Le fossé se creuse entre les médias traditionnels et les jeunes. Selon les résultats de l'étude Kantar pour le journal "La Croix" sur la confiance des Français dans les médias, à peine 49% des 18-24 ans disent prêter un intérêt à l'actualité, quand ils sont plus de 74% chez les plus de 65 ans. Les usages des plus jeunes et des séniors diffèrent aussi radicalement. 53% des 18-24 ans se tiennent ainsi informés en passant le plus souvent par leur smartphone, quand cette proportion tombe à 2% chez les plus de 65 ans. Quand, ils sont sur internet, ces derniers s'informent majoritairement en passant par les moteurs de recherche et sites d'informations auxquels ils sont habitués. À l'inverse, les jeunes s'informent plus massivement via les réseaux sociaux.
Plus globalement, pour s'informer, ce sont d'ailleurs les réseaux sociaux qui ont la préférence des jeunes. Ces derniers utilisent davantage Facebook que la télévision, la radio et la presse écrite. Ils sont même 34% à utiliser le réseau social de Mark Zuckerberg pour approfondir une information. Il s'agit d'un bond considérable de 14 points sur un an, principalement lié à la modification de l'algorithme de Facebook en janvier 2018, qui a pénalisé les pages des médias au détriment des interactions entre amis. Auprès de l'ensemble de la population, la proportion de l'usage de Facebook comme outil pour approfondir une information est bien moins marquée, de l'ordre de 11%.
Si Facebook prend du galon chez les jeunes, d'autres usages disparaissent littéralement des radars. Ainsi, à peine 1% des 18-24 ans déclarent consulter les quotidiens nationaux print pour approfondir une information. L'écoute de la radio dans cette même optique tombe à... 0%. Pour autant, ces chiffres ne signifient pas que les jeunes n'utilisent plus du tout les médias traditionnels pour s'informer. Ce sont leurs usages qui changent. 31% des 18-24 ans déclarent s'informer via les sites ou applications mobiles de la presse écrite. "La baisse globale des chiffres ne traduit pas forcément un rejet, mais un changement dans la modalité d'accès à l'information. Lire 'La Croix' sur internet, c'est toujours lire 'La Croix'", confirme ainsi Arnaud Mercier, professeur en sciences de l'information à l'Institut français de la presse.
En revanche, la défiance envers les médias traditionnels est plus prononcée chez les jeunes. Ils sont ainsi 64% à mettre en doute la fiabilité de la télévision, média qui a perdu le plus en crédibilité auprès de l'ensemble de la population cette année selon les chiffres de Kantar. Ils demeurent toutefois également critiques à l'égard des informations sur internet. "Croire que les jeunes se désintéressent de l'information serait une erreur", nuance Serge Barbet, directeur du Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information (CLEMI) dans "La Croix", selon lequel "il est également significatif qu'une majorité (des 18-25ans) désigne les journalistes comme les mieux à même de lutter contre les fake news".