Le ciel est toujours nuageux au-dessus de Canal+, mais le groupe aperçoit une embellie. Selon les résultats du premier semestre 2018 publiés par la maison-mère Vivendi, le nombre d'abonnés directs s'établit à 4,792 millions au 30 juin, contre 4,989 millions il y a un an à la même date, ce qui représente une baisse de 197.000 abonnés.
Un signal préoccupant, que Vivendi n'interprète pas de la même manière, bien au contraire. " La France métropolitaine poursuit son redressement", indique le géant du divertissement, qui souligne la progression du nombre d'abonnés via des opérateurs télécoms dont le nombre est désormais de 3,130 millions au 30 juin, contre 2,995 millions il y a un an, soit une progression de 135.000 abonnés. De même, le groupe constate une baisse des résiliations de 19 % au premier semestre 2018 par rapport au premier semestre 2017. Le groupe propose depuis la fin 2016 des abonnements modulables.
Si le chiffre d'affaires de Canal+ est en léger recul en France, les résultats à l'international permettent au groupe de garder le sourire avec un chiffre d'affaires de 2,575 milliards d'euros au premier semestre (+0,8% en un an) et 16 millions d'abonnés au total, en comptant la France et l'international contre 14,6 millions à la fin juin de l'année dernière. Le nombre d'abonnés en Afrique connaît une progression fulgurante, passant de 2,713 millions à 3,775 millions d'abonnés en un an. Ces chiffres prennent en compte à la fois les contrats chez les opérateurs télécoms et les abonnements collectifs d'entreprises.
Interrogé dans "Le Figaro" ce mardi matin, Maxime Saada, président du directoire de Canal+, souligne que son groupe a fait "le meilleur trimestre et semestre de son histoire" à l'international. Pour lui, ces résultats "valident (leur) action depuis trois ans". Il regrette de constater que que "sur la chaîne Canal+ en France, il y a une grosse campagne de désinformation", notamment sur le nombre d'abonnés. "Nous gagnons des abonnés, ce qui n'est pas arrivé depuis dix ans", observe-t-il.
Fort de ces résultats, le dirigeant s'estime suffisamment armé pour affronter de futurs défis de taille : la bataille des contenus qui l'oppose à son principal concurrent Netflix et la perte droits de la Ligue 1 à partir de 2020. Sur ce dernier point, le dirigeant estime que "les abonnés qui ne consomment que la L1, ça n'existe pas. Notre modèle généraliste est coûteux mais protecteur". Il n'exclut pas de distribuer à terme la future chaîne de télévision que créera Médiapro, le groupe espagnol qui a acquis les principaux lots lors du dernier appel d'offres.
Concernant le géant américain de la vidéo à la demande, Maxime Saada assure qu'avec un investissement de 3,2 milliards d'euros dans les programmes sur 30 pays, Canal+ n'a pas à rougir face à l'enveloppe de 6,8 milliards d'euros prévue par Netflix en 2018 (8 milliards de dollars) sur 190 pays. "Nous avons les moyens de jouer le rôle du champion mondial de l'exception culturelle là où les autres acteurs audiovisuels français sont concentrés uniquement sur la France", insiste le patron.