

"L’heure américaine a été transformée en horreur américaine…". Jeudi 6 février 2025, le syndicat des journalistes de France Télévisions a fait part de sa stupéfaction et de sa colère à la suite d'un débat mené vingt-quatre heures plus tôt sur Franceinfo. À l'antenne du canal 27 de la TNT, en deuxième partie de soirée, le journaliste Julien Benedetto, entouré de plusieurs experts, avait organisé un débat sur la dernière sortie de Donald Trump : vouloir faire de "Gaza, la Côte d'Azur du Moyen-Orient". Après une discussion politique sur la situation à Gaza - où 70% des bâtiments sont détruits depuis les bombardements israéliens selon l'ONU - la discussion a pris un tournant inédit.
En plateau, le journaliste a ainsi reçu Franck Delvau, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie d’Île-de-France (Umih), afin de décrypter le réalisme de la proposition émise par le président américain. "On aurait pu croire à une parodie, de mauvais goût, mais non. Mercredi soir, dans 'l’heure américaine' sur France Info, un professionnel du tourisme en Ile de France était invité à s’exprimer sur le thème, inscrit en bandeau : Gaza 'Côte d’Azur' et si c’était possible ?" déplore le SNJ de France Télévisions dans un communiqué. "Non, on ne rêve pas, le présentateur lui demande 'Gaza en Riviera, est-ce que ça a du sens pour le professionnel du tourisme que vous êtes ?'. Et d’ajouter, 'la bande de Gaza a des atouts, on l’a déjà dit'. On a de la peine à y croire, surtout lorsque l’invité explique qu’il faut un bon niveau de sécurité pour cela et évoque la grève des poubelles à Paris qui avait provoqué des annulations".
En direct, pendant plus de cinq minutes, les protagonistes vont donc discuter de la potentialité de transformer Gaza en "Côte d'Azur du Moyen Orient". "On a beaucoup parlé de l'aspect politique de cette proposition de Donald Trump. On va laisser la politique de côté un instant et on va accueillir Franck Delvau", lance alors Julien Benedetto à 22h27. "On a voulu vous inviter ce soir parce qu’on a envie de voir si cette proposition de Trump a vraiment vocation à exister sur le plan économique. On a beaucoup dit que Trump est aussi un promoteur immobilier, c’est comme ça qu’il négocie : la bande de Gaza en Riviera, est-ce que ça a du sens pour le professionnel du tourisme que vous êtes ?".
En plateau, son invité du soir se dit "satisfait" de voir Trump "prendre l'exemple de la France, de la Riviera". "Ça permet de rappeler qu'on est la première destination mondiale en termes de tourisme avec 100 millions de touristes", développe Franck Delvau avant de faire un improbable parallèle : "Paris/Île de France est la première destination de tourisme européenne. C'est 2.300 hôtels, environ 200.000 chambres d'hôtels, 33.000 cafés/restaurants et 200.000 personnes qui travaillent dans l'hôtellerie/restauration. Donc vous voyez, avant que demain Gaza devienne peut-être une French Riviera, il va y avoir quand même un peu de travail".
Le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie d’Île-de-France (Umih) poursuit : "Et puis surtout, c’est la sécurité. Les touristes, dès qu’il y a la moindre chose… On l’a vu à Paris avec la grève des poubelles, tout de suite c’est des annulations ! Un touriste, il va là ou là, en fonction de ce qu’il se passe. Le touriste veut voyager safe. Donc Gaza : pourquoi pas, mais ce sera pas tout de suite, parce qu’il faut les infrastructures, un aéroport sûr, du personnel formé, et vous voyez le nombre d’hôtels à Paris : il y a beaucoup de travail".
Un débat "déplorable et totalement inexcusable" pour le SNJ de France Télévisions. "Nous sommes ici au-delà du réel et à mille lieues du journalisme. Dire que ce serait une erreur serait déjà un début d’excuse, alors que c’est inexcusable, intolérable. Ce n’est pas à nous de fixer le degré de sanction, ni de dire qui est responsable. À force de vouloir faire du remplissage par des débats, faute de moyens, on en arrive à parler de tout n’importe comment. Journalistiquement, éthiquement, déontologiquement et humainement, c’est profondément déplorable et totalement inexcusable", écrit le syndicat.
Face à la polémique, Franceinfo a posté un message sur X (anciennement Twitter) ce jeudi après-midi. "Une séquence totalement inappropriée et regrettable a été diffusée hier. Nous l’avons supprimée de notre site et déplorons ce moment", peut-on lire, précisant ainsi que la séquence a été retirée des replays de france.tv. Puremedias vous propose de découvrir la séquence dans la vidéo ci-dessus.