Requiem pour une tueuse : A viser trop haut, on rate sa cible

Pour son premier film, le réalisateur et scénariste Jérôme Le Gris a fait fort. Mais si l'on peut louer ses grandes ambitions, il a suivi de trop près une trame hitchcockienne alors que son manque d’expérience l’amène visiblement à patauger. Requiem pour une tueuse s'ajoute ainsi à la liste de ces films pas magistraux mais qu’on peut avoir un peu honte d’aimer, surtout si on admire Mélanie Laurent. L'actrice se transforme ici avec brio en une sorte de femme fatale à la française, s'éloignant au passage de son image de Je vais bien, ne t'en fais pas et suivant les traces de Sophie Marceau dans Anthony Zimmer. Suffisant ? Non.



Le casting est vraiment parfait, Mélanie Laurent, Clovis Cornillac et le séduisant Christopher Stills, qui n'est autre que le fils de Véronique Sanson et accessoirement l'interprète de Jules César dans la comédie musicale Cléopatre, face à Sofia Essaidi. Si ce trio fonctionne à merveille dans des décors de rêve, tout le reste est bien convenu et l’on aurait tendance à suggérer de change de titre au profit d'un plus approprié Requiem pour le déjà vu.

Pourtant, tout est là : deux assassins qui en veulent à la même personne, une histoire d’amour inévitable entre la tueuse et sa victime et l’idée de la criminelle repentie qui fait toujours son petit effet. Comme tout cela est touchant (façon Léon) ! On voyage dans un superbe château où tout le monde est très classe mais à force de vouloir faire trop beau, on a oublié de travailler l’intrigue, et la mort passe vaguement et sans aucun drame, sans émotion aucune. On est totalement blasés de voir la scène de l’homme d’affaires impitoyable dans des bureaux étincelants de propreté, prêt à assassiner pour réaliser son projet, mais mon Dieu, on aurait pu trouver plus original, n’importe quoi sauf ça !



Toutefois, Requiem pour une tueuse, thriller dynamique, réussit aussi à être humoristique : il est amusant de voir les invités succomber à un poison et continuer de faire comme si tout allait bien. Xavier Gallais en directeur de festival hyper nerveux qui fait toutes sortes de mimiques, semble jouer le rôle du clown.

Le Gris a en fait visé un peu trop haut en voulant rendre hommage à Hitchcock, en y mêlant une aura d’Agatha Christie et amenant son héroïne à manipuler différents poisons. Si Requiem pour une tueuse manque de punch, il annonce toutefois d’autres films plus aboutis, avec, on l'espère, la même actrice, dont le talent s’épanouit dans de multiples directions. Tout cela ressemble à une petite fille qui a voulu mettre la robe noire et les escarpins de sa mère : assez charmant, mais maladroit.