Nouveau rendez-vous sur puremedias.com ! Chaque vendredi, retrouvez "Médias le mag, l'interview", en partenariat avec France 5. Julien Bellver, co-rédacteur en chef du site et chroniqueur dans "Médias le mag" le dimanche à 12h35 interrogera une personnalité des médias toutes les semaines. Pour ce troisième numéro, Julien Bellver reçoit Laurence Bloch, directrice de France Inter.
"J'ai l'impression que la crise est derrière nous"
France Inter a gagné 873.000 auditeurs cet été. Meilleure vague estivale depuis 10 ans. Vous avez sabré le champagne ?
J'ai envoyé une lettre de remerciements à toutes les équipes, parce qu'elles ont fait un boulot formidable. C'est un très bon début pour la grille de rentrée, qu'on a continué de retravailler, de renouveler, de peaufiner. Mais jamais de triomphalisme !
Radio France a connu une saison agitée avec une longue grève la saison dernière. La crise est derrière vous ?
J'ai l'impression que la crise est derrière nous. Tout le monde a bien compris qu'il fallait qu'on change nos habitudes de travail, qu'il fallait rationnaliser. Que, comme toutes les autres entreprises, il fallait faire des économies, mais qu'en même temps, ça ne toucherait pas le coeur de cette grande maison de radio. Les malentendus ont été levés, la tutelle nous aide puisqu'elle nous permet d'aller jusqu'en 2018 pour trouver l'équilibre. Je trouve que les visages sont plus souriants, moins tendus, et qu'au fond tout le monde est content de recommencer à bosser.
Et le plan social revu et corrigé, ça aide ?
Ce n'est pas un plan social ! C'est un départ au fil de l'eau, un départ à la retraite sur deux qui ne sera pas remplacé pendant deux ans. Ce n'est même pas un plan de départs volontaires. C'est ce que les syndicats espéraient et je pense qu'ils sont contents.
Patrick Cohen est-il un "adversaire politique déguisé en journaliste" comme le dit Marine Le Pen ?
Patrick Cohen est le meilleur journaliste de la place française. C'est quelqu'un qui bosse ses dossiers, je pense que personne ne peut savoir quel bulletin de vote il glisse dans l'urne. Il ne laisse rien passer. Mais ce n'est pas un adversaire.
Doit-on dire d'où on parle quand on est journaliste ? Révéler sa sensibilité politique ?
Certainement pas ! Il a le devoir de poser le même type de questions, avec la même conviction, à tous ses interlocuteurs politiques.
"Léa Salamé sait qu'elle doit construire sa carrière pas à pas"
L'un de vos poulains, c'est Léa Salamé. Leader dans son quart d'heure. Elle est très sollicitée, vous avez déjà songé à lui confier une tranche entière ?
Pas tout de suite, et je pense qu'elle ne le souhaitait pas. J'ai beaucoup discuté avec Léa, l'année dernière elle a fait un pari énorme, elle a pris le moment de radio le plus écouté, à 7h50. Je pense qu'à la fois elle n'a peur de rien et elle sait réfléchir. Et elle sait qu'il faut qu'elle construise sa carrière pas à pas. Rien ne dit qu'on ne lui confiera pas une autre émission à côté dans les saisons qui viennent !
Autre voix féminine. Charline Vanhoenacker. Chaque matin et après-midi. Vous relisez ses chroniques avant leur passage à l'antenne ?
Jamais ! C'est un principe. On ne relit pas les chroniques.
Vous savez pourquoi je vous pose cette question... Vincent Bolloré le nouveau patron de Canal+ relit en personne les nouveaux sketchs des Guignols. C'est la fin de l'indépendance et de l'impertinence sur Canal+, chaîne de télévision cousine d'Inter ?
Ce que j'ai cherché à faire, c'est à tout prix garder l'esprit d'Inter. Je pense que c'est ça que les auditeurs viennent chercher. L'esprit d'Inter, c'est de l'irrévérence, de l'impertinence, mais aussi de la responsabilité. Je ne relis jamais les papiers, jamais. Si j'ai quelque chose à dire, je le dis dans mon bureau. Je pense qu'il ne faut pas mélanger les métiers : être patron, ce n'est pas être humoriste. Avoir des choses à dire sur les papiers, c'est le boulot du patron. Mais ce n'est pas son boulot de les écrire.
"Il ne faut pas faire de Vincent Bolloré un loup garou"
Vincent Bolloré qui veut racheter une radio, c'est une bonne nouvelle ?
Je pense qu'il ne faut pas non plus en faire un loup garou. Les radios privées appartiennent à des industriels ! Je pense que ces industriels sont suffisamment intelligents pour savoir que les médias sont des endroits particuliers et spécifiques.
Elise Lucet disait que le nouvel espace de liberté était désormais sur le service public, à France TV et Radio France, vous êtes d'accord avec elle ?
Je ne sais pas si c'est le nouveau, si c'est le seul, mais c'est un espace de liberté.
Dernière question, l'événement médias de la semaine, c'était les adieux de Claire Chazal. Vous avez un job à lui proposer ?
Quelque part, j'y pense ! Pour quel genre d'émission, je ne sais pas du tout. Et je ne l'ai pas rencontrée. Elle ne sait même pas que je pense à elle mais je pense qu'elle est partie beaucoup trop tôt et beaucoup trop vite de TF1, et je pense que c'est une vraie erreur. Il y a un vrai capital de sympathie, il ne faut jamais négliger ça.
