J-1 avant les Victoires de la musique. Demain soir, des dizaines d'artistes se succéderont sur la scène du Zénith de Paris pour la 32e édition de cette prestigieuse cérémonie, tandis que douze trophées seront remis tout au long de la soirée. Avec trois nominations, c'est Jain qui est la favorite de la soirée, suivie par Amir, Véronique Sanson et Benjamin Biolay sont nommés à deux reprises chacun.
Mais comment sont choisis les nommés, et comment sont désignés les vainqueurs ? Afin de répondre à ces questions, puremedias.com s'est entretenu avec Gilles Désangles, Directeur général des Victoires, qui revient sur l'évolution du fonctionnement du vote depuis trois ans.
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Propos recueillis par Charles Decant.
Comment se compose l'Académie qui décide des nommés ?
Il y a 600 membres, divisés en trois groupes de 200 personnes. Il y a d'abord 200 producteurs de spectacles et de disques, qui eux-mêmes se divisent en 80 producteurs de spectacles et 120 producteurs de disques. Dans les maisons de disques, il y a un ratio de 60/40 entre majors et labels indépendants.
Ca permet d'éviter qu'une maison de disques puisse être assez puissante pour faire nommer ou même gagner un artiste ?
Oui, avec une telle répartition, sur 600 votants, aucune maison de disques ne peut parvenir à nommer un artiste même si elle se mobilise, contrairement à ce que certains affirment.
Qui sont les 400 autres votants ?
Il y a un collège de 200 personnes qui représente les artistes, avec auteurs, compositeurs, musiciens, chefs d'orchestre et éditeurs, etc, et un troisième collège qui regroupe tous les autres votants : les présidents de festivals, la presse, les libraires, les nouveaux médias, ceux qui s'occupent du streaming etc. Le fait de permettre le vote par internet permet de relancer les gens, et au final, on a un taux de participation très élevé, entre 80 et 90%.
Le vote est-il obligatoire ?
Non, ça ne nous semblerait pas très démocratique. Quelqu'un qui ne vote pas en 2016, on l'appelle pour 2017, on lui demande s'il veut voter. S'il ne vote pas en 2017, on le sort de l'Académie pour le remplacer par quelqu'un dont on pense qu'il va voter. Certains veulent juste être dans l'Académie mais ne veulent pas voter...
Comment fait l'Académie pour voter aux Victoires de la musique ?
Tout a changé il y a trois ans, quand nous nous sommes associés à Deezer. Grâce à ce partenariat, on peut faire écouter tous les projets qu'on propose à la sagacité de l'Académie. Dans un premier temps, chaque membre va voter pour un projet par catégorie. On va prendre les huit projets qui ont le plus de voix, et au second tour, chaque membre peut écouter les huit projets en intégralité. On ne choisit pas le lauréat parmi trois nommés, mais trois nommés parmi les huit. Parmi les trois, celui qui aura le plus de voix sera le lauréat.
Quel est l'intérêt des deux tours ?
L'intérêt, c'est de resserrer le choix au deuxième tour. Quand on doit choisir parmi 500 chansons, il y a un moment où un votant en aura entendu un certain nombre, à la radio ou à la télé, mais on peut passer à côté de quelque chose. Quand au deuxième tour, on a huit projets, on peut tous les écouter. Le vote est plus sensible. C'est ça qu'on revendique aux Victoires, un vote de professionnels qui s'expriment en fonction de leurs goûts et pas de ce qu'ils savent des albums qui sont sortis.
Ces changements ont été bien accueillis ?
Oui, tout le monde s'en félicite, y compris ceux qui avaient tendance à tirer vers l'ultra-spé. Malgré tout, on continue à faire ce travail de présenter des gens qui ne sont jamais présents en télé. Et ceux qui le sont beaucoup, on leur donne l'opportunité de chanter en live et en direct. Le playback est interdit chez nous.