Les Français s'unissent après l'attentat survenu mercredi matin au siège de "Charlie Hebdo", et qui a fait douze morts - dont les dessinateurs Charb, Cabu, Wolinski, Tignous et Honoré ainsi que le journaliste Bernard Maris - et plusieurs blessés. En fin d'après-midi, au moins une centaine de milliers de personnes se sont ainsi réunies sur diverses places dans toutes les grandes villes de France. Les radios généralistes ont, à l'image des chaînes d'information en continu, déprogrammé toute leur grille pour n'évoquer que le drame.
Sur RTL, Marc-Olivier Fogiel a ainsi pris l'antenne dès le début d'après-midi, rejoint entre autres au cours de la journée par Laurent Ruquier, Jean-Jacques Peroni ou encore Pierre Bénichou. A 19h30, le journaliste a reçu à l'antenne ses invités habituels d'"On refait le monde" : Laurence Parisot, Rokhaya Diallo, Ivan Rioufol ou encore Xavier Couture. Et au milieu des réactions très émues de tous les chroniqueurs, Ivan Rioufol a commencé par saluer l'appel à la manifestation avant de s'interroger sur un communautarisme auquel aurait participé la gauche.
"Je pense, malgré tout, qu'il est possible, encore aujourd'hui sous le coup de la colère - parce que moi aussi, j'ai de la colère et de la tristesse - de faire le procès de ce communautarisme qui s'est développé dans l'aveuglement très général, en l'occurrence de la gauche qui l'a parrainé. Et je pense qu'il est temps aujourd'hui de se rendre compte de ces mensonges successifs, de ces mensonges d'Etat qui ont encore été corroborés lundi par François Hollande en disant que tout allait bien. Eh bien non, tout ne va pas bien du tout même" a-t-il lancé, dénonçant "une contre-société qui a émergé" et que la gauche aurait mis trop de temps à découvrir.
"La gauche appelle aujourd'hui à manifester, c'est très bien et j'irai aussi manifester. Il faudrait également et urgemment que manifestent aujourd'hui les Français musulmans qui, évidemment, ne se reconnaissent pas dans cet attentat terroriste, sinon on va craindre effectivement les amalgames" a conclu dans un premier temps Ivan Rioufol. Des propos qui ont fait bondir Laurence Parisot, jugeant que le journaliste exagérait, notamment sur les musulmans. "Vous laissez entendre qu'ils adhèreraient à cette folie terroriste" a ainsi noté Laurence Parisot.
"Non, je ne dis pas cela, au contraire. Je les somme presque aujourd'hui de bien nous faire comprendre qu'ils n'adhèrent pas" s'est défendu Ivan Rioufol. Dans le studio, cette réponse a fait vivement réagir. Musulmane, Rokhaya Diallo s'est ainsi sentie insultée. "Quand j'entends dire qu'on somme les musulmans de se désolidariser d'un acte qui n'a rien d'humain, oui, effectivement, je me sens visée. J'ai le sentiment que toute ma famille et tous mes amis musulmans sont mis sur le banc des accusés" a-t-elle ainsi répondu. "Parce que vous ne comptez pas vous désolidariser ?" s'est alors indigné Ivan Rioufol. "Non mais vous pensez vraiment que je suis solidaire ? Est-ce que vous osez me dire, ici, que je suis solidaire ? Vous avez vraiment besoin que je verbalise ? Donc, moi, je suis la seule autour de la table à devoir dire que je n'ai rien à voir avec ça" a répondu, "extrêmement choquée", Rokhaya Diallo.
S'immisçant dans le débat, Laurence Parisot a alors noté que Ivan Rioufol s'exprimait en tant que citoyen, et non en tant que catholique, et a souligné que Rokhaya Diallo ne devait, par conséquent, pas parler en tant que musulmane mais bien en tant que citoyenne. Pour se défendre, Ivan Rioufol a assuré s'être désolidarisé de l'Inquisition et du goulag. Espérant retrouver le calme, Rokhaya Diallo a affirmé que de nombreux appels des musulmans à refuser l'amalgame ont eu lieu dans la journée de mercredi.
"Ca, ce sont des paroles. Moi, je voudrais les voir, qu'ils descendent dans la rue" a tenté de se défendre Ivan Rioufol, niant "mettre de l'huile sur le feu". Xavier Couture, pour sa part, a pris la défense de Rokhaya Diallo. "Je suis atterré qu'on soit déjà dans un processus d'opposition dans un sujet où on n'a même pas le nom des coupables. (...) Mais Monsieur Rioufol, l'immense majorité de la communauté musulmane est exactement comme nous : elle est en résistance" s'est indigné l'ex-patron de TF1. "Je ne veux pas qu'on déforme ce que je suis en train de dire" s'est défendu Ivan Rioufol, assurant vouloir appeler à une unité de toutes les religions, bien que, pour lui, l'opinion publique fasse elle-même l'amalgame. "Ne leur suggérez pas, Ivan. Taisez-vous. Vous êtes le moteur, vous êtes l'essence... Allez-y, allez-y, renversez des bidons, continuez !" s'est agacé Xavier Couture.
Mais si l'incident semblait clos, Marc-Olivier Fogiel a pris la parole quelques instants plus tard, expliquant que Rokhaya Diallo était en larmes. "Le minimum, c'est de le signaler. Et de signaler que ce sont vos propos, ce soir, qui ont déclenché ces larmes" a noté l'animateur, face à "la colère" d'Ivan Rioufol, demandant de penser d'abord aux familles avant d'édulcorer ses propos, reconnaissant que "ce n'était peut-être pas le moment" et qu'il fallait combattre "l'islam radical". Lassé, Xavier Couture a alors pris la parole. "Est-ce que, dans votre immense sagesse, vous pourriez me dire ce qu'est l'islam radical et (...) de manière chiffrée, ce que vous pensez être l'islam radical dans la communauté musulmane française ?" a-t-il demandé à son interlocuteur, qui a alors reconnu "n'en savoir rien". "Alors si vous n'en savez rien, taisez-vous" a immédiatement interrompu Xavier Couture avant que le débat ne s'apaise avec David Koubbi.