Les journalistes étaient venus nombreux ce matin pour attendre Vincent Bolloré à la sortie du CSA après son audition devant les Sages. Lui-même s'en est étonné. "Canal est un immense établissement français et international et c'est très heureux d'être pouvoir auditionné, c'est un toujours honneur et un plaisir", a-t-il simplement déclaré aux caméras présentes, dont celle de "Médias le mag" sur France 5.
"Je crois beaucoup à la régulation française", a-t-il expliqué, serein, quelques instants plus tôt avant de repartir non pas en Autolib mais dans sa propre voiture, sans chauffeur. Ce n'est pas anodin, il écrivait il y a peu dans sa lettre aux salariés que l'arrogance "n'est pas un comportement qui permet d'avancer".
Le gendarme de l'audiovisuel avait convoqué le milliardaire breton, venu accompagné de Jean-Christophe Thiery, le président du Directoire du groupe Canal+, et de Maxime Saada, le directeur général. Le rendez-vous a duré près de deux heures. Vincent Bolloré a défendu son "impartialité politique" et a nié toute volonté de censure tant de documentaires que des "Guignols".
Mais l'industriel a voulu donner des gages de sa bonne foi aux Sages. Il s'est donc engagé à créer un "comité d'éthique" : une structure qui sera chargée de "garantir, sous le contrôle du CSA, l'indépendance éditoriale comme celle de l'information" de Canal+. Il s'est également engagé à rouvrir de façon "élargie et pluraliste" le comité d'éthique d' iTELE.
Mais le CSA a décidé de placer Vincent Bolloré sous surveillance. Les Sages lui ont annoncé qu'ils allaient ouvrir de leur côté un "groupe de travail qui sera chargé d'examiner l'ensemble des conséquences" du changement de stratégie et du virage éditorial mis en place par Bolloré. Ce qui, dans le jargon policé du CSA, sonne comme un avertissement.
JB/BD