Il n'en est qu'à sa deuxième saison sur i>Télé mais Julian Bugier est déjà un des visages emblématiques de la chaîne d'informations en continu où il est en charge du 17h-20h aux côtés de Sonia Chironi. La notoriété du jeune journaliste avait explosé après que le mensuel Têtu l'avait désigné plus beau mec de la télé après ses chroniques économiques sur BFM TV. Très discret, Julian Bugier a accepté d'évoquer son métier de journaliste, sa notoriété, ses envies mais aussi la séquence au cours de laquelle il avait « recadré » Robert Ménard qui, en direct, s'était déclaré favorable à la peine de mort. Entretien.
Puremedias : On voit peu ou pas d'interviews de vous. Pourquoi ?
Julian Bugier : Parce qu'on ne me le demande pas ! Je n'ai pas beaucoup de demandes d'interviews. Dans l'absolu, je trouve intéressant de parler de mon travail mais après pour dire quoi, et pour quelle finalité ? Pour l'instant, on fait un produit qui démarre, à priori fonctionne, donc voilà, on a fait un premier bilan d'étape en novembre mais on en parlera plus longuement cet été. Je ne ressens pas forcément le besoin de faire des interviews. Ça ne fait pas partie du boulot de journaliste de donner des interviews, si ?
Mais quand on fait de la télé, forcément un peu plus ?
C'est vrai (rires).
Et puis c'est aussi un moyen de vendre votre tranche, ça fait partie du système...
Oui mais ce n'est pas par l'interview qu'il faut la vendre mais par le produit en lui-même. Il faut avoir un bon produit à l'antenne, avoir un truc qui fonctionne, de l'info dynamique de façon un petit peu moderne, c'est ça qui fait que ça fonctionne, ce n'est pas en parler dans les médias, enfin je crois.
Comment définissez-vous d'ailleurs ce 17h-20h?
Dans la continuité de la promesse de la chaîne, c'est-à-dire du hard news où on se concentre sur les faits avec, dans un deuxième temps, une volonté de décrypter. Le boulot premier est de raconter les faits le plus simplement possible, essayer de rendre intelligible et intelligent un sujet qui ne l'est pas forcément pour le plus grand public. Tout ça dans un esprit de dynamisme. Avec Sonia Chironi, on a une répartition des rôles très égalitaire, c'est ça qui fait que ça fonctionne. A mon sens, on incarne quelque chose d'assez moderne sur la forme et le fond, avec une forme d'écriture plus dynamique, plus courte, des lancements - en tout cas j'ai la prétention de le croire - plus « péchus » ; et dans la forme, quelque chose de plus dynamique avec le principe de vendre son info, de tenir en haleine son téléspectateur, notamment pendant la publicité, parce que c'est ça l'enjeu, c'est que le téléspectateur reste plus de 7 minutes, ce qui est je crois le temps moyen sur une chaîne info, ce qui est très court. L'idée, c'est quand même qu'ils restent le plus longtemps possible. Après, l'esprit de dynamisme d'antenne devrait nous permettre de garder le téléspectateur un petit peu plus longtemps.
Et aussi une importance donnée au débat : votre tranche a pour titre « L'info sans interdit ».
Oui, enfin les noms... mais c'est vrai que c'est l'idée. A priori, on ne s'interdit rien. D'ailleurs, vous avez pu noter que Robert Ménard ne s'interdit rien...
C'est son rôle, non ?
Oui, c'est son rôle. Enfin, il est là pour susciter de la polémique et du débat, c'est ce qu'il fait avec talent (rires). Après, on essaie d'instaurer des éclairages même si je n'aime pas beaucoup ce mot. Une fois qu'on a fait notre métier premier qui est de donner les faits, on essaie d'amener des petits plus sur l'info, de faire un éclairage. Par exemple, sur les faits en Egypte, qu'est-ce qu'on peut en attendre ?, qu'est-ce qui va se passer demain ? Pourquoi et comment on en est arrivés là ?. On a donc des éclaireurs, des gens qui nous permettent de mettre en perspective, ça peut être des journalistes de notre rédaction qui reviennent du terrain ou des intervenants extérieurs qui ont du background, qui savent de quoi ils parlent et qui viennent nous donner un point de vue ou un éclairage sur un sujet donné. C'est relatif au développement que Pierre Fraidenraich (directeur général d'i>Télé, NDLR) et Albert Ripamonti (directeur de la rédaction, NDLR) ont voulu donner à la ligne éditoriale de la chaîne et on essaie de l'appliquer de façon assez récurrente, quotidiennement si possible. On a effectivement à 18 heures un éditorialiste qui vient donner son point de vue dans une « Carte blanche » sur un sujet qui n'est pas nécessairement dans l'actu chaude du jour, mais qui retient l'attention.
Concernant cette séquence Robert Ménard où il évoquait la peine de mort. Déjà, votre rédaction en chef vous a-t-elle dit que vous étiez dans votre rôle ?
Je crois que c'est, en fait, assez passé inaperçu avant le buzz internet. C'est resté entre lui et moi et, évidemment, les téléspectateurs qui nous suivaient. Voilà, c'était assez naturel, il a dit quelque chose qui, à mon sens, ne pouvait pas être laissé. Ca amenait forcément une réponse de notre part : un parce que Robert Ménard fait du Robert Ménard en disant ce qu'il pense, il a le droit de le penser mais, dans ce cas précis, il m'apostrophait par mon prénom puisqu'il a dit "Julian - virgule", donc sous-entendu "Je te demande ton avis Julian Bugier" ; et deuxièmement, étant quand même estampillé éditorialiste de la chaîne, ça pouvait laisser penser que ce qu'il disait à ce moment précis, de par notre silence, été validé et adoubé par les présentateurs de la chaîne. Après, tout ça s'est fait très rapidement, je ne me suis pas posé toutes ces questions au moment où je lui ai répondu mais il n'y avait pas de quoi casser trois pattes à un canard.
Lui l'a bien pris ?
Oui, de ce que j'en sais ! On se parle toujours, on s'entend toujours bien. Il n'y a pas eu de souci le lendemain. Il était un peu surpris du buzz médiatique mais pas de problème.
Vous êtes rapidement devenu un visage de la chaîne alors, qu'au départ, vous veniez pour la matinale du week-end. Très vite, vous êtes arrivé en quotidienne. Comment ça s'est fait, c'est un concours de circonstances ?
Non. Enfin, je ne crois pas (rires). Il y avait une demande d'évolution de ma part. J'ai adoré faire la matinale week-end, c'était un chouette rendez-vous, et, en même temps, avec des moyens relativement limités, ce qui se comprend et c'est partout pareil, que ce soit à BFM TV ou LCI. Il y avait donc une demande de ma part et il se trouve que j'avais assuré des remplacements sur la tranche d'Audrey Pulvar, avec Sonia, de façon plus égalitaire. Ça se passait très bien avec Sonia et on avait donc fait la demande. On avait dit que si un créneau se libérait, on serait intéressés de le présenter tous les deux parce qu'on a un bon feeling et que ça se passe bien. On a une complémentarité et une rencontre humaine avec Sonia. Ça a aussi fait partie du choix de la direction de tenter le coup de nous mettre ensemble. Et je crois que le produit que j'avais instauré sans prétention sur la matinale fonctionnait niveau audience, Pierre était satisfait, Thierry (Thuillier, alors directeur de la rédaction, NDLR) à l'époque aussi donc ils se sont dit "Tiens, si on confiait à Bugier un truc plus important".
On vous a découvert sur BFM TV où vous présentiez le journal de l'économie. On connait peu votre parcours, qu'avez-vous fait avant ?
Avant, j'étais à Londres à Bloomberg TV, une chaîne financière, dont l'antenne française a fermé depuis. Je n'ai fait que trois boites : i>Télé, dont c'est ma deuxième saison, BFM TV quatre ans puisque j'étais là à la création avec du reportage au début puis de la présentation et avant ça Bloomberg TV. J'y ai passé quatre ans où j'ai fait deux ans de reportage sur l'économie mais aussi l'info généraliste. C'était une chaîne qui avait beaucoup de budget qui n'était pas très regardante sur les moyens alloués aux rédactions européennes. J'ai pu faire des choses que je n'aurais pas pu faire ailleurs en partant couvrir des événements en Europe. Ce n'était pas ce qu'on appelle en France du grand reportage mais c'était intéressant et formateur. Puis, j'ai été assistant de production et un parcours assez classique à l'anglo-saxonne où on progresse un peu différemment, plus vite et au mérite. Et donc, à la fin, j'ai fait un an et demi de présentation à Bloomberg où, là, je ne parlais que d'économie et de finance.
Vous évoquez la progression... C'est ce qui vous a fait venir sur i>Télé, c'est à dire le fait que BFM TV ne vous propose pas de tranche ?
Non parce qu'ils me proposaient une tranche en fait. Maintenant, ça a évolué en soirée avec Thomas Sotto et Nathalie Lévy mais ils me proposaient le système mis en place le midi avec une tournante de trois présentateurs. Il y avait donc une vraie proposition qui était intéressante parce que la présentation à trois ne s'était jamais fait. En fait, j'ai rencontré à l'époque Thierry Thuillier avec qui j'avais très envie de travailler, Pierre Fraidenraich aussi, parce qu'il y avait un changement dans l'approche éditoriale et le management d'i>Télé qui était, à mon sens, assez intéressant. Et ça faisait quatre ans et demi que j'étais à BFM TV donc j'avais envie de changer. Il y a eu un bon feeling ici et une proposition assez claire toute de suite donc ça s'est fait naturellement.
Venons-en à la question qui fâche ! On a beaucoup parlé de vous pour votre physique...
(il interrompt) Non, on a beaucoup parlé de moi pour l'élection de Têtu (le mensuel l'avait élu « plus beau mec de la télé », NDLR).
Oui, qui a ensuite fait qu'on évoquait beaucoup votre physique ensuite. A la télé, c'est un commentaire qu'on fait plus souvent aux femmes qui se plaignent parfois d'être résumés à leur plastique.
Ce n'est pas si vrai. Regardez Harry Roselmack ou encore Laurent Delahousse... Il y en a un certain nombre.
Comment avez-vous vécu ces commentaires sur votre physique ?
Je n'aime pas trop parler de moi donc parler boulot ça me va, voilà... Comme tout le monde, c'est un peu flatteur et beaucoup gênant. Donc, on est content et, en même temps, on n'a pas envie de s'y attarder très longtemps.
Vous n'avez pas voulu l'exploiter, j'imagine que les médias ont dû beaucoup venir vers vous pour ça...
Non et c'est contre-productif. Ça n'a pas d'intérêt, j'ai envie qu'on me juge sur mon travail. Après, c'est forcément un facteur qui entre en compte, j'imagine, vu que vous me posez la question. En même temps, j'ose espérer que les bons résultats que nous avons sur l'audience ou en terme de marque antenne ne viennent pas de là. J'espère qu'on nous juge sur notre capacité à faire le job.
Tout ce buzz, vous pensez que ça vous a ralenti dans votre progression ou est-ce un plus ?
Très sincèrement, je ne sais pas, je n'ai pas l'impression d'avoir été ralenti ou d'avoir été accéléré. Je n'ai pas d'avis sur le sujet, vraiment.
Et dans le métier, est-ce que ça a amené des propositions farfelues de chaînes qui sont venues vous voir pour d'autres choses que du journalisme ?
Oui, un petit peu (rires). On m'a proposé d'être chroniqueur dans des émissions un peu d'entertainment. Je ne suis pas convaincu que ce soit uniquement pour le physique. Je pense que c'était un moment où ils cherchaient des personnalités un peu différentes et je pense que ça rentrait dans ce cadre-là.
Pour terminer, de quoi rêvez-vous à la télé ?
C'est marrant, ma femme m'a posé la question hier soir. Je n'ai pas su lui répondre donc je ne sais pas quoi vous répondre. J'aspire à plein de choses, j'aspire à continuer la présentation mais, à terme, dans un exercice différent. Mais ce serait dans longtemps. J'aime beaucoup l'exercice de l'interview, l'animation comme dans le cadre du débat des éditorialistes que je découvre et ça me plait beaucoup chaque soir. Et, en même temps, j'aimerais bien refaire du terrain donc je n'ai pas de réponse claire.
En tout cas, dans votre génération de journalistes, on ne fantasme plus sur la grand'messe du 20 Heures...
Oui, vous avez raison, c'est vrai. Qu'est-ce qui fait fanstasmer aujourd'hui dans le paysage audiovisuel ?
Harry Roselmack en immersion sur TF1 ?
Oui, voilà. « Fantasmer » n'est pas le terme mais c'est un exercice intéressant parce qu'il mélange un peu tout. Ce boulot, c'est quand même d'être proche des gens. Le plateau, c'est sympa mais on est un peu dans notre tour d'ivoire. Au début, on a envie de faire ce métier pour rencontrer des gens, des histoires, la meilleure histoire le mieux possible, être surpris. Le plateau, c'est un exercice incroyable et très stimulant mais la proximité avec le terrain, c'est aussi pas mal.
Interview
Julian Bugier : "J'ai envie qu'on me juge sur mon travail"
Publié le 27 janvier 2011 à 18:24
Très discret dans les médias, le journaliste d'i>Télé évoque sa carrière, l'impact de son élection en tant que "plus beau mec de la télé" ou encore son accrochage avec Robert Ménard. Il fait également part de ses envies de retourner sur le terrain.
Julian Bugier© Canal+ - Bruno
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