Faut-il passer à autre chose, laisser Bertrand Cantat continuer sa vie - et sa promo - maintenant qu'il a purgé sa peine ? Ou est-il insupportable de voir le meurtrier de Marie Trintignant parler de sa vie et son oeuvre alors qu'il prépare la sortie de son premier album solo ? La question ne date pas d'hier, et s'est reposée cette semaine suite à la décision des "Inrocks" d'offrir leur Une à l'ancien leader du groupe Noir Désir.
De nombreuses voix se sont élevées hier contre cette Une, de Mathieu Kassovitz à Marlène Schiappa, et ce matin, Raphaël Enthoven leur a emboîté le pas dans sa chronique "Le fin mot de l'info" au coeur de la matinale de Patrick Cohen sur Europe 1. Très virulent, le philosophe a ironisé sur cet article et cette couverture. "Les coups, c'est cool, c'est rock'n'roll. Et l'entretien est passionnant", a commencé le chroniqueur, qui a hésité entre "meurtrier" et "assassin" pour qualifier Bertrand Cantat.
"Il est sensible, Cantat, mais moins que celle dont il a défoncé le crâne à coups de poing", a-t-il poursuivi, avant d'interroger Patrick Cohen. "Savez-vous qu'il n'arrive plus à écouter Nick Cave depuis qu'il a tué sa femme ? C'est trop violent pour lui. D'ailleurs, depuis sa tombe, Marie Trintignant ne l'écoute pas non plus". Une attaque qui a poussé l'anchorman de la matinale à lui demander de dire une fois pour toute qu'il était bien opposé à cette Une.
"Pour être tout à fait honnête, je trouve que c'est un peu tôt pour prendre la parole. Tant que Marie Trintignant sera morte, tant qu'elle sera six pieds sous terre parce que son amant lui a ouvert le crâne avec ses poings, il me semble que Bertrand Cantat devrait garder pour lui les détails et les petits plaisirs que la vie lui réserve", a alors répondu Raphaël Enthoven, avant de s'en prendre au magazine en question.
"Cantat n'est pas le problème, c'est le produit. Le problème, c'est le fait de croire qu'on dérange quand on choque. Le problème, c'est que les rédacteurs d'un magazine putassier qui met un meurtrier en couverture pour doper ses petites ventes tiennent pour des censeurs les gens qui osent s'en indigner", a-t-il attaqué, affirmant que les "Inrocks" lui donnait "la nausée". "Ce n'est pas la morale qui les condamne, ces gens-là, ce sont les tripes. Ces gens-là n'ont pas heurté les convictions d'un vivant, ils ont craché sur une morte", a-t-il conclu, accusant les Inrocks d'avoir "blanchi son meurtre". puremedias.com vous propose de découvrir cette séquence.