Sophie Ellis-Bextor© Polydor
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Elle est anglaise, il est français. Elle est chanteuse, il est DJ. Sophie Ellis-Bextor et Junior Caldera ont récemment uni leurs forces pour le titre [musique:368078 "Can't Fight This Feeling"], joli carton dans les clubs européens, et dont ils ont tourné le clip à Paris début mars. Cinquième extrait du premier album de Junior Caldera, le titre s'est depuis est fait une place dans le top 15 des ventes de singles chez nous, alors que Sophie Ellis-Bextor lance outre-Manche son quatrième album solo.Récemment de passage à Paris, Sophie Ellis-Bextor a retrouvé Junior Caldera pour assurer la promotion de ce duo. La chanteuse revient sur l'origine de cette collaboration, qui fait suite à un autre featuring, cette fois sur un titre des Freemasons. La chanteuse en dit plus sur son troisième opus, "Bittersweet", sur la place de la dance dans le paysage musical actuel, et sur le piratage, qui met selon elle tous les artistes sur un pied d'égalité. De son côté, Junior Caldera évoque son album, la difficulté de se faire un nom en tant que DJ, et l'évolution du rock et du hip-hop, désormais ouverts à l'électro.
Ozap : Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Sophie Ellis-Bextor : On s'est rencontrés dans le studio la première fois en fait, non ? Je me souviens que Junior avait déjà le titre "Can't Fight This Feeling", mais il recherchait un chanteur et j'ai été approchée par le directeur de sa maison de disques.
Junior Caldera : Oui en fait, c'est mon chef de projet qui connaissait Sophie, il avait travaillé avec elle sur "Murder on the Dancefloor", et c'est lui qui a proposé le projet à Sophie. Elle a aimé la musique et voilà, ça s'est fait comme ça. Après on s'est retrouvés en studio à Londres.
Quelle est l'inspiration du titre "Cant Fight This Feeling" ? Le titre n'est pas sans rappeler "Hung Up" de Madonna...
Sophie : Déjà, je prends ça pour un compliment ! (Rires) Clairement ! Je suppose qu'il y a un peu le même son, c'est vrai...
Junior : En fait ce qui s'est passé, c'est qu'à la base l'instru ce n'était pas ça. Sophie a enregistré sa voix sur autre chose. Et ensuite, on a cherché à faire quelque chose de plus pêchu. C'est vrai que ca a donné ça, mais on ne s'est pas inspiré de Madonna. Ceci dit, il est vrai que la montée avec la voix filtrée et les synthés filtrés ca peut faire penser à Madonna. Mais bon on le prend comme un compliment.
Sophie : Il y a la même urgence dans les paroles, à propos d'une personne dont on aimerait se débarrasser.
Sophie c'est ta seconde collaboration avec un DJ après ta participation au titre "Heartbreak (Make Me a Dancer)" des Freemasons. Pourquoi as-tu décidé de faire deux featurings avant de lancer ton propre album ?
Sophie : C'est juste une histoire d'enchainement en fait et de timing avec la sortie du single des Freemasons. J'ai eu mon bébé en février 2009, et les Freemasons sortaient leur single en avril. Je ne me sentais donc pas prête pour m'occuper de la sortie de mon album. Et j'adore ce que font les Freemasons de toute façon, donc peu importe le timing. Mon album est définitivement "dance-centric" et j'ai travaillé avec beaucoup de DJs, Junior, Calvin Harris, les Freemasons... donc je suis dans un univers de dance. Ce n'est pas forcement réfléchi. Tout ça arrive, c'est tout... Et si je l'ai fait, c'est peut-être aussi parce que je suis aussi DJ, donc ça m'a un peu stimulée et mise dans cet état d'esprit de faire des featurings avec des DJs.
Peux-tu me parler de ton album à venir ?
Sophie : "Bittersweet" sort en Angleterre cette semaine, donc je passe beaucoup de temps dessus en ce moment. L'album est très positif, pop dansant, électro, fun. Je suis très contente de cet album. J'ai pris beaucoup de plaisir à le faire.
Tu dis que cet album est très, je vais inventer un mot, "DJ-esque"... ?
Sophie : (Rires) Oh oui ! J'adore ce mot ! C'est exactement ça. Je pense que ca vient aussi de ce qu'est la musique d'aujourd'hui. Il y a beaucoup de dance à la radio et d'effet électro. Je ne sais pas pour la France vraiment, mais en Angleterre, les groupes plutôt garçon et guitare comme les Snow Patrol ou Bloc Party, ils deviennent de plus en plus électro. Madonna se met à faire de la dance. Il y a un vrai mouvement vers ca.
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Oui, comme le R&B qui devient de plus en plus électro aussi, comme Kelis avec David Guetta, ou les Black Eyed Peas...Junior : Tout a fait, et de toute façon ca va partir comme ca...
C'est plutôt bien pour toi du coup, Junior !
Junior : Ah oui, et David Guetta a ouvert plein de portes à ce niveau-là. Il y a beaucoup d'artistes R&B, même dans le hip-hop, qui veulent faire de l'électro maintenant. Donc il y a vraiment pas mal de choses qui vont s'ouvrir.
Sophie, je te vois acquiescer sur ce que vient de dire Junior (qui parle français, NDLR). Tu comprends le français ?
Sophie : (Rires) Oui, je comprends un petit peu.
Junior : Oh oui, elle comprend très bien (rires) !
OK je vais me méfier alors... ! Junior, peux tu me parler un peu de ton album "Debut" ?
Junior : Oui en fait, on l'a réédité au mois de janvier car il était déjà sorti l'année dernière mais sans le titre "What You Get". C'est un album assez électro-pop avec pas mal de featurings sur tous les tracks, et notamment donc Sophie.
Et ca se passe donc plutôt bien...
Junior : Oui ca se passe très très bien. On en est déjà au quatrième single. Donc oui tout va bien, et surtout avec "What You Get", ça a pris de l'ampleur.
Sophie, tes visuels, que ce soit pour tes clips vidéos ou les pochettes de tes disques, sont toujours très colorés, fun, très inspirés, différents... C'est toi qui choisis ces visuels, et est-ce que tu t'investis beaucoup dans ce processus de création ? C'est important pour toi ?
Sophie : Oh oui ! J'adore ca. Tu sais, c'est l'univers de la pop. L'image et la musique vont de pair. Et ca fait pas mal de temps, quand tu regardes des artistes comme Prince, David Bowie, Madonna ou Michael Jackson, ils avaient tous une image très forte. C'est un monde entier que tu crées. J'adore faire tout ça, que ce soit le photoshoot, le clip... Je trouve ca génial. Et tu as la possibilité d'étendre l'influence de ta musique en créant un vrai monde ou ton public peut entrer.
Et ton univers est souvent très coloré, comme le maquillage que tu portes aujourd'hui (elle porte du vernis jaune, NDLR) !
Sophie : (Rires) Oui ! Je suis stimulée par la couleur. Ca me fait me sentir bien je suppose.
Ca fait maintenant 10 ans que tu es dans le monde de la musique...
Sophie : Je sais ! Ca fait un bout de temps !
Tu n'en as pas marre parfois, et comment réussis-tu à rester créative, contemporaine et authentique ?
Sophie : Oh je ne sais pas si je reste toujours authentique. Mais je fais toujours de la musique que j'aime faire. C'est pour ca que je garde la même passion, la même fraicheur. J'adore créer de la musique, rencontrer des nouvelles personnes, garder l'esprit ouvert. Et je me sens toujours comme le premier jour ou je suis arrivée avec "Groovejet".
Junior, de retour à toi, comment un DJ en vient à faire sa propre musique ?
Junior : En fait, c'est plutôt l'inverse pour moi, car j'ai toujours fait de la musique bien même avant d'être DJ. J'avais un groupe de rock donc j'ai toujours composé avant. Ca m'est venu naturellement.
Tu parles de rock et tu fais maintenant de l'électro, c'est un sacré saut en manière de genre musical...
Junior : Pour moi, c'était naturel, il y a beaucoup de groupe qui sont passé du rock à l'électro comme les Chemical Brothers ou The Prodigy. C'est comme ça que moi aussi je suis passé à l'électro. C'étaient mes influences du début. Et il y a aussi le fait que j'étais stage designer pour des boîtes de nuit. C'est à dire que je m'occupais de la mise en place de la déco dans les boîtes et j'ai été très vite touché par le monde de l'électro par ce moyen-là. Et il me reste toujours ce coté rock dans ma musique, que ce soit dans les mélodies de voix, les guitares ou même la rythmique.
Est-ce que tu penses que c'est dur en tant que DJ d'avoir une identité ? Un chanteur est facilement reconnaissable à sa voix, mais pour un DJ, qu'est ce qui fait son style ?
Junior : C'est grâce à tes influences justement, les choix de ce qui t'inspire. J'ai des écoutes très éclectiques rock, reggae, world music. Et après c'est la façon de lier ces influences, tes envies aussi qui font ton style, ta patte.
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Sophie, en parlant de DJ, peu de personne savent que tu es aussi DJ. Que penses-tu des DJs célèbres - je suis obligé de mentionner David Guetta qui marche très bien en ce moment, et ce n'est pas pour être chauvin... !
Sophie : En fait, DJ, c'est vraiment un hobby pour moi, c'est pour le fun. Mais ça me fait énormément de bien. David Guetta connaît un succès phénoménal. Mais les français ont toujours été très bons en musique électro. J'ai toujours aimé la scène électro française ; je me souviens quand "Groovejet" est sorti, il y avait en même temps la chanson "Lady" de Modjo, et j'adorais ça !
Oui mais ca ne marchait qu'en Europe avant, l'électro. Et les USA s'y mettent enfin...
Junior : Oui, enfin les USA ont mis du temps à s'y mettre aussi. Modjo n'a en effet sûrement pas connu le même succès aux Etats-Unis qu'en Europe, mais je pense que s'ils sortaient leur chanson maintenant là-bas, ça serait autre chose.
Pour en revenir à ton album, Sophie, que peux-tu me dire sur la chanson "Dial My Number" ?
Sophie : C'est une chanson sur un stalker, un fan un peu collant (rires). C'est une personne, homme ou femme je ne sais pas, qui m'envoyait pas mal de messages sur mon téléphone à une époque. (Son téléphone reçoit un SMS au même moment) Oh mon dieu c'est lui ! (Rires) Enfin, j'avais pensé que ce serait drôle d'écrire une chanson là-dessus. Et j'essaye toujours de m'inspirer de plein de choses différentes qui arrivent dans ma vie. Et c'est une chanson sur quelqu'un qui a votre numéro, qui vous appelle, mais vous savez qu'il n'arrivera jamais rien avec cette personne, pas mal de gens peuvent comprendre ça.
C'est le genre de choses qui n'arrive pas à tout le monde... C'est un aspect quand même très étrange de la célébrité, d'avoir quelqu'un qui vous harcèle et qu'on ne connaît pas, non ?
Sophie : Oh ca peut arriver à tout le monde, non ? Regarde avec Twitter et Facebook, tout le monde a accès à ta vie, et peux te demander en amis... Et Twitter est le plus bizarre car tout le monde peut te suivre, tu n'as même pas à accepter la demande en ami. Donc ca peut arriver à tout le monde.
Junior, Facebook et twitter c'est justement c'est un bon moyen pour un DJ de se faire connaître ?
Junior : Oh oui c'est énorme, je vois sur mon Facebook que j'ai mis en place il y a quelques mois, on a déjà plus de 6..000 fans. C'est génial. Alors que bon sur MySpace, ca fait plus d'un an et on en est à 3..000. Tu vois la différence, c'est beaucoup plus interactif, les gens t'écrivent, tu peux mettre en place les soirées où tu mixes tes morceaux.
Mais le fait que vous mettiez vos morceaux en ligne, on peut donc écouter vos titres en boucle sans les acheter sur iTunes ou autres...
Sophie : Oh mais c'est bien. Ca permet l'accès à ta musique. Je suis complètement pour. Ca met tous les artistes sur le même pied d'égalité. Tout le monde est pareil. Et puis quand j'étais plus petite, je me souviens que j'enregistrais sur cassette les charts. Et je réécoutais ensuite dans mon walkman. Ca fait donc pas mal de temps qu'on peut écouter de la musique quand on veut sans l'acheter. Du moment que la musique est écoutée, ça me va !
Tu compares donc le piratage à l'enregistrement sur cassette audio ?
Sophie : (Rires) Mais oui ! En plus, l'important c'est que ca ne t'empêche pas de faire ensuite des superbes concerts, ou des jolies pochettes. Et si les gens ont ensuite envie de faire partie de ce club, il existe des moyens. Mais peut être que ca veut dire que les choses doivent changer un peu.
De retour sur tes débuts, tu as commencé ta carrière solo, après ta participation au titre "Groovejet", avec une reprise de Cher, "Take Me Home". Pourquoi ce choix ?
J'écoutais beaucoup l'album de Larry Levan "Live at Paradise Garage". Ce CD était génial, plein de remixes live, et une des pistes était un version de 7 minutes de "Take me Home". Et je me disais que c'était une chanson superbe que peu de gens connaissaient, alors je me suis dit que je pourrais l'emprunter.
Depuis tes débuts, les critiques ont généralement été très bonnes envers tes singles et tes albums. Pourtant, les ventes ne sont pas toujours à la hauteur de la qualité musicale. Et souvent l'inverse arrive avec un titre très mauvais, mais qui se vend énormément...
Sophie : C'est justement ça la musique. Tu peux avoir tout ce qu'il faut sur le papier et pourtant faire un bide. Les chansons, une fois qu'elles sont sorties, ont leur propre vie. Des fois ca prend, des fois ca ne prend pas. Le pire est que parfois, une chanson n'a même pas l'opportunité de se faire écouter. Quand j'ai sorti mon troisième album, tous les charts étaient remplis de garçons avec leurs guitares et c'était tout. Ce n'était donc pas le bon moment. Faire de la musique qui compte pour vous et qui vous plaise est le plus important. Donc par moment tu dois juste en prendre ton parti et rester fidèle à ton style. Dans mon cas, j'ai toujours fait de l'electro, de la musique fun depuis "Groovejet", et on revient à ça dans les charts, donc le timing est plutôt en ma faveur en ce moment !
Sophie tu es mannequin, chanteuse, mère de deux enfants, propriétaire d'une boite de nuit, DJ... Tu dors quand ?
Sophie : Euh... quand je suis en promo ? (Rires) Mon plus jeune a un an, et il se réveille à 6h30 tous les matins, donc oui, je ne dors pas beaucoup.
Et toi Junior, ca dort quand un DJ ?
Junior : Ca dort peu surtout. La semaine tu produis et le week-end tu joues.
Donc le manque de sommeil, c'est la rançon du succès ?
Sophie : Ah je pense juste que tu priorises ce qui est important... mais il est possible que je revois mes priorités en fait... Je vais aller me coucher (Rires)
Ozap vous propose de découvrir le clip "Can't Fight This Feeling" de Junior Caldera et Sophie Ellis-Bextor :