"Je ne veux pas me dérober", a répété à plusieurs reprises Pascal Houzelot, cet après-midi, devant le CSA. C'est pourtant l'impression que le patron de Numéro 23 a parfois donnée alors qu'il était auditionné dans le cadre de sa demande d'agrément pour la revente de sa chaîne TNT à NextRadioTV (BFMTV, RMC Découverte).
Il faut dire que la discussion a parfois été vive entre l'homme d'affaires et certains membres du CSA. Pascal Houzelot a notamment eu un échange très tendu avec Memona Hintermann-Afféjee. La conseillère lui a notamment demandé s'il avait pensé à rendre sa fréquence au CSA au lieu de la vendre. Pascal Houzelot a alors fait valoir qu'aucun patron de chaînes de la TNT gratuite nationale n'avait rendu gratuitement sa fréquence par le passé. Et de lancer, agacé : "Est-ce que vous avez posé cette question à Monsieur Berda, à Monsieur Bolloré, à Monsieur Lagardère ?", en référence aux précédentes ventes de fréquences TNT. "Je n'étais pas là à l'époque. Je suis là, maintenant!", a-t-elle rétorqué très agacée.
Un peu plus tard, Pascal Houzelot a croisé le fer avec Nicolas About. Ce dernier a émis des doutes sur les aspirations réelles du patron de Numéro 23 lorsqu'il a créé sa chaîne, en décembre 2012. Rappelant ses précédentes auditions, il a souligné que ce dernier avait répété "à qui veut l'entendre" qu'il ne souhaitait "en aucun cas" se séparer de sa chaîne. "Avouez que nous sommes un peu surpris...", a commenté le conseiller.
"Je vous ai dit lorsque vous m'avez auditionné en 2012 que mon objectif était celui d'un entrepreneur. L'objectif d'un entrepreneur n'est pas de se séparer du bébé qu'il est en train de créer. Et c'était vrai ! (...) A aucun moment je n'ai menti", a fait valoir Houzelot, estimant que seule l'évolution de l'environnement publicitaire l'avait finalement "obligé" à vendre. L'homme d'affaires a ajouté que la question d'une éventuelle revente ne lui avait plus été posée après 2012 par le CSA. Une version démentie immédiatement par Memona Hintermann : "Moi je me rappelle très bien, en 2013 puis en 2014, vous avoir posé cette question de la vente et vous aviez constamment démenti monsieur Houzelot". "Je n'ai pas du tout le même souvenir. Je pense qu'on peut retrouver les textes", a rétorqué le patron de la chaîne.
Interrogé ensuite par Olivier Schrameck, Pascal Houzelot a expliqué que sa décision de vendre avait été en partie inspirée par un changement de discours des autorités publiques qui, après avoir encouragé l'émergence de chaînes indépendantes, auraient selon lui décidé de consolider les grands groupes audiovisuel. En désaccord, Olivier Schrameck a donc demandé à Pasacal Houzelot d'expliciter sa pensée sur ce point, ce que ce dernier a eu toutes les peines du monde à faire. "C'est un débat trop compliqué pour moi, je suis désolé", a-t-il fini par lâcher, avant d'évoquer un "air du temps" favorable selon lui à la concentration des groupes. "Si nous en restons à l'air du temps, je crois qu'on ne va pas aller plus loin sur ce point", a conclu Olivier Schrameck.
L'audition a ensuite carrément viré au cocasse lorsqu'ont été évoquées les très nombreuses émissions de tatouage de la chaîne. Interrogés par le CSA, les responsables ont tenté de défendre l'idée que ces programmes multidiffusés répondaient aux obligations de la chaîne de promotion de la diversité et de lutte contre les stéréotypes. Nathalie Drouaire, la directrice des programmes, a même expliqué que sa chaîne avait dû refuser "beaucoup de programmes de tatouage", qui représentent malgré tout 13% de l'offre totale de programmes ! Les manquements de Numéro 23 à ses obligations de convention avaient déjà largement épinglées par une étude d'impact réalisée par le CSA.
Les Sages vont-il finalement donner l'agrément à Numéro 23 pour être rachetée par le groupe NextRadioTV ? Rien n'est moins sûr au vu du climat parfois tendu de cette audition publique. Les Sages de la Tour Mirabeau devraient en tout cas se prononcer d'ici très peu de temps dans ce dossier.