Une belle promotion. Dans une chronique publiée hier dans Libération et intitulée "Sauver les médias", Thomas Piketty avait décidé de se pencher sur le modèle économique des médias français. "Affaiblis par la chute des ventes et des recettes publicitaires, les médias passent progressivement sous la coupe de milliardaires aux poches bien pleines, souvent au prix de la qualité et de leur indépendance", dénonçait-il. Et de citer Bruno Ledoux à "Libération", le trio Bergé-Niel-Pigasse pour "Le Monde" et "L'Obs" ou encore Bernard Arnault aux "Echos" via le groupe LVMH.
Pour redonner de l'indépendance aux médias, l'économiste plaidait dans son billet pour une refondation de leur modèle économique passant notamment par "le partage du pouvoir et le financement participatif". Il faisait ainsi siennes les idées défendues par Julia Cagé, économiste des médias, et recommandait la lecture de son livre "tonique et optimiste" sur le sujet : "Sauver les médias. Capitalisme, financement participatif et démocratie".
Problème, Julia Cagé n'est pas vraiment une inconnue pour l'économiste. Comme l'a relevé le site Arrêt sur images, il s'agit... de sa femme ! Un lien de proximité qui n'est à aucun moment mentionné dans la chronique. Contacté par nos confrères, le journal a indiqué avoir proposé à Thomas Piketty de glisser l'information via une note en bas de page, ce qu'il a refusé.
Egalement joint par le site, Thomas Piketty assume. "Je fais référence aux travaux de Julia Cagé dans la mesure où ils sont pertinents pour les questions dont je traite, exactement de la même façon que pour les travaux de toute autre personne", s'est-il défendu. "Remettre en cause la compétence professionnelle de Julia Cage, la mienne, et la probité des arguments échangés, sans même chercher à les examiner, simplement en évoquant telle ou telle relation privée, ne me semble pas justifié", a-t-il fait valoir.