En direct de Cannes. Elle est jeune, belle et blonde. Elle s’appelle Marie et ne compte plus les prétendants qui se pâment à ses pieds. Si ces premières lignes nous rappellent celles de Mary à tout prix, on arrêtera là la comparaison puisqu’il s’agit en fait du dernier film de Bertrand Tavernier, présenté hier en compétition, La Princesse de Montpensier. Le même jour, un autre film concourrait pour la Palme, Un homme qui crie de Mahamat-Saleh Haroun. Et en une seule journée, les espoirs placés dans ces deux films sont partis en fumée... Côté cinéphilie, ce dimanche ne restera donc pas dans les mémoires. Et déjà on espère dans les couloirs du palais que Kitano, Inarritu ou Loach seront fidèles à leur réputation dans cette nouvelle semaine...
Ils ont été projetés hier, et on ne parle plus que d'eux.
Un homme qui crie : Quand on commence à trouver long un film qui dure à peine 1h30, est-ce déjà un mauvais présage ? Assurément. Si le premier long-métrage tchadien sélectionné en compétition officielle aura eu le mérite de mettre une lumière sur le cinéma africain, reste qu’à notre grand regret, il faut reconnaître que le réalisateur Mahamat-Saleh Haroun a manqué le rendez-vous. Avec un sujet aussi fort (les tourments d’un homme dans un pays en proie à la guerre civile), on espérait être bouleversé et touché en plein cœur. Mais la flèche lancée par le cinéaste n’a malheureusement pas trouvé la cible.
*Ses points forts : Son sujet, qui évidemment ne peut laisser personne insensible et qui est une toile de fond filmée avec pudeur. Contrairement aux autres comédiens, l’acteur principal Youssouf Djaoro est criant de vérité. Par ses regards, par ses gestes, il porte avec talent la blessure de son personnage qu’aucun mot ne pourrait mieux décrire. En alternant plan-séquence et caméra à l’épaule, Mahamat-Saleh Haroun livre une mise en scène plus habile qu’il n’y paraît.
*Ses points faibles : On reste de marbre devant le drame familial qui se joue sous nos yeux et alors qu’on aurait aimé ressentir les démons traversés par le personnage principal, on demeure simple spectateur. Alors très vite, l’ennui prend le pas sur la compassion. Les largesses de certains acteurs dans leur jeu finissent également par avoir raison de notre patience. Car lorsque dans l’une des scènes finales du film, l’un des personnages centraux est sensé être mort et qu’on voit sa poitrine bouger et l’acteur respirer, il faut vraiment être motivé et bien indulgent pour croire encore à la scène...
La Princesse de Montpensier : Revenu de sa brume électrique de la Nouvelle-Orléans où il s’était glissé avec Tommy Lee Jones, Bertrand Tavernier est arrivé à Cannes pour présenter le second film français en compétition. Avec son armada de jeunes comédiens français (Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry, Grégoire Leprince-Ringuet et Raphaël Personnaz), le réalisateur a remonté le temps pour nous raconter un thriller amoureux du 16ème siècle inspiré d’une nouvelle de Mme de La Fayette. Sans être passé à côté de son sujet, Bertrand Tavernier a peut-être vu trop grand. Et à l’instar de sa Princesse de Montpensier, tiraillée pendant tout le film entre ses sentiments, le cinéaste semble avoir lui aussi eu du mal à faire ses choix.
*Ses points forts : Grâce à son intrigue amoureuse, les sentiments qu’il exprime, le soin apporté à ses décors (des décors naturels ou des lieux historiques préservés), sa lumière qui participe à donner une atmosphère de thriller sur le fond de cette romance, Bertrand Tavernier parvient à donner une modernité bienvenue à ce drame dont la reconstitution historique ne pêche sur aucun point. Au sein de cette galerie de personnages complexes, certains acteurs ne manquent pas de sortir du lot (le sobre et élégant Lambert Wilson et le surprenant Raphaël Personnaz en tête).
*Ses points faibles : On ne fera pas de reproches à Mélanie Thierry, qui tente comme elle peut de faire vivre un personnage qui nous agace au plus le film avance, au point de nous désintéresser complètement de ses histoires de cœur. Dommage, sachant qu’elles sont quand même (justement) le cœur de l’intrigue. Par ailleurs, les scènes trop bavardes sont entrecoupées de scènes de combats aussi mouvementées qu’un voyage en petit train touristique. Après 2h20 de projection, on ressort de la salle, apathique...
Outrages : C’est le retour de Takeshi Kitano à ses premiers amours : le monde des Yakuzas ! Alors, autant dire que les fans du cinéaste japonais attendent avec impatience et fébrilité le dernier né du réalisateur de L’été de Kikujiro, Dolls ou Achille et la Tortue. La Croisette s’enflammera-t-elle pour cette histoire de guerre des clans entre des mafieux prêts à tout pour atteindre les sommets ? Réponse demain...
Biutiful : Après son Prix de la mise en scène obtenu en 2006 avec Babel, Alejandro Gonzalez Inarritu fait figure de concurrent très sérieux à la Palme d’Or cette année. Le brillant cinéaste mexicain, qui s’est fait connaître grâce à ses Amours Chiennes en 2001, s’est attaché ici les services du comédien Javier Bardem. Celui-ci incarne Uxbal, un père dévoué et un amant tourmenté décrit comme un intermédiaire de l’ombre, sensible aux esprits, survivant au cœur d’une Barcelone invisible et qui tente de trouver la paix pour protéger ses enfants et se sauver lui-même...
*Alors que la jeunesse était en force lors de la conférence de presse de La Princesse de Montpensier avec la présence des acteurs principaux du film (Gaspard Ulliel, 25 ans – Mélanie Thierry, 28 ans – Grégoire Leprince-Ringuet, 22 ans), ce sont les aînés qui ont monopolisé l’attention. Si Bertrand Tavernier s’est parfois égaré en anglais aux questions de certains journalistes et que le compositeur Philippe Sarde n’a pas manqué de rappeler qu’on lui devait pas moins de 300 musiques de films (excusez du peu), Jean Cosmos, le scénariste, en a profité pour faire une petite remarque à l’attention des journalistes de la salle. Et plus particulièrement sur ceux qui pourraient lui reprocher de faire des dialogues trop écrits. Il rétorque : « Je ne comprends pas ce que ça veut dire des dialogues trop écrits. Si vous ne voulez pas de dialogues trop écrits, alors à quoi ça sert d’écrire ? ».
*Cachez-moi ce sein que je ne saurais voir ? A Cannes, cette phrase prête forcément à sourire puisqu'on ne peut éviter de penser à la mésaventure de Sophie Marceau sur le tapis rouge en 2005. Mais pas de quoi choquer la Croisette quand même au regard des films que l'on peut découvrir dans la compétition officielle ou dans les sections parallèles. Alors bien sûr, les cinéastes crieront que leurs actrices ne font que servir l'Art quand elles se mettent à nu dans leurs films, mais il faut reconnaître que cette année, nombreuses sont celles à avoir décidé d'opter pour la tenue d'Eve. De Sara Forestier dans Le nom des gens, à Léa Seydoux dans Belle Epine, en passant par Louise Bourgoin dans L'autre monde, ou encore Mélanie Thierry dans La Princesse de Montpensier et Jeon Do-yeon dans The House Maid, les comédiennes n'ont pas eu froid aux yeux visiblement. Ah, que ne ferait-on pas pour la beauté de l'Art...
Le Godard nouveau est arrivé
*S'il y a bien un film que l'on attend peut-être un peu plus que les autres dans la sélection Un Certain Regard de cette année, c'est bien le Film Socialisme de Jean-Luc Godard. Le cinéaste français de 80 ans dévoilera son nouveau film à Cannes deux jours avant sa sortie en France. Un film qui dépeindra le monde actuel à travers six histoires tournées dans plusieurs pays d'Europe. Toujours reparti les mains vide de Cannes, Jean-Luc Godard pourrait peut-être inverser la tendance cette année...
Prix gay et lesbien
*Cela fait bientôt vingt ans que les plus grands festivals du cinéma tels que la Berlinale ou la Mostra de Venise ont leur prix gay en marge de la compétition officielle. Il était temps que Cannes se mette à la page à son tour. Et pour la première fois cette année, un prix gay et lesbien viendra récompenser le 22 mai un film pour sa contribution aux questions lesbiennes, gays, bi ou transsexuelles, quelle que soit la sélection dans laquelle il officie (Sélection officielle, Un Certain Regard, La Semaine de la Critique, La Quinzaine des réalisateurs). L'an passé, de I love you Phillip Morris à Nuits d'Ivresse Printanière en passant Humpday, nombreux étaient les films à avoir abordé ce thème, tous genres confondus.
Lost, Desperate Housewives, Grey's Anatomy...
*Bien que dédié au 7ème Art, Cannes est une plaque tournante mondiale pour le monde de la télé, où il faut être vu à tout prix. Aussi pouvait-on remarquer une présence massive de stars de séries télés qui on ravit les chasseurs d'autographes toujours à l'affût. Citons entre autres Eva Longoria Parker (Desperate Housewives), Evangeline Lilly ou Michelle Rodriguez (Lost). En attendant très prochainement pour ses demoiselles le séduisant docteur Mamour Patrick Dempsey de Grey's Anatomy...
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Cinéma
Aujourd'hui à Cannes : Tavernier déçoit et les actrices se mettent à nu
Publié le 17 mai 2010 à 08:25
Bulletin du lundi 17 mai 2010.
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