Ami intime de Georges Fillioud dont on a appris la disparition cet après-midi, Jacques Sanchez a voulu lui rendre hommage pour sa première chronique sur puremedias.com où il se plongera désormais dans l'histoire de la télévision.
Georges Fillioud démarre sa carrière de journaliste à Europe numéro 1 au milieu des années 50. Il devient rapidement rédacteur en chef de la nouvelle radio dirigé par Sylvain Floirat.
Son soutien à François Mitterrand, candidat à l'élection présidentielle de 1965 lui coûte sa place. Le jeune journaliste décide alors de se lancer dans une carrière politique. Il suit François Mitterrand et ses amis socialistes. Il est élu député de la Drôme puis maire de Romans avant de devenir le ministre de la communication de François Mitterrand en mai 1981. Il restera fidèle à François Mitterrand tout au long de sa vie. Sa fascination pour l'homme d'état est grande.
Georges Fillioud est un homme d'une rare fidélité. Tous ceux qui l'ont cotoyé pourront le confirmer. Fidéle, enthousiaste, passionné et cultivé cet amoureux de la vie n'a jamais cessé de s'intéresser aux autres. J'ai eu la chance de faire partie des intimes de Georges. J'ai beaucoup aimé discuter et échanger avec lui. Ce fin politique connaissait parfaitement le monde des médias et de la communication.
Il est le premier ministre de la communication à connaître ses dossiers, à s'intéresser de près à l'évolution de la radio, de la télévision et aux nouvelles technologies de l'audiovisuel. Il a modernisé la radio et la télévision dès son arrivée au ministère de la communication. En seulement cinq années, il met en place les radios libres, il crée la première chaîne à péage. Ce que l'on ne sait pas c'est que nous lui devons le nom de Canal +. Il propose un jour ce nom de Canal + au cours d'une réunion avec les futurs dirigeants de la quatrième chaîne. A partir de 1985, LA CINQ, TV6 puis M6 voient le jour grâce à l'enthousiasme et à la volonté du ministre de tutelle. Dès 1982, il présente une loi déclarant que la "communication audiovisuelle est libre".
Ce fabiusien de la première heure ne retrouvera pas de fauteuil ministériel après la première cohabitation. Mais François Mitterrand ne l'oublie pas pour autant et lui confie la présidence de l'INA en 1990. Il modernise cet établissement public en s'intéressant de près aux archives de la télévision.
C'est durant l'été 1990, quelques mois seulement après son arrivée à la tête de l'INA que je rencontre cet homme passionné et passionnant. Je rencontrerai un peu plus tard celle qui partage sa vie depuis 1983, la comédienne Danièle Evenou, ex-compagne de Jacques Martin et grande vedette populaire. Sa folie et sa joie de vivre vont embellir la vie de Georges. Ils ne se quitteront plus jamais et vivront 28 années d'un amour sans faille.
Atteint par la limite d'âge, Georges Fillioud doit quitter l'INA en 1994. Cette loi mise en place par François Mitterrand en 1983 signe la fin de la carrière publique de Georges Fillioud. On a souvent dit que le président de la République avait souhaité cette loi pour se débarrasser de Pierre Desgraupes, président d'Antenne 2 entre 1981 et 1983 jugé trop indépendant. L'ancien ministre rejoindra le conseil d'administration de l'AFP et le conseil de surveillance de LA SEPT à la fin des années 90. Mais l'homme actif va commencer à s'ennuyer. La politique lui manque, les responsabilités aussi.
Merci à toi mon cher Georges pour tous ces moments délicieux passés ensemble. Merci pour ton enthousiasme, ta culture et ton humour. La télévision française d'hier et d'aujourd'hui te doit beaucoup...