Edito. Les errements de France 2 sont-ils de retour ? Entre le "fromage et le dessert", France Télévisions a annoncé aujourd'hui le départ précipité du patron de la chaîne, Vincent Meslet. Il quitte le navire amiral du service public sur un échec indéniable, celui des après-midis de France 2, un mois seulement après le début de sa première véritable saison. Motif officiel : "des divergences sur la stratégie".
Avec cette décision, prévisible mais brutale, Delphine Ernotte signe un triple reniement. Elle revient tout d'abord sur des propos tenus il y a seulement trois semaines devant un parterre de journalistes médias à qui elle avait réaffirmé son plein soutien à Vincent Meslet. "Cela fait des années que cette case est compliquée, on a fait le pari de tout changer, radicalement. Cela ne démarre pas fort, oui, mais il faut leur laisser le temps", martelait-elle par exemple à propos des débuts difficiles d'"AcTualiTy". Et d'ajouter : "On ne s'est pas dit, au bout d'une semaine, si cela ne marche pas, on vire tout le monde !". Une phrase qui prend une autre tonalité aujourd'hui...
Devant ces mêmes journalistes qui l'interrogeaient sur le manque à gagner publicitaire, Delphine Ernotte s'était montrée rassurante. "Ce n'est pas la pub qui gouverne !", avait-elle balayé, avant d'être visiblement rattrapée par le principe de réalité. Il est vrai que les après-midis et l'access sont les seuls carrefours d'audience où France 2 peut et doit remplir ses caisses. La régie publicitaire du groupe avait d'ailleurs peu goûté la sortie publique de la présidente de France télé sur ce sujet.
Avec l'éviction de Vincent Meslet, la direction du service public renie aussi la communication déployée après la révélation de ses piètres performances d'audience en septembre, son pire mois historique. L'état-major de France Télévisions avait alors laissé Vincent Meslet déminer le sujet des après-midis dans la presse. "Le calendrier ne changera pas. On a fait quelques ajustements en octobre et on attendra le mois de novembre pour faire un premier bilan", assurait de nouveau dans Le Parisien l'ex-cadre d'Arte, vingt-quatre heures avant de devoir plier bagages. Cette accélération des évènements est d'autant plus surprenante que la direction de France Télé n'a pour l'instant pas décidé de mettre un terme aux émissions les plus faibles de la grille. Mais l'éviction de Meslet devrait accélérer le fameux "calendrier".
Surtout, le départ du patron de France 2 marque un retour de Delphine Ernotte sur les grandes ambitions qu'elle affichait devant le CSA en 2015. Dénonçant alors avec véhémence la "tyrannie du 4 ans et plus" (l'audience globale, ndlr), la future présidente de France Télévisions exhortait France 2 à "retrouver de l'audace et à prendre des risques". Des risques, oui, mais pas trop longtemps...
Promoteur de fictions à la fois populaires et audacieuses sur Arte ("Borgen", "Top of The Lake" ou "P'tit Quinquin") mais aussi France 3 ("Plus belle la vie"), Vincent Meslet devait incarner cette rupture et a mis à l'antenne ce qu'il savait faire : de beaux programmes qui ne s'adressent peut-être pas à un public aussi large que celui visé par France 2.
C'est désormais Caroline Got, directrice de la stratégie et ancienne patronne des très pragmatiques TMC et NT1 qui lui succède provisoirement. Elle devient ainsi le deuxième visage de France 2 de l'ère Delphine Ernotte, le septième en six ans pour la chaîne publique. En attendant le huitième...