Cela sentait le neuf, ce matin, au troisième étage de France Télévisions. Le groupe avait réuni quelques journalistes pour présenter les studios de la nouvelle chaîne publique d'information, qui sera lancée le 1er septembre prochain. Du bois, des écrans géants, des caméras nichées dans les recoins du plafond, un plateau ouvert vers l'extérieur, des ordinateurs... Cette newsroom sera le poumon de "franceinfo:", la nouvelle chaîne commune à France Télévisions, Radio France, France 24 et l'INA.
Une offre globale (radio, tv, web) qui emprunte son nom à l'antenne tout-infos de Radio France, malgré les nombreuses résistances internes ces derniers mois. Un logo a été présenté par l'état-major de cette super-production publique : la marque en un seul mot, accolée à deux points qui marquent la nouvelle identité graphique de l'ensemble. L'habillage sonore a été confié au compositeur Jean-Michel Jarre... Woodkid devait être en vacances. Cette nouvelle identité annule et remplace les anciennes, France Info la radio perdra donc son logo carré jaune et noir à la rentrée !
Le web sera "le centre de gravité" selon Michel Field, où franceinfo.fr et francetvinfo.fr fusionneront à la rentrée. Mais l'url www.francetvinfo.fr survivra pour ne pas fâcher Google, qui assure l'essentiel du trafic. franceinfo: entend se démarquer dès son lancement des chaînes infos traditionnelles, comme BFMTV et iTELE. "On va éviter systématiquement les boucles d'informations, un journaliste qui traite un événement pendant des heures, c'est ce qu'on va proscrire, a assuré Delphine Ernotte, présidente du groupe. On préfère louper un scoop que raconter n'importe quoi". franceinfo: entend créer de nombreux modules pédagogiques, avec des infographies et des formats courts facilement partageables sur le mobile. L'INA , avec son stock considérable d'archives, sera un fournisseur privilégié. Plusieurs formats data verront le jour, grâce aux millions de métadonnées liées aux archives.
Quand l'actu l'imposera, chaque antenne sera capable de breaker. France 24 assurera les directs si elle dispose d'une équipe sur place. En France, un journaliste de France 3 ou France Info la radio prendra l'antenne s'il est mieux renseigné ou positionné. "Il est possible qu'une spéciale continue à la radio et s'interrompe à la télévision", a expliqué Laurent Guimier, patron de France Info. L'objectif est aussi "de garder l'indépendance de chaque antenne". franceinfo: produira ses propres reportages mais puisera aussi dans les images tournées par toutes les équipes de France Télévisions pour les éditions nationales. France Info (la radio) fournira un rappel des titres de 1'30 toutes les dix minutes sur France Info (la télé) et co-produira grâce à un studio installé à Radio France l'interview politique quotidienne, entre 8h30 et 9h. La radio publique déclinera aussi son rendez-vous "Les Informés" ou encore un talk sur le sport chaque soir.
Germain Dagognet, numéro deux de l'info du groupe public, a promis des "conférences de rédaction en direct" entre les différents partenaires pour expliquer aux téléspectateurs les choix éditoriaux de cette nouvelle chaîne. Une équipe dédiée de 176 personnes (techniciens et journalistes) a été créée pour ce projet, composée à 50% de recrutements extérieurs. Coût supplémentaire pour France Télévisions, 15 millions d'euros et pour Radio France, 3,5 millions d'euros. Le montant des synergies entre toutes les structures publiques n'a pas été évalué.
Les patrons de l'audiovisuel public n'ont pas fixé d'objectif d'audience, rappelant qu'il n'y aura pas de publicité sur l'antenne TNT. Mais ce sera un bon moyen de vérifier si le public adhère à cette nouvelle offre très ambitieuse. franceinfo: pour s'imposer devra faire mieux que LCI (0,3% de PDA) et aussi bien que iTELE (1%). Mais le pari est ailleurs : avec ce projet titanesque commun, France Télévisions, Radio France, l'INA et France 24 sont condamnés à se parler et surtout à s'entendre. Rendez-vous le 1er septembre, à 18 heures, sur le canal 27 de la TNT.