Victime, héros, mais en partie responsable. Babu, mort le 29 septembre dernier électrocuté sur les voies du métro pour avoir selon les premiers témoignages tenté de secourir une jeune femme, était alcoolisé. C'est ce que révèle Le Parisien/Aujourd'hui en France ce matin. Babu, de son vrai nom Rajinder Singh, 33 ans, avait plus de 2 grammes d'alcool dans le sang au moment des faits affirment les expertises toxicologiques.
Babu avait été poussé par un Egyptien avant de décéder électrocuté. Une histoire relayée dans Le Parisien/Aujourd'hui en France le 4 octobre dernier, en Une le lendemain. "Après la mort du héros du métro, formidable élan de générosité pour Babu" titrait le journal. Une double page intérieure : "Ce drame qui ne laisse personne indifférent". La photo du suspect arrêté à Paris. Des témoignages de solidarité. Et deux ministres, Thierry Mariani et Frédéric Mitterrand venus se recueillir à la station Crimée pour lui rendre un dernier hommage. "Un héros ordinaire" s'émeut la classe politique. Babu est décrit par ses proches comme "la bonté incarnée" .
Tout aurait pu s'arrêter là si l'enquête policière avait confirmé le déroulé de ces événements. Il n'en est rien. La vidéosurveillance a parlé : Babu n'est pas la victime. Mais l'agresseur. Il a porté lui-même les premiers coups à Mohamed, cet Egyptien de 22 ans. Qui riposte, par légitime défense. Et provoque la chute de Babu sur les rails à haute tension du métro. L'origine de cet affrotement fatal ? "Durant le trajet, Babu aperçoit l'homme en train d'essayer de voler le téléphone portable d'une femme. Il s'interpose. L'agresseur l'entraîne sur le quai pour en découdre. Alors que les coups pleuvent, Babu chute sur les rails. Il meurt électrocuté, tandis que son agresseur prend la fuite" croyait savoir Le Parisien/Aujourd'hui en France le 5 octobre dernier. Une version défendue par plusieurs amis de Babu. "Un scénario qui n'est qu'accumulation d'on-dit et de rumeurs" dénonce dans Libération du 13 opctobre l'avocat de l'agresseur présumé.
Car la réalité est tout autre : Mohamed n'a pas tenté de voler le portable de qui que ce soit, aucun témoignage ne corrobore cette version des faits. Il offrait des bonbons aux touristes américaines, jouait avec son iPhone. Un comportement qui irrite Babu. Mohamed descend plus tôt que prévu, à la station Crimée, suivi par Babu et cinq amis. Mohamed téléphone, encerclé par les personnes accompagnant Babu. Dès qu'il raccroche, cet Indien se jette sur lui (lire le récit complet sur LIbération.fr, accès payant). Ca dégénère, Mohamed se défend et Babu tombe sur les rails du métro, meurt électrocuté. Mohamed sera interpelé quelques jours plus tard, le 4 octobre.
Ses amis racontent aux policiers leur version des faits qui fait de Babu un "héros ordinaire". Elle se retrouvera à la Une du Parisien une semaine plus tard. "Les articles consacrés à Babu ont suscité des centaines de commentaires émus, partagés par des milliers d'autres internautes. Par des appels téléphoniques à notre rédaction ensuite. Alors que la famille du jeune homme avait des difficultés à réunir les 5 000 € nécessaires au rapatriement du corps en Inde, de nombreuses propositions de dons ont afflué, de l'agent de sécurité au cadre supérieur, en passant par des associations" écrivait le journal le 5 octobre. Deux jours plus tard, la vidéosurveillance démonte point par point la version initiale de ce fait divers. Et deux nouveaux témoins devraient dans les prochains jours, toujours selon Le Parisien, accréditer la thèse d'un homme en état d'ivresse au moment des faits.