Bientôt un Conseil de l'ordre pour les journalistes ? Dans un entretien accordé à l'agence de presse Reuters, Cédric O, secrétaire d'État au numérique depuis mars dernier, met la pression sur la profession, l'enjoignant à se doter d'un dispositif pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation. "Je considère qu'il doit y avoir un Conseil de l'ordre des journalistes, des journalistes entre eux, qui prennent des décisions et qui disent à l'Etat : 'Vous devez retirer l'agrément de tel ou tel canard, mettre des avertissements'", explique le secrétaire d'État.
L'ancien conseiller d'Emmanuel Macron et Edouard Philippe estime que des médias comme Russia Today (RT) et Sputnik, sous influence russe, fragilisent la démocratie dans l'objectif d'aboutir "à l'arrivée au pouvoir de tel ou tel parti politique". "Et cela marche. Aujourd'hui, sur YouTube, la chaîne qui a le plus de visibilité ce n'est pas BFM, ce n'est pas CNEWS, c'est RT", argue le secrétaire d'État, ajoutant que la chaîne financée par le Kremlin, qui est surtout consommée sur le web, est le canal d'information de prédilection des Gilets jaunes.
"Je considère qu'il y a un risque monstrueux", s'émeut le secrétaire d'État au numérique, avant de faire savoir que l'État pourrait être à l'initiative de la mise en place de son conseil de l'ordre. "Il y a une obligation de résultats de la société. C'est aux journalistes de le faire, ce n'est pas à l'Etat de le faire. S'ils ne le font pas, ce sera l'Etat qui le fera, au bout du bout", a affirmé Cédric O avant de préciser : "Ce sera le CSA ou une autorité indépendante qui va décider ce qu'est une infox ou pas". Il a ensuite toutefois précisé qu'il ne reviendrait pas à l'État de prononcer une sanction à l'égard d'un média.
S'il a finalement nuancé - "On n'en est pas du tout là", a-t-il déclaré à propos d'une initiative de l'État en la matière -, Cédric O ne fait que reprendre une idée déjà exprimée dans un rapport d'Emmanuel Hoog, commandé par le ministère de la Culture. Dans celui-ci, l'ancien PDG de l'AFP et de l'INA, avait jugé "souhaitable" et "possible" la création d'une instance qui réunirait journalistes, éditeurs de presse et société civile. Il préconise également une procédure "rapide et gratuite pour dénoncer les erreurs". L'idée de ce conseil de déontologie du journalisme avait été publiquement exprimée par Franck Riester, le ministre de la Culture, en début d'année.