Dernière partie de notre grand entretien avec Thierry Ardisson : l'homme en noir doit indiquer en quelques mots ses avis et ses préférences parmi les personnalités du PAF. Saignant et (parfois) bienveillant.
Propos recueillis par Julien Bellver et Julien Lalande
puremedias : Plutôt Laurence Ferrari ou plutôt David Pujadas ?
Thierry Ardisson : David Pujadas.
Plutôt Nicolas Canteloup ou Laurent Gerra ?
Ni l'un ni l'autre.
Plutôt Jean-Michel Aphatie ou Patrick Cohen ?
Aphatie, je l'adore, j'adore son accent.
Plutôt LCI, BFM ou i-TELE ?
Je regarde toutes les chaînes, mais beaucoup LCI, c'est vrai. Je suis branché sur deux chaînes en fait, LCI et MCM Pop. Là, je me suis abonné à Télé Mélody mais c'est trop crade, il n'y a que des vieux trucs pourris, c'est la poubelle du PAF ! (rires)
"Ni Sarkozy, ni Hollande !"
Plutôt Patrick de Carolis ou Rémy Pflimlin ?
Carolis ! On s'est engueulés mais grâce à Nicolas Pernikoff (ex-directeur des variétés et divertissements de France 2, NDLR) nous nous sommes réconciliés. Je l'ai vu à Cannes à l'endroit où j'ai été viré. Et il a appelé le mec qui s'occupait du cinéma à l'époque chez France 2 pour lui dire : "Thierry monte une boîte de films, s'il vient vous voir, sachez qu'il n'y a aucun problème entre nous". J'ai trouvé ça très élégant. Il revient sur France 3, c'est bien, ils ont intérêt à reprendre de vraies valeurs comme lui. Même si je ne suis pas sûr que PPDA soit une bonne idée...
Plutôt Nicolas Sarkozy ou François Hollande ?
Ni l'un ni l'autre, ce n'est pas une façon de ne pas choisir, je suis désespéré. Moi je suis monarchiste. Si on me disait que l'un ou l'autre allait être premier ministre comme cela se passerait en Espagne ou en Angleterre, ça m'irait, je suis un parfait démocrate. Mais au-dessus de ces gens-là, il y aurait quelqu'un qui incarnerait la nation. Je suis déçu de voir que ces gens-là représentent la France. Je ne suis pas sûr d'aller voter en 2012. J'ai voté une fois dans ma vie, en 2002, quand on m'a fait croire que Le Pen allait être président de la République. Si la démocratie est en danger, j'irai bien sûr voter en 2012.
Autre exercice : votre avis sur quelques visages du PAF... Commençons par votre ami et ex-complice Laurent Ruquier ?
Il va devenir le Jacques Martin du XXIe siècle, c'est énorme !
Il est devenu un classique. C'est comme les Ray Ban, les chemises Lacoste, la mini Cooper. Là, il est en train de dépasser son âge pour s'installer dans une espèce de panthéon virtuel.
"Fogiel ? On ne tire pas sur les ambulances"
Pareil ! Un classique ! Il y a un avantage en télé : plus ça dure et plus tu dures. Dans certains métiers, tu te fais virer à 50 ans. La télé, au contraire, plus les gens te voient, plus tu fais partie de leur quotidien et plus ils t'acceptent.
Il est barré ! Il n'est pas antipathique, c'est un chien fou, il a du talent, mais il ne se contrôle pas.
On ne tire pas sur les ambulances.
Il me fait marrer, je suis ravi qu'il reprenne un talk-show. L'idée, je l'avais proposée à Arte il y a un mois : une émission quotidienne avec les mots les plus cliqués de la culture. Les mecs d'Arte ne me choisissent pas et j'apprends que Christophe va faire ça sur TMC. Je ne dis pas qu'il m'a piqué l'idée, elle était facile à trouver. Mais c'est une super idée, ça c'est un concept !
Il est sympathique mais c'est un peu franchouillard ce qu'il propose. Quand je le vois avec Karen Cheryl ou Amanda Lear le samedi, ça me fait marrer cinq minutes. C'est la France, voilà... Je ne suis pas méprisant, mais je ne le regarde pas.
Pauvre Lolo ! Je l'adore, on a fait "Graines de Star" ensemble. Il est resté sur M6 jusqu'à avoir des cheveux blancs. Il a eu tort de partir, d'autant plus que Nicolas de Tavernost n'osait pas le virer. Tavernost considérait que c'était un peu son talisman. Avant d'aller sur France 3, il aurait dû mieux choisir ses producteurs... (Son émission "Midi en France", produite par Jérôme Revon et Stéphane Gateau, réalise de faibles audiences, NDLR)
"Cyril Viguier ? Il casse les couilles de tout le monde"
Cyril, il casse les couilles de tout le monde pour faire de la télé depuis des années et le jour où il est à l'antenne, c'est rien. Donc quand on veut à tout prix quelque chose comme ça, une fois que c'est arrivé, il faut être vraiment bon.
Etonnant ! Yann, j'ai fait sa connaissance au Festival de Cannes et je lui ai dit : "Mais tu es beau !". Il m'a regardé un peu affolé. Je lui ai lancé : "Il faut que tu sois à l'antenne et s'ils ne veulent pas, viens dans mon émission et je te mets à l'antenne". Il est allé voir Laurent Bon (ex-producteur du "Grand Journal", NDLR) en disant "Ardisson veut me mettre à l'antenne. Pourquoi tu ferais pas pareil ?". Je ne dis pas que je suis à l'origine du truc, mais j'y suis sans doute un peu pour quelque chose. Je le trouve excellent et il a un truc, il est bon comédien, bon acteur à la télévision. C'est Jon Stewart !
Il se démerde. Le mec, il s'est quand même retrouvé au plus bas et il est remonté. Son blog est pas mal, je le consulte très régulièrement, tout comme votre site. Mais il faut qu'il se méfie de ses démons. Il a toujours tendance à vouloir faire du trash. Dans son émission sur Direct 8, il ne peut pas s'en empêcher. Il y a toujours une vieille conne de la télé-réalité qui vient insulter un animateur de NT12 (rires).
Foucault, Denisot, Drucker, c'est pareil... Ce sont les Rolls du métier. J'ai toujours de bonnes relations avec eux. On dit "Ardisson il est fâché avec tout le monde". Ce n'est pas vrai ! C'est la famille. Ils viennent une fois par an dans mon émission.
Une personnalité hors catégorie, Audrey Crespo-Mara (sa compagne, NDLR).
Elle me surprend, c'est une fille qui a fait Sciences Po et le CFJ, elle a fait 8 ans de terrain pour les journaux de TF1. Jean-Claude Dassier (ex-patron de LCI, NDLR) l'a choisie pour présenter la Matinale, en plus de son émission le week-end, "Demain à la Une". Cette année, Eric Revel lui a confié une interview chaque jour : c'est la meilleure école possible. Même si c'est LCI et que ce n'est pas la chaîne la plus exposée du monde. Je pense que c'est quelqu'un qui finira à la tête d'un magazine.
> Si vous avez manqué les deux premières parties de notre entretien : ses années à Paris Première, c'est ici et ses années Canal, c'est par là. Quant à son avis aiguisé sur l'état du PAF, c'est à lire ici.
