plus de temps à travailler ma voix et ma prestation sur scène qu'à soigner mes cheveux ou mon maquillage...
Vous allez proposer un vrai show avec des danseurs, une tenue dingue ?
C'est sûr qu'on essaie de faire une prestation des plus spectaculaires. C'est une très, très grande scène et on va faire au mieux pour l'habiller et pour impressionner tous les pays d'Europe.
Avec des danseurs ?
Je ne peux pas en parler... C'est vraiment très secret ! Après, vous m'avez demandé s'il allait y avoir quelque chose d'un peu fou sur scène... C'était la couleur de l'Eurovision jusqu'à il y a cinq-six ans. Aujourd'hui, c'est un concours de pop très soigné, très carré, avec des chansons que tout le monde pourrait écouter en radio dans tous les pays d'Europe. La plupart sont en anglais, et très modernes. Ca commence à se ressembler de plus en plus, les pays amènent tous plus ou moins un produit semblable. C'est beaucoup moins dans le côté cirque, c'est pourquoi je suis très fier d'y participer.
Les concours, vous avez l'habitude, vous avez participé à "The Voice". C'était plus ou moins de pression ?
C'était très différent. A l'époque, je venais pour défendre Amir et sa musique et sa personne. Aujourd'hui, j'ai la responsabilité d'avoir tout le drapeau français derrière moi, et l'enjeu est plus important. Je l'avoue, c'est beaucoup moins égoïste de venir chanter pour l'Eurovision. J'espère que j'arriverai à rendre toutes ces personnes-là fières. C'est mon but, de revenir et de les voir heureux et la tête haute de ce qui a pu arriver sur scène le 14 mai.
On dit souvent que les votes sont très politiques. Est-ce que selon vous, l'actualité dramatique qui a touché la France ces derniers mois avec les attentats pourrait jouer en votre faveur ? Qu'un élan de solidarité s'est créé ?
Je ne sais pas si ça va jouer directement. D'ailleurs, Lisa Angell a chanté juste après "Charlie Hebdo", ça aurait pu créer un enougement et elle est arrivée presque dernière. Je pense que les gens jugent au-delà de ça. Mais ce qui est sûr, c'est que toute l'Europe se sent concernée. Le fait d'avoir un Eurovision cette année où, très souvent, dans les rencontres avec les autres délégations et les interviews, on parle du fait qu'on a envie de chanter pour la vie, chanter pour l'amour, montrer ce qu'est la vraie Europe, montrer que la musique n'a pas de frontière et que tout le monde s'aime... Je pense que l'Eurovision représente un pied de nez à toutes ces choses qu'on a pu subir.
Vous êtes franco- israélien, vous comptez sur les voix d'Israël ?
Totalement, absolument !
C'est pour ça que vous êtes allé chanter là-bas, pour sensibiliser le public israëlien à votre candidature ?
On peut dire ça comme ça, mais il y avait 19 autres candidats qui sont venus chanter avec moi à Tel Aviv. Mais on peut dire que les gens là-bas se sentent plus proches de moi parce qu'on a beaucoup plus de points communs. Et je compte sur eux, je serai déçu si je n'ai pas leurs votes !