Les salariés d'iTELE fournissent des arguments au CSA. Dans un courrier révélé par le site de L'Observatoire des médias et adressé au régulateur de l'audiovisuel, la société des journalistes (SDJ) et les syndicats d'iTELE ont tenu à l'alerter sur les multiples violations de la convention de la chaîne dont sa direction se serait rendue coupable.
Les salariés de la chaîne info accusent tout d'abord leur direction de "bafouer" le principe d'"indépendance éditoriale" inscrit dans la convention. Ils dénoncent ainsi l'intervention de Vincent Bolloré dans la ligne éditoriale de la chaîne et citent en exemple une phrase de Vincent Bolloré prononcée le 13 octobre dernier lors d'un comité de management du groupe Canal+ : "Morandini sur iTELE, c'est ma décision".
"Cette intervention directe de Monsieur Vincent Bolloré est d'autant plus évidente et attentatoire à l'indépendance éditoriale que le blog de Monsieur Jean-Marc Morandini est client de la régie publicitaire de la filiale média du groupe Bolloré, qui a en outre détenu jusqu'en 2011 la majorité du capital de la société éditrice de ce même blog", ajoutent la SDJ et les syndicats dans leur courrier. Invoquant le même principe, ils s'en prennent également à Serge Nedjar pour son cumul des fonctions de directeur général d'iTELE et de directeur de la rédaction.
La SDJ et les syndicats estiment aussi que l'émission de Jean-Marc Morandini viole en elle même la convention d'iTELE en ce qu'elle relève davantage du divertissement que de l'information. Or, la convention de la chaîne dispose que "la programmation est consacrée à l'information" et que "l'éditeur veille à éviter toute confusion entre information et divertissement". Avec "Morandini Live", iTELE ne ferait pas non plus "preuve de rigueur dans la présentation et le traitement de l'information", contrairement à ce que prévoit sa convention. Et la SDJ de citer en exemple Samantha, du nom de cette mystérieuse "correspondante aux Etats-Unis" intervenue dans l'émission alors qu'elle était à Londres à ce moment-là.
La SDJ et les syndicats ajoutent que la "rédaction en chef d'une émission ne peut, quel qu'en soit le contenu, être confié à Monsieur Jean-Marc Morandini dès lors que celui-ci n'est pas lié par un contrat de travail avec la société SESI", éditrice d'iTELE. Et de citer l'article de la convention disposant que "l'ensemble des membres de la rédaction du service dispose d'un contrat de travail conclu avec la société titulaire de l'autorisation".
Au CSA désormais d'utiliser ou non ces éléments. Le régulateur de l'audiovisuel a fait savoir hier qu'il ouvrait un dossier d'instruction concernant iTELE après sa saisine par les salariés d'iTELE et par plusieurs téléspectateurs. Une fois qu'il aura auditionné toutes les parties, le CSA pourrait se prononcer d'ici une dizaine de jours sur ce dossier. Même s'il se range aux arguments des salariés d'iTELE, il ne devrait adresser au groupe privé qu'une mise en garde ou une mise en demeure. Sans doute pas de quoi effrayer un "têtu Breton" comme Vincent Bolloré.