Week-end difficile pour les reporters de BFMTV. A l'occasion du suivi des actions des Gilets jaunes à travers toute la France, plusieurs journalistes de la chaîne d'information ont dû faire face à l'hostilité, voire à la violence, de certains manifestants. Dès 9h38 samedi 17 novembre, 1er jour de la mobilisation, le duplex de Jean-Wilfrid Forquès a ainsi été perturbé par un activiste qui s'est mis derrière le journaliste quelques secondes en arborant un tee-shirt détournant le logo et le slogan de BFMTV. "BFMTG ('ta gueule', ndlr)- Fake 24/7", pouvait-on lire sur le poitrail de cet homme.
Plus généralement, les mots d'oiseaux ont régulièrement fusé pendant les duplex des reporters de la chaîne d'information, de "BFM, on t'encule" à "BFM ta gueule". Sur la vidéo ci-dessous, on peut par exemple entendre un manifestant dire de BFM qu'il s'agit "d'experts de merde".
A 20h ce même samedi 17 novembre, une attaque plus violente a visé Raphaël Maillochon, reporter pour BFM Paris travaillant ce jour-là pour BFMTV. Présent sur les Champs-Elysée pour couvrir la manifestation des Gilets jaunes, le reporter a vu son duplex brusquement interrompu par un homme qui lui a violemment écrasé un oeuf sur la tête, comme on le voit sur la vidéo ci-dessous. Deux heures plus tard, le journaliste de BFMTV a posté un message rassurant sur Twitter.
Jointe aujourd'hui par puremedias.com, Céline Pigalle, patronne de la rédaction de BFMTV, "condamne ces violences". Elle révèle aussi à puremedias.com qu'une de ses équipes travaillant à Bordeaux a été prise pour cible ce matin par des jets de projectiles (pierres et canettes), sans être touchée par ces derniers. L'équipe a cependant été contrainte de quitter les lieux, sous la protection de la police.
"Il y a un climat général insupportable et injustifié", estime la directrice de la rédaction, confirmant par ailleurs les nombreuses agressions verbales dont ses journalistes ont été victimes sur le terrain tout le week-end. La situation est "pénible à vivre pour les reporters", souligne-t-elle, estimant que "le simple fait d'être un intermédiaire semble désormais être un problème". "Tout le monde a de plus en plus de mal avec les faits", note aussi la patronne de la rédaction de BFMTV, alors que sa chaîne est régulièrement accusée par certains Gilets jaunes de minimiser la mobilisation ou d'en rendre compte injustement. Selon Céline Pigalle, le simple fait d'entendre un propos différent de celui relayé sur les réseaux sociaux pose parfois problème à certains manifestants. Le signe selon elle d'une "société polarisée, électrique", mais aussi de l'existence d'"un véritable bulle sur les réseaux sociaux".
Samedi soir, on a aussi pu remarquer que l'ensemble des journalistes de BFMTV présents à Paris pour couvrir l'action des Gilets jaunes avaient préféré changer les bonnettes de leur micro. A la place du logo "BFMTV" habituellement bien visible, leur micro était anonymisé avec une simple bonnette noire (photo ci-dessous). Interrogée par puremedias.com, Céline Pigalle confirme qu'il s'agit bien là d'une mesure de protection, laissée à l'appréciation des journalistes sur le terrain. "Nous avons aussi des agents de sécurité qui escortent les reporters", révèle par ailleurs la patronne de la rédaction. Raphaël Maillochon, le journaliste ayant reçu un oeuf sur la tête, disposait d'ailleurs de cette protection samedi soir, sans que cela ait suffi à le prémunir du surgissement de son agresseur.
Principalement visée car très regardée par les manifestants, BFMTV n'est pas le seul média à avoir été pris pour cible ce week-end. Auprès de puremedias.com, LCI déplore ainsi par exemple des "crachats" sur une de ses équipes et des "insultes multiples" contre ses journalistes présents sur le terrain. La chaîne info du groupe TF1 a d'ailleurs elle aussi recours à des gardes du corps pour protéger ses journalistes sur le terrain.
Samedi soir sur le barrage filtrant des Gilets jaunes de Châteaufarine, un photoreporter bénévole de la radio associative Bip a par exemple été "pris à partie par un manifestant, a essuyé des injures racistes", raconte "L'Est républicain". "Il a été frappé au visage. C'est une agression gratuite et raciste", a condamné la rédaction de la radio.
Sur France 3, Catherine Matausch a tenu à apporter son soutien dimanche soir à tous les journalistes agressés dans "Le 19/20".