Depuis plusieurs jours, la Belgique fait la Une de la presse française et internationale. Pour l'alerte attentat, portée à un niveau 4 sur 4. Mais aussi pour certains de ses quartiers, "fabriques à djihadistes" selon plusieurs médias. Molenbeek, commune Bruxelloise, concentre l'attention du monde entier. Ce qui exaspère Francis Van de Woestyne, rédacteur en chef de "La Libre Belgique". Dans un éditorial au vitriol, il fustige cette presse française qui "se déchaîne ces derniers jours" sur un pays devenu pour certains commentateurs le "berceau du terrorisme européen", un "Belgikistan" ou encore une "nation sans État" (Le Monde, hier).
Le quotidien français consacrait hier son éditorial à la Belgique, "devenue, au coeur de l'Europe, une plaque tournante du djihadisme". "Base logistique du terrorisme international, la Belgique est aussi devenue un centre d'endoctrinement et de recrutement. Rapporté à sa population, le pays fournit le plus gros contingent des combattants européens en Syrie", écrivait Le Monde dans son édition daté du mardi 24 novembre.
"Nous n'avons évidemment pas attendu qu'une partie de la rédaction du 'Monde' débarque à Bruxelles pour dénoncer les failles des services belges dans la lutte contre le terrorisme, répond ce matin "La Libre Belgique". Le laxisme coupable dont avait fait preuve l'ancien bourgmestre de Molenbeek, Philippe Moureaux, le manque de coordination entre les pays européens dans la traque aux djihadistes".
Au centre de la lessiveuse médiatique depuis les attentats du 13 novembre à Paris, la Belgique ne supporte plus "la condescendance française" de ses médias. "Oui, il y avait des Belgo-Marocains, parmi les terroristes. Mais il y avait aussi des ressortissants français, vivant en Belgique", fustige Francis Van de Woestyne. Le journal rappelle que ce sont "les renseignements des services belges et marocains qui ont permis de localiser la planque d'Abaaoud à Saint-Denis".
"La Libre Belgique" dénonce l'opposition de la France à la mise en place d'un PNR européen et l'échange automatique des données entre PNR nationaux, ces fichiers de données des voyageurs aériens. "Avec de telles réticences, la traque aux terroristes n'est pas gagnée", dénonce le journal. "Reconnaissons-le : cet exercice – c'est pas moi, c'est lui...– a quelque chose d'un peu minable. On en est bien conscient. Il y a eu des failles partout. Et il est un peu vain de vouloir sans cesse rejeter la responsabilité des attentats de Paris sur d'autres pays amis, conclut le rédacteur en chef. Ce petit jeu est d'ailleurs bien ce que cherche Daech : diviser, diviser diviser. En accablant les Belges de tous les maux, certains commentateurs sont tombés dans le piège tendu."