Depuis plusieurs mois l'Etat français fustige Amazon. En janvier dernier, la ministre de la Culture et de la communication Aurélie Filippetti accusait l'enseigne de "concurrence déloyale" et lui reprochait de ne pas être "soumise à la même fiscalité que les entreprises localisées physiquement en France". Début juillet, la ministre avait enfoncé le clou : "On a un vrai travail à faire sur l'élaboration de nouvelles règles pour les acteurs du numérique et notamment Amazon (...) Il faut qu'ils paient leurs impôts". Dans une longue interview accordée au quotidien Le Figaro, le PDG d'Amazon France Romain Voog lui répond.
Le fisc français réclamerait environ 200 millions d'euros d'arriérés d'impôts à Amazon, ce que conteste fermement Romain Voog. "Amazon paie tous les impôts qui lui sont applicables dans tous les pays où nous opérons, dont la France (...) En matière de TVA en France, Amazon a collecté et reversé plus de 150 millions d'euros en 2012", assure-t-il. Selon lui, la constribution d'Amazon "dépasse la seule fiscalité directe". Romain Voog rappelle par ailleurs qu'Amazon "investit des dizaines de millions d'euros chaque année en France et crée des emplois".
"Environ dix mille PME, dont un millier de libraires, vendent sur notre place de marché et exportent grâce à Amazon. Nous faisons travailler le commerce local et le BTP. Nous sous-traitons à de nombreuses entreprises. Nous sommes par exemple l'un des premiers partenaires de La Poste", surenchérit le patron de la filiale française.
Rappelons qu'Aurélie Filippetti avait accusé Amazon de "dumping", grâce à la réduction de 5% associée aux frais de port gratuits pour l'achat d'un livre. Romain Voog dément fermement cette accusation. "Nous apportons une complémentarité de produits. Le gros de notre chiffre d'affaires n'est pas la nouveauté mais le fond de catalogue", assure-t-il.
Amazon a par ailleurs, selon lui, un rôle social en France. "Nous facilitons l'accès à la culture en permettant à des clients isolés de se procurer des livres, des disques... Il y a donc aussi une complémentarité géographique. (...) Enfin, nous participons au rayonnement culturel de la France : Amazon est le premier exportateur de livres en français dans le monde", se réjouit-il.