Entre Free et ses concurrents sur le marché de la téléphonie, la hache de guerre est loin d'être enterrée. Souvenez-vous : le 22 novembre dernier, le groupe Iliad/Free portait plainte en diffamation contre une journaliste du quotidien économique Les Echos. Cette dernière avait rapporté des propos tenus par Didier Casas, secrétaire général de Bouygues Télécom, dans lesquels il dénonçait une "notion nouvelle de réseau vide qui couvre" à propos du réseau de Free Mobile. Il avait à l'occasion explicité ses propos, évoquant "la décision de Free Mobile de ne pas investir dans un vrai réseau". Dès mars, Iliad/Free avait prévenu que son courroux serait terrible, annonçant qu'"à compter de ce jour, [il] attaquera[it] en justice toute personne dénigrant la réalité de sa couverture ou de ses investissements."
Bouygues Télécom, sûrement fâché d'avoir du envoyer M. Casas s'expliquer en tant que témoin assisté dans l'affaire, a contre-attaqué le 6 décembre en assignant le groupe de Xavier Niel en justice pour "dénigrement" et "concurrence déloyale". Le groupe Bouygues réclame ainsi 100 millions d'euros à Free. Selon une source proche du dossier rapportée par Challenges, "la question qui est posée à travers cette plainte, c'est de savoir s'il est normal que la concurrence, même intense, puisse passer par le fait d'insulter des concurrents, et ce de manière répétée et systématique". Et d'ajouter : "de telles injures, un tel dénigrement (...) portent atteinte au bon fonctionnement du marché dans son ensemble".
Free Mobile, dans ses dernières publicités, n'hésitait pas à faire passer les clients de ces concurrents pour des "pigeons". Ces pubs avaient d'ailleurs donné lieu à plusieurs passes d'armes par campagne interposée entre SFR, Bouygues et Free. Comme pour l'attester, un salarié de Bouygues Telecom a récemment confié à nos confrères de Challenges: "Maintenant, nous allons passer à l'offensive, d'autant plus sereinement que celle-ci a été préparée depuis longtemps". En fait, la guerre ne fait peut-être que commencer.