Quand on rêve d'un épisode de série après l'avoir vu, c'est que l'épisode en question a au moins réussi à vous marquer. Ca m'est arrivé plus tôt cet été avec un épisode de "Torchwood" à la fin atroce et ça s'est reproduit cette nuit après avoir visionné le pilote de "Ringer", la série qui marque le grand retour à la télévision américaine de Sarah Michelle Gellar. En même temps, j'avais peut-être aussi bu beaucoup de Coca Zéro, ce qui lui a un peu facilité la tâche. Mais je m'égare.
Dans "Ringer", Sarah Michelle Gellar incarne deux soeurs que tout oppose. La première, Bridget, est une ex-junkie strip-teaseuse et peut-être prostituée qui s'enfuit à la veille d'un procès où elle doit témoigner contre un ponte de la mafia locale. La seconde, Siobhan (prononcez "Cheuvonne"), est une femme de la haute société new-yorkaise qui a effacé sa soeur de sa vie après un dramatique accident six ans plus tôt. Tout bascule quand les deux soeurs se retrouvent et que Siobhan disparaît mystérieusement en mer, poussant sa soeur à lui piquer son identité, une bonne idée a priori qui semble sur le point de se transformer en cauchemar.
Comme tous les pilotes, celui de "Ringer" a la lourde responsabilité de présenter les personnages, de lancer des intrigues, de poser des questions - intéressantes, c'est mieux - ce qui résulte généralement en un épisode surchargé et pas toujours intéressant. Surchargé, le pilote de "Ringer" l'est. Mais les scénaristes ont réussi à trouver des façons plutôt originales de présenter l'un des deux personnages principaux, Siobhan, campée par Sarah Michelle Gellar. En effet, c'est quand Bridget prend sa place que l'on découvre sa soeur à travers le regard de ses proches. Manipulatrice, odieuse, froide et égocentrique, Siobhan est embourbée dans autant de sombres histoires que la pauvre Bridget. Pour changer de vie, on a trouvé mieux.
Petit à petit, Bridget découvre donc qu'elle s'est embarquée dans une vraie galère et l'épisode soulève une multitude de questions qui tiennent en haleine pendant 40 minutes - et dont on espère que les réponses seront savamment distillées au fil des épisodes si les audiences se maintiennent. Siobhan est-elle vraiment morte ? Pourquoi est-elle elle aussi en danger ? Comment a-t-elle pu devenir l'horrible personne que son entourage craint et déteste ? Bridget va-t-elle être démasquée ? Le suspense monte petit à petit, les flashbacks sont utilisés intelligemment pour faire grimper la tension.
Mais là où le pilote pêche, c'est dans cette opposition excessive et proche du stéréotype entre les jumelles. On ne peut pas les imaginer plus différentes l'une de l'autre et malgré tout, elles ont encore après six ans la même coupe et la même couleur de cheveux, parlent de la même façon, au point que seule une perte de poids visible attire l'attention de ses proches quand Bridget prend la place de Siobhan. Sarah Michelle Gellar, qui transmet à merveille le désarroi, l'inquiétude et la confusion, a ici bien du mal à donner vie à ces deux personnages bien caricaturaux et qui ne sont pour l'heure qu'esquissés, un peu maladroitement. Le reste du cast n'a pas trop le temps de faire ses preuves, à l'exception de Ioan Gruffudd, plutôt convaincant dans le rôle du mari de Siobhan surpris pas la personnalité soudainement aimable de sa femme.
Dans un paysage audiovisuel où les épisodes à intrigue fermée, comme "Les Experts", "Mentalist" ou "NCIS" sont les plus plébiscités par le public, l'intrigue complexe de "Ringer" risque inévitablement de jouer contre la série. Mais malgré ses défauts, le pilote est convaincant et les rebondissements qui attendent le téléspectateur risquent d'être intéressants. Tout reste à prouver - encore bien plus que d'autres séries, quand on pose les bases d'un mystère si ambitieux et complexe - mais entre les questions soulevées et le magnétisme de Sarah Michelle Gellar, difficile d'imaginer abandonner la série après un tel pilote.