Il fallait les faire venir, tous ces artistes. A plus de 5.000 kilomètres de Paris, à 2 heures au nord de Montréal. Pour interpréter plusieurs titres, pêcher sur un lac gelé, au beau milieu de nulle part dans l'immense hôtel Sacacomie, transformé pour l'occasion en studio de télévision. Pour la deuxième fois, France 2 délocalise ce soir à 20h35 son réveillon de Noël au Québec. Cinq jours de tournage, près de 200 personnes sur place. Une importante production à gros budget, près de 1 million d'euros la soirée. "Mais c'est une co-prod France/Canada, ce qui nous a permis de divisier la facture par deux", explique Nathalie André, la directrice des jeux et divertissements de la chaîne. Le service public déboursera donc 450.000 euros, soit le prix d'un prime normal sur France 2. Le Québec, qui a signé un chèque de 100.000 dollars pour participer aux frais, s'offre ainsi un immense spot de pub pour la région en prime time sur le service public. Un excellent investissement, les Français représentent la première clientèle touristique dans la région.
Gérard Pullicino, réalisateur et producteur de l'émission, travaille sur ce projet depuis plusieurs mois déjà. "C'est pour le plaisir de ne pas être à La Plaine Saint-Denis, c'est tellement rare de voir des artistes ailleurs que sur des plateaux (...) Le principe est assez simple, les Québécois invitent leurs cousins Français pour le réveillon pendant trois heures", explique-t-il à puremedias.com. Le décor est hivernal, quinze centimètres de neige ont recouvert le paysage juste avant l'arrivée des équipes. Ce qui n'a pas manqué de changer les plans de la production. "Je dois être à la 25ème version du conducteur de l'émission, les conditions climatiques changent beaucoup de choses, on s'adapte", plaisante un des auteurs, au troisième jour de tournage.
Car les artistes chantent, mais donnent aussi de leur personne par moins 10 degrés pour du quad, de la moto neige, une virée avec des chiens de traîneau. "Demander à un artiste de venir quatre jours, ce n'est pas toujours évident", reconnaît Pullicino. Et quand Messmer leur fait la surprise de venir les hyptoniser, ça coince. "Ca a été la galère, ils ont peur d'être perturbés pendant leur prestation live", explique un organisateur. Des petits caprices de starlettes qu'il a fallu parfois gérer en urgence. Le top model Baptiste Giabiconi, lui, dit oui à tout. Pendant son hypnose, il a ainsi accepté d'être plongé dans un bassin de glace, persuadé qu'il était aux Bahamas. L'une des séquences en extérieur les plus fortes de ce show enneigé. On y retrouvera aussi Jenifer, Véronic DiCaire, Stéphane Rousseau, Marie Mai, Isabelle Boulay, Robert Charlebois, Louisy Joseph, Patrick Bruel, Sofia Essaidi...
"Soir de fête au Québec", à 20h45 sur France 2, se passe d'animateur. Véronic DiCaire assure le lien entre les prestations live des invités et les tournages en extérieur. "Il faut que le téléspectateur ait l'impression que tout a été tourné le même jour", explique Pullicino. Alors qu'il a fallu plusieurs heures aux artistes pour répéter. Tous ont dû s'adapter aux musiciens maison, qui ont bûché sur les versions intrumentales pendant plusieurs semaines. Ainsi, Patrick Bruel a eu un peu de mal à retrouver la mélodie exacte de son "Café des délices", joué en duo avec Jenifer. Mais après quelques réglages, un prompteur calé, tout rentre dans l'ordre. Les inconditionnels de "Taratara" retrouveront dans "Soir de fête au Québec" la patte Pullicino dans le jeu des lumières, la mise en scène, le son. Le célèbre réalisateur a réussi une performance, celle de transformer une salle de conférence boisée en plateau de télévision d'un soir, à plusieurs milliers de kilomètres des tristes studios parisiens.