L'ex-chroniqueuse du "Grand 8" rebondit aux manettes d'une nouvelle émission. Demain, Audrey Pulvar animera à 11h le magazine "Pop Up" sur C8, produit par la société de production Capa. Toutes les semaines, la journaliste reviendra sur l'actualité culturelle qui a marqué les sept derniers jours. A cette occasion, puremedias.com a rencontré la présentatrice du groupe Canal+.
Des propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Vous serez aux manettes demain de "Pop Up", qu'est-ce qu'il y aura de plus dans cette émission par rapport aux autres programmes de culture ?
Audrey Pulvar : Je ne sais pas s'il y aura quelque chose de plus. Mais on essaie de faire un programme différent, un peu plus ludique, un peu plus joyeux. C'est vraiment une émission de partage de nos coups de coeur, de nos émotions par rapport à des événements culturels. On a envie de partager ces émotions avec le public.
Dans la bande-annonce, vous dîtes vouloir "parler de culture sans se prendre au sérieux", ça signifie quoi ?
Il ne s'agit pas de faire une émission où on a la prétention de délivrer une parole restrictive, on n'est pas du tout dans cette démarche. On est là pour parler de choses sérieuses, sans pour autant se prendre au sérieux, dans le sens où je ne suis pas là pour éduquer la population et les téléspectateurs. Je suis juste là pour leur faire partager des interrogations et essayer de discuter. Moi j'ai vraiment envie que cette émission soit une émission d'échanges avec les téléspectateurs, avec tous ceux qui nous suivent sur les réseaux sociaux, que ce ne soit pas un cours magistral.
Pourquoi avoir choisi le nom d'émission "Pop Up" et pas un nom français ?
Ce n'est pas du tout "pop up", la fenêtre surgissante sur nos écrans de téléphone et d'ordinateur, même si évidemment on vit dans notre temps. On sait que ce titre va faire penser à ça. Mais c'est plutôt "Pop Up" comme les livres pour enfant en relief, auxquels il n'y a pas d'équivalent en français. On a voulu rendre cette idée d'émission dont on découvre les reliefs, avec émerveillement. Evidemment, c'est une émission qui parle de culture pop, c'est un petit jeu de mots.
Vous ouvrez votre premier numéro sur Pikachu, héros populaire chez les jeunes, moins chez un public âgé. Pourquoi ce choix ?
Ce sera l'occasion pour ceux qui sont moins familiers de l'univers de Pikachu de comprendre pourquoi leurs enfants et leurs petits-enfants sont tellement accros à lui. Ceci dit, Pikachu, ça fait vingt ans quand même qu'il est dans le paysage. Donc ce personnage commence à être reconnu dans l'inconscient collectif, d'ailleurs c'est ça que l'on a choisi pour "l'icône de la semaine". C'est une émission qui est programmée à 11h du matin le samedi, qui s'adresse à un public très large. On veut en faire une émission qui sera regardée à la fois par les grands-parents, les personnes âgées et à la fois par leurs petits-enfants, des ados. Les sujets sont très grand public : bandes dessinées, super-héros, jeux vidéo. On va aussi parler de Magritte, de Beethoven, Alejandro Jodorowsky. "Pop Up" dure 41 minutes, le temps d'un épisode de série télé. On veut être très moderne, en résonance avec notre temps et la façon dont aujourd'hui le grand public s'intéresse à la culture, c'est-à-dire de façon plus éclectique. J'espère y contribuer avec cette émission de façon décomplexée.
Vous parlez aussi de comics avec Frédéric Michalak. C'est un univers que vous avez découvert ?
Je ne les connais pas tous. Lui, il était passionné par les X-Men, moi je ne connais pas tous ces héros. Mais l'univers des super-héros, bien sûr que je le connais. J'ai été jeune, j'ai eu des bande-dessinées, j'ai lu des comic books, j'ai regardé Spider-Man et Superman à la télévision. C'est un univers qui m'est familier.
Depuis combien de temps vous vouliez faire une émission culturelle ?
Ca fait plusieurs années que régulièrement je propose des projets, je vois des patrons de chaînes. J'en parle. Cette année, je suis ravie d'en faire une avec Capa, c'est une société de production avec laquelle je voulais travailler depuis des années. Surtout, je suis contente de faire une émission qui correspond vraiment à quelque chose, où l'on ne se prend pas la tête. Je ne pense pas que le grand public sera hermétique à la culture, au contraire, on le voit avec l'augmentation des fréquentations des musées, le succès de certaines expositions, de certains films, de certains livres. La culture est quelque chose de très large.
Comment avez-vous convaincu C8 ?
Au départ, c'était un projet que j'avais avec Canal+. C'était un petit peu différent. Comme Canal a décidé de passer plusieurs émissions en clair sur C8, j'en suis ravie, car on va rencontrer un public encore plus large. Je n'ai pas eu trop de difficultés à convaincre C8, parce que c'est une volonté de la chaîne de diversifier son offre, être moins Hanouna-dépendante. Cyril est l'incarnation la plus forte de la chaîne. Avec l'arrivée de toutes les émissions en clair, que ce soit "La Nouvelle Edition" de Daphné Bürki, la nouvelle émission "Punchline" de Laurence Ferrari ou "Salut les Terriens" de Thierry Ardisson, c'est une chaîne généraliste qui a une offre très diversifiée. Il y a une émission sur les animaux, sur l'automobile, sur le climat, des documentaires de Guy Lagache. Il manquait ce créneau de l'émission culturelle, qu'on essaie de traiter de façon différente, sans avoir la prétention de ré-inventer la télé.
La case du samedi que vous reprenez se situe entre 150.000 et 250.000 téléspectateurs, et entre 3 et 5% du public. Quel est votre objectif d'audience ?
L'objectif serait de faire aussi bien. Ce n'était pas si mal, le samedi à 11h sur une chaîne de la TNT de faire ce résultat-là. Faire au moins la même audience, au moins la même part de marché, et puis évidemment gagner plus de téléspectateurs. Je pense que cette émission sera beaucoup téléchargée, en entier ou par séquences. Ce sera beaucoup partagé sur les réseaux sociaux, ça c'est une audience qui est très importante pour nous. Par ailleurs, je ne me fixe pas d'objectif chiffré pour l'instant.
La rentrée des émissions culturelles a été assez compliquée. France 2 a lancé "Stupéfiant !" avec Léa Salamé et l'émission en seconde partie de soirée a été suivie mercredi dernier par 615.00 téléspectateurs, soit 5,5% de parts de marché. Qu'avez-vous pensé de ce programme ?
Je n'en ai vu que des petits bouts. Je n'ai pas eu le temps de m'asseoir et de regarder l'émission dans son intégralité. Je pense que c'est une émission de très grande qualité, comme l'émission de Nicolas Demorand sur France 3. Ce sont des émissions qui ont du mal à rencontrer leur public, non pas parce qu'elles ne sont pas de bonne qualité, mais peut-être parce qu'il y a une difficulté à convaincre le grand public de suivre ces programmes. Nous, c'est un choix audacieux de proposer une émission de culture à un horaire auquel on ne s'attend pas du tout. Ca fait 30 ans qu'on programme des émissions culturelles en deuxième partie de soirée le vendredi soir à 22h50. On fait un pari, avec C8, avec Capa. Il faut être ambitieux dans la vie.
Comme Léa Salamé, vous avez été chroniqueuse à "On n'est pas couché". Quel oeil avez-vous sur le nouveau duo formé par Yann Moix et Vanessa Burggraf ?
Je ne regarde pas l'émission. Je regarde très peu la télévision. Franchement, le samedi soir, je travaille tout le temps. J'ai deux émissions hebdomadaires, je suis tout le temps soit en tournage, soit en montage, soit en calage d'émissions, soit en train de lire des livres. Le samedi soir, j'essaie de vivre un peu, voir des gens, de sortir, d'aller au théâtre, de dîner avec des copains. Je n'ai pas le réflexe de regarder la télévision. Je n'ai pas du tout regardé cette année, je ne dis pas ça pour me défiler. Déjà Léa, elle a passé deux ans dans "On n'est pas couché", je n'avais quasiment jamais regardé l'émission. Moi, ce que je sais, c'est que Vanessa Burggraf est une bonne journaliste. C'est une fille que j'aime beaucoup, avec laquelle j'ai travaillé il y a une quinzaine d'années à TV5 Monde. Je la voyais sur France 24 de temps en temps, c'est une bonne intervieweuse.
Dimanche dernier, M6 diffusait sa nouvelle émission politique "Ambition Intime", dans laquelle étaient passés Arnaud Montebourg, Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire et Marine Le Pen. Malgré son succès d'audience, le programme a été énormément critiqué par les journalistes politiques. Et vous, qu'en avez-vous pensé ?
Ce n'est pas une émission politique, mais une très bonne émission de divertissement. Elle est très flatteuse pour les candidats, hommes et femmes politiques, qui vont se succéder dans cette émission. Il n'y a rien de politique. Il n'y a pas une seule question politique. Karine Le Marchand n'est pas journaliste. Mais c'est très bien fait, elle marche bien. Tant mieux pour elle et pour M6.
Mardi dernier, la rédaction d'iTELE a voté une motion de défiance à 92% contre la direction en raison de l'arrivée de Jean-Marc Morandini. Hier matin, vous avez annoncé sur Europe 1 avoir voté lors de cette motion, sans préciser votre voix. Quelle est votre position dans cette crise ?
L'arrivée de Jean-Marc Morandini crée le trouble et de l'incertitude au sein de la rédaction. Ca crée des troubles aussi au sein du public. Il y a un principe qui n'est remis en cause par personne, ni par la SDJ, ni par l'ensemble du personnel d'iTELE, ni par la direction, ni par moi-même, c'est celui de la présomption d'innocence de Jean-Marc Morandini. Il est, jusqu'à preuve du contraire, innocent des faits qui lui sont reprochés. Ce sera à la justice d'expliquer ça. Maintenant, je comprends que son arrivée provoque de l'émoi.
Mais est-ce que vous comprenez le choix de la chaîne de le mettre à l'antenne ?
Je n'ai pas à comprendre ou à ne pas comprendre. Il y a une décision qui a été prise par la direction d'iTELE. Encore une fois, je comprends cette inquiétude de la part des journalistes d'iTELE.