L'heure des adieux approche... Ce soir, France 2 donnera le coup d'envoi de la neuvième et ultime saison de "Fais pas ci, fais pas ça", sa série humoristique à succès sur les relations parents-enfants. Avant que les Lepic et les Bouley n'entrent en scène pour un dernier tour de piste, Guillaume de Tonquédec, l'un des acteurs principaux de la série, a accordé une interview à puremedias.com.
Propos recueillis par Pierre Dezeraud.
Où en est votre personnage de Renaud Lepic au début de la saison 9 ?
Comme chaque année, on reprend tout juste un an après la fin de la saison précédente. Là, l'intrigue démarre alors que Renaud fête ses cinquante ans. À cette occasion, il reçoit par la Poste un cadeau de la Sécurité Sociale, qui n'est rien d'autre qu'un dépistage du cancer colorectal. Il va alors se mettre à penser qu'il est malade et que sa vie est finie. Ce qui va donner des scènes très drôles notamment une où il lit les lettres posthumes qu'il a écrites pour Fabienne et les enfants à Denis Bouley.
Il est en pleine crise de la cinquantaine en fait ?
Exactement ! Et c'est à la fois touchant et hilarant. Preuve supplémentaire que les auteurs de la série ne ménagent pas nos personnages !
Sans trop en dire, comment s'est passé le tournage du tout dernier épisode ?
Déjà, je tiens à redire que c'est une fin totalement assumée par la chaîne et la production mais aussi par les acteurs. Finalement, "Fais pas ci, fais pas ça" se termine le plus naturellement possible parce que le thème des relations parents-enfants se tarit de lui-même avec le vieillissement des personnages. Nous ne voulions pas faire la saison de trop ! Concernant le dernier épisode, tout ce que je peux dire, c'est que vous assisterez à un tableau final très intelligent qui réunit tous les techniciens et les comédiens qui ont travaillé sur la série dans un même lieu. Sur le tournage, la charge émotionnelle était juste énorme.
La saison va se dérouler sur dix ans avec deux sauts dans le temps important. Pour vous, c'était le stratagème idéal pour boucler la boucle ?
Non, c'était une proposition de Thierry Bizot qui avait peur de passer à côté de nombreuses idées d'épisodes, comme le mariage de l'un des enfants par exemple, en arrêtant la série. Là, avec ce saut dans le temps, on fait tomber cette barrière. On va pouvoir voir vieillir nos personnages, notamment physiquement, et s'intéresser à ce que les enfants deviennent. Il y a aussi quelques éléments très amusants dans le fait d'avancer de dix ans puisqu'il s'est naturellement passé beaucoup de choses dans le monde. Par exemple, dans ces années-là, on est dans une dictature verte avec Nicolas Hulot à la présidence de la République. Vous verrez que cela donne des situations du quotidien très cocasses !
Justement, ces bonds en avant, ça ne compromet pas l'idée de faire un film ou un téléfilm de retrouvailles dans quelques années ?
Non, pas forcément. C'est vraiment LA bonne idée de s'affranchir du temps, on fait ce qu'on veut. On pourra parfaitement revenir en arrière. D'ailleurs, sans trop en dévoiler, il y a des flash-backs très savoureux dans cette dernière saison.
Vous, si ce projet se concrétise un jour, c'est oui ?
Sans hésiter ! Pour être honnête, je n'avais pas envie d'arrêter. C'est bien de le faire parce qu'il faut impérativement passer à autre chose mais j'étais tellement heureux sur cette aventure. En fait, il faudra juste trouver LA bonne idée - et le bon moment - pour le faire.
Qu'est-ce que le Renaud Lepic de la fin de la saison 9 a de commun avec le Renaud Lepic du début de la saison 1 ?
L'amour pour sa femme et leurs enfants. Cet homme-là qui était pétri de principes est toujours resté le même mais a évolué grâce à sa femme et à ses enfants qui l'ont mis devant ses propres contradictions. Parfois, la vie fait qu'il faut mettre un peu d'eau dans son vin pour continuer à vivre avec les surprises que les enfants vous réservent notamment. Je pense notamment au fait que l'une de leurs filles soit homosexuelle. Honnêtement, les Lepic auraient pu défiler contre le mariage pour tous. C'était une très bonne idée des scénaristes que cette famille se soit retrouvée confrontée à cette réalité. J'ai trouvé que c'était intelligemment et finement traité dans la série. On va même les voir défendre le mariage homosexuel dans une scène très intéressante avec leur fille dans la saison 9.
Qu'est-ce que ça représente, personnellement et professionnellement, le fait de tourner la page de "Fais pas ci, fais pas ça" qui a été un accélérateur de notoriété pour vous ?
Pour moi, cette série représente vraiment l'accession à la popularité, ce qui n'est pas un gros mot dans ma bouche. Je ne remercierais jamais assez France 2 de nous avoir choisis parce que très honnêtement, ils auraient pu demander d'avoir des acteurs plus connus pour porter cette série à ses débuts. Ils ont suivi les choix de Pascal Chaumeil et lui ont laissé carte blanche. C'était assez gonflé de leur part. Je pense aussi que "Fais pas ci, fais pas ça" a ouvert la porte à l'écriture d'autres séries. On parle de la famille, ce qui parait un thème banal mais ce n'était pas évident à l'époque. Ça a libéré la plume de pas mal d'auteurs. C'est la preuve que quand on fait confiance aux auteurs, on peut faire des choses extraordinaires. Je pense à la série "Dix pour cent", notamment. L'idée est excellente et les auteurs ont réussi à trouver le ton juste avec cette série, exactement comme dans "Fais pas ci, fais pas ça".
C'est une série dans laquelle vous pourriez jouer ?
Oui, j'en rêve ! J'ai tellement aimé cette série que j'ai envoyé un mail à la production. J'ai même proposé de jouer mon propre rôle. Dans l'idée, c'est Guillaume de Tonquédec qui va voir son agent en lui disant qu'il en a marre de ne jouer que des rôles de personnages lisses et qu'il serait bien incarner des types très sombres. L'agent lui répond grosso-modo : "Mais mon pauvre garçon, avec la tête que tu as, tu peux rien jouer d'autres que ça !".
Vous n'avez pas peur que l'image de Renaud Lepic vous colle à la peau jusqu'à la fin de votre carrière ?
Mais j'espère qu'elle va me coller à la peau ! Je lui dois quasiment tout à ce personnage ! Par contre, ce qui m'a intéressé, c'est que n'a pas empêché des metteurs en scène de me proposer des personnages beaucoup plus complexes, comme dans "Les nuits d'été" de Mario Fanfani dans lequel j'incarnais un auteur qui se transforme en femme à l'insu de la sienne. Ils sont venus me chercher après m'avoir vu en Renaud Lepic dans "Fais pas ci, fais pas ça". D'ailleurs, on pourrait tout à fait imaginer Renaud avoir une double vie secrète et se transformer en femme à l'insu de sa propre famille. Les personnages de cette série ne sont pas que des caricatures, je pense d'ailleurs que le personnage de Renaud est beaucoup plus complexe qu'il n'y parait.
L'année dernière, Valérie Bonneton nous disait que l'avenir des acteurs étaient à la télévision. C'est une analyse que vous partagez ?
C'est vrai que la proposition créatrice de la télévision française aujourd'hui est vraiment énorme, presque plus forte que le cinéma. Ce qui est formidable à la télévision, c'est qu'on laisse les auteurs s'exprimer, peut-être un peu plus qu'ailleurs.
Maintenant que vous êtes "libéré" du personnage de Renaud Lepic, est-ce que vous pourriez vous imaginer acteur récurrent dans une autre série ?
Pourquoi pas ! On me demande souvent si je préfère le cinéma, la télévision ou le théâtre. Je réponds toujours que je préfère les histoires. C'est Jean Gabin qui disait "Pour faire un bon film il faut trois choses: une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire". Il a raison ! Donc, si on me présente une idée formidable pour jouer dans une série ou une mini-série, c'est complètement envisageable.
En parlant de séries, vous en consommez ?
Oui mais pas forcément à l'heure où elles sont diffusées. Je suis un adepte du replay. Ce que j'aime, c'est quand elles parlent d'humanité. À ce titre, "Mad Men" est une série exceptionnelle, par exemple.
Et pas "Modern Family" ?
Ah non, eux, ils nous ont piqué notre recette ! (rires)
Vous avez joué pour Polanski dans "Hedda Gabler". Après avoir été nommé président de la 42e cérémonie des Cesar, il s'est finalement retiré. Qu'en pensez-vous ?
Ce qui m'étonne, c'est de ne pas prendre en compte l'avis de la femme à laquelle cet événement est arrivé et je sais qu'elle ne souhaite plus que l'on parle de cette histoire et qu'un accord juridique a été trouvé entre les deux parties. Voilà, c'est juste dommage de ne pas écouter les principaux protagonistes...
Vous jouez actuellement avec Claire Keim dans "La Garçonnière", pièce mise en scène par José Paul, adaptation du film de Billy Welder, au Théâtre de Paris. La comédie, c'est définitivement votre créneau ?
Billy Weider disait une chose amusante : "Quand je suis très très déprimé, je fais des comédies. Quand je suis en pleine forme, je fais des tragédies". Il y a ce mélange dans son écriture entre comédie et tragédie. C'est un très grand auteur. Son écriture de 1960 marche toujours avec la même force aujourd'hui. Les grands textes sont éternels, voilà pourquoi on a voulu jouer ça. Pour la première fois au théâtre d'ailleurs.