Ebranlée par une vague de contestation en 2011, l'Egypte est parvenue à se débarasser de son dictateur Hosni Moubarak, à qui lui a succédé Mohamed Morsi, largement soutenu par les Frères Musulmans vainqueurs des élections législatives de janvier 2012. Dans ce pays traditionnellement laïc où les femmes intégralement voilées n'étaient pas les bienvenues sur les plateaux de télévision, il semble que les choses soient en train de changer.
Fin juillet, les téléspectateurs égyptiens ont ainsi pu découvrir une nouvelle chaîne consacrée aux femmes portant le niqab. Fondée par Safaa Refai et diffusée six heures par jour via le canal de la chaîne islamique ultra-conservatrice Umma, la chaîne Mariya est exclusivement gérée par des femmes portant le voile intégral, les femmes non voilées et les hommes n'étant pas autorisés à apparaître à l'écran, ni même à travailler dans les équipes de production. Un moyen, selon sa fondatrice, de redonner un peu de dignité aux femmes portant le niqab qui ont été oppressées et qui ont souvent perdu leur travail sous le règne d'Hosni Moubarak.
Si les femmes portant le voile intégral font leur apparition sur les écrans de télévision égyptiens, les chaînes plus libérales ne semblent quant à elles plus vraiment tolérées par les nouveaux dirigeants du pays. La chaîne de télévision égyptienne privée al-Faraïn, hostile aux Frères musulmans et au président islamiste Mohamed Morsi, a en effet été frappée d'une suspension d'un mois et pourrait être définitivement fermée. La chaîne "voit sa diffusion suspendue pour un mois" par les autorités et "verra sa licence retirée si elle continue ses exactions", a ainsi annoncé la télévision publique. Le parquet a de son côté révélé dans un communiqué avoir entamé une enquête après des plaintes déposées contre le propriétaire de la chaîne, Tewfik Okacha, accusé d'avoir "incité au meurtre du président Morsi et au renversement du pouvoir".