C'est confirmé, c'est non. Comme annoncé par L'Opinion ce matin, l'Autorité de la concurrence a officialisé cet après-midi son refus de donner son feu vert au rapprochement entre Canal+ et beIN Sports. L'anti-trust a détaillé un peu ses motivations dans un communiqué de presse.
Dans ce dernier, l'Autorité de la concurrence rappelle que sa décision portait sur l'annulation d'une injonction faite à Canal+ en 2012 dans le cadre du rachat de TPS par Canalsat. A cette occasion, le régulateur avait imposé au groupe audiovisuel une série d'obligations dont celle de ne pas distribuer en exclusivité une chaîne "premium" de cinéma ou de sport. C'est cette injonction que Canal+ a espéré en vain voir lever par l'Autorité de la concurrence.
Pour justifier sa décision, l'autorité administrative indépendante explique tout d'abord que selon elles, les "conditions de droit ou de fait" n'ont pas significativement changé depuis 2012. En matière de droits sportifs, elle note ainsi que le marché français reste structuré autour d'un duopole Canal+/beIN dominé par Canal. L'acquisition l'année dernière de la Premier League par Altice ne démontre pas selon elle "l'émergence d'une concurrence suffisante et pérenne sur le marché". L'anti-trust rappelle aussi que sur le marché de la distribution de la télévision payante, Canal "conserve une position dominante avec une part de marché comprise entre 70 et 80%".
A l'appui de sa réponse négative d'aujourd'hui, l'Autorité de la concurrence explique aussi que la trentaine d'obligations fixées à Canal en 2012 forme un tout cohérent permettant d'instituer une concurrence avec les FAI au bénéfice du consommateur. L'injonction ciblée par le groupe de Vincent Bolloré ne peut ainsi être selon elle "analysée indépendamment" des autres.
Dans un communiqué lapidaire publié cet après-midi, le groupe Canal+ a affirmé prendre acte de la décision de l'Autorité de la concurrence. Il annonce devoir désormais "travailler sur d'autres solutions pour faire cesser les pertes des chaînes françaises Canal+". De son côté, beIN a également dit prendre acte de la décision de l'Autorité de la concurrence dont elle ne "partage pas l'analyse".
Les deux groupes pourront en tout cas retenter leur chance d'ici l'année prochaine. Dans sa décision de 2012, l'Autorité de la concurrence avait en effet fixé à cinq ans la durée de vie de ses injonctions. Ces dernières devront ainsi faire l'objet d'un réexamen complet en 2017. Dès cet été, l'anti-trust lancera d'ailleurs une grande consultation de l'ensemble des acteurs du secteur pour définir le cadre réglementaire pour la période 2017-2022.