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Renaud Dély ("28 Minutes") : "L'émission ne ressemble à aucun autre talk-show"
Publié le 4 juillet 2016 à 15:16
Par Loïc Gugenheim
Le directeur de la rédaction de "Marianne" présente "28 Minutes" à partir de ce soir.
Le journaliste reprend "28 Minutes" tout l'été sur Arte. Le journaliste reprend "28 Minutes" tout l'été sur Arte.
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Ce soir, le journaliste Renaud Dély prend les commandes de "28 Minutes" sur Arte durant tout l'été. Pour la première fois, le magazine d'actualité de la chaîne franco-allemande ne prend pas de vacances. Renaud Dély s'est confié à puremedias.com sur un été qui s'annonce chargé puisque le journaliste est également à la tête de "Marianne" depuis début juin.

Propos recueillis par Loïc Gugenheim.

puremedias.com : Pourquoi "28 Minutes" ne prend pas de vacances ? C'est la seule émission de talk-show qui continue durant la période estivale.
Renaud Dély : L'émission est devenue importante pour Arte, j'allais dire emblématique. Du moins, la chaîne n'a pas d'autre émission comme celle-ci. C'est une émission qui se veut différente et qui marche. Le nouveau directeur éditorial, Bruno Patino, a décidé de miser sur elle même l'été. De plus, l'actualité ne prend pas de vacances, elle ne s'arrête jamais, qu'elle soit tragique ou pas. Moi je suis issu de la presse écrite donc je connais ça. Il m'est déjà arrivé, en quotidien et en hebdomadaire, de faire des journaux tout l'été.

C'est presque une tradition française d'arrêter les émissions d'actualité l'été...
Oui, c'est vrai. Mais je pense que cela dépend de l'équilibre des chaînes. La dimension franco-allemande joue aussi sur la nécessite de maintenir cette émission à l'antenne. Que d'autres chaines arrêtent leur talk dès lors qu'elles ont d'autres programmes d'informations ne me choque pas.

"Nous essayons d'avoir des invités qui ne sont pas vus ailleurs"

"28 Minutes" a désormais quatre ans, qu'apporte-t-elle de plus que les autres émissions de talk ?
"28 Minutes" ne s'arrête pas l'été donc c'est déjà une première différence (rires). C'est une émission qui a une forte dimension internationale, plus prégnante que les autres. Nous essayons aussi d'avoir des invités qui souvent ne sont pas vus ailleurs. Puis il y a un ton particulier, il y a une équipe particulière, il y a du temps aussi. Les téléspectateurs le disent et le ressentent, l'émission ne ressemble à aucun autre talk-show.

Quelle touche allez-vous apporter à l'émission durant ces deux mois à la présentation ?

Elisabeth (Quin) part en vacances, je vais essayer de lui garder la place, le plus proprement possible, en attendant qu'elle revienne. Mais je ne suis pas Elisabeth, je ne prétends pas avoir son professionnalisme et sa qualité d'accueil sur le plateau. La formule estivale va être dans le droit fil de la formule actuelle. Il n'y a pas de changement, ni du concept ni de la nature de l'émission. Même s'il y a un changement d'équipe en raison des vacances. On attend de nouveaux chroniqueurs, Olivia Gesbert, Linda Lorin et François Saltiel, mais le principe reste de faire perdurer la même émission, pour ne surtout pas dépayser le téléspectateur. Il continuera à nous regarder. Avant c'était en rentrant du travail, cet été ce sera en rentrant de la plage.

L'émission est incarnée depuis 2012 par Elisabeth Quin, vous êtes co-intervieweur et parfois joker à la présentation, quel rôle préférez-vous ?
Ce sont deux positions vraiment très différentes. Si l'on m'a proposé de remplacer Elisabeth cet été, c'est simplement parce que j'étais le premier arrivé en quelque sorte. Je suis là depuis le début, en septembre 2012. C'est au bénéfice de l'ancienneté que cette proposition m'a été faite si j'ose dire. Et puis on a fait quelques tests, j'ai présenté l'émission quatre ou cinq fois et je pense que ça a à peu près collé puisque la chaîne a confirmé sa proposition. C'est vrai que j'aurai du mal à choisir entre les deux, j'adore les deux. Etre chroniqueur, intervenir et être co-intervieweur aux côtés d'Elisabeth comme je le fais une fois par semaine depuis quatre ans, cela permet de donner une touche plus personnelle, plus incisive, parfois un peu provocatrice. Etre le seul en désaccord avec les invités pour aller les provoquer, j'adore ça. Je trouve cela ludique, intellectuellement intéressant et cela contribue à donner du rythme à l'émission en tant que co-intervieweur.

"Etre le seul en désaccord avec les invités pour aller les provoquer, j'adore ça"

Vous devenez arbitre, chef d'orchestre...
C'est passionnant. Il faut être beaucoup plus oecuménique, plus accueillant. Vous recevez chez vous, en quelque sorte, les téléspectateurs et les invités. Il faut qu'ils se sentent à l'aise pour s'exprimer. Il est nécessaire d'être beaucoup plus consensuel dans la distribution de la parole, chose dont vous ne vous souciez pas en tant que chroniqueur.

Dans une interview accordée France 5, Elisabeth Quin parle de vous comme d'un "jeune homme spirituel à l'oeil qui frise et aux oreilles conséquentes". Cette description vous convient ?
C'est très élogieux. L'oeil qui frise, déjà c'est sympa. Je sais que j'ai un naturel assez taquin, parfois un peu moqueur, un peu ironique. Mais je pense que ça peut être sain si ce n'est pas méchant ni mauvais. Moi je suis un journaliste d'actu, donc l'oeil qui frise signifie avoir de la répartie, rebondir et avoir une certaine rapidité d'esprit, du moins c'est comme ça que j'ai pris l'éloge. Quant aux oreilles conséquentes, l'image parle pour moi et parle pour elle. Je ne peux pas démentir cette réalité anatomique. C'est de la télévision, cela n'échappe pas aux téléspectateurs donc autant l'assumer. C'est devenu un gimmick entre nous. La description est très très juste, très sympa et un tout petit peu incomplète. Je ne suis pas que ça. (rires)

Vous a-t-elle donné quelques conseils ?
Elisabeth me donne des conseils toutes les semaines. Elle m'a conseillé de garder l'oeil qui frise et mes oreilles conséquentes. Cela fait maintenant quatre ans que l'on travaille ensemble, on a une certaine complicité. C'est vrai que moi j'apprécie vraiment la façon dont elle sait accueillir sur le plateau. Elle m'a suggéré d'être ouvert aux uns et aux autres, d'essayer de nouer un lien avec les téléspectateurs, les invités et l'équipe sur le plateau. Je pense qu'elle va même m'encourager à être un peu audacieux sur le plan vestimentaire. (rires)

"Je n'ai pas voté la motion de défiance, j'ai voté la confiance envers Matthieu Croissandeau"

Vous êtes récemment devenu directeur de la rédaction de "Marianne" après avoir été rédacteur en chef de "L'Obs" pendant cinq ans. Pourquoi l'avoir quitté ?
C'est un hasard, cela n'a rien à voir avec ma présentation de "28 Minutes". Je m'étais d'ailleurs engagé auprès de l'émission avant que "Marianne" ne me contacte. Il aurait été plus simple pour moi que je rejoigne le journal à partir du 1er septembre prochain, une fois la présentation du "28 Minutes" terminée. Mais ils semblaient avoir besoin de moi dès juin. Yves de Chaisemartin m'a proposé un poste qui m'intéresse vraiment, c'est-à-dire de diriger le journal. On arrive dans une année électorale très riche, très importante et je pense que Marianne a des atouts pour jouer un rôle essentiel au cours de l'année à venir. Je n'ai pas du tout quitté "L'Obs" à cause des difficultés que ce journal traverse actuellement. Je m'entends très bien avec Matthieu Croissandeau et je n'ai, bien entendu, pas voté cette motion de défiance. En tant que rédacteur en chef, j'appartenais à cette direction, et la moindre des choses, dans ce cas, c'est d'être loyal.

Au micro de Léa Salamé, Aude Lancelin est revenue sur son éviction du journal qu'elle qualifie de "purge politique". Soutenez-vous l'ancienne numéro deux du magazine ?
Je n'ai pas envie de m'exprimer sur cette histoire car je ne suis plus à "L'Obs". Je soutiens Matthieu Croissandeau. Je pense que dans tous les journaux il n'y a pas un seul journaliste qui puisse garantir son indépendance, qu'importe son importance et son prestige. Elle a parfaitement le droit de donner sa version des faits. Après on y croit ou on n'y croit pas, on y adhère ou on n'y adhère pas.

"Un hebdomadaire ne peut se contenter d'être un journal qui fait le résumé de l'actualité de la semaine"

Les hebdomadaires sont aujourd'hui presque tous en difficultés, ont-ils encore un avenir en France ou doivent-ils se réinventer ?
Je crois que nous sommes obligés de repenser à la fois le modèle économique et le rapport au temps. Les quotidiens font de plus en plus d'hebdo. Et un hebdomadaire ne peut se contenter d'être un journal qui fait le résumé de l'actualité de la semaine. Il doit apporter son propre regard, renoncer à l'exhaustivité et faire des choix beaucoup plus radicaux en étant conforme à son identité. Il faut des papiers à la fois plus anglés et plus longs, plus riches pour le lecteur. De plus, il faut bien sur repenser complètement le rapport papier-web. Je ne pense pas que le papier soit amené à disparaître, il existera toujours. Le papier doit demeurer, il faut penser un modèle web payant afin qu'il devienne rentable.

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