Une "énorme bouze". C'est ainsi qu'Aurélien Ferenczi, éminent critique de Télérama, décrit ce matin "Les Visiteurs 3". Gaumont a éhontément caché à la presse la suite des aventures de Godefroy de Montmirail et de Jacquouille la fripouille. Quasiment aucun journaliste n'a pu voir (et donc publier de critique) avant la sortie du film, une plongée au coeur de la Révolution de 1789 des deux personnages, toujours incarnés par Christian Clavier, Jean Réno. Une censure qui lassait présager une comédie de piètre qualité, que le producteur et distributeur ont voulu masquer jusqu'au dernier moment.
Après avoir découvert le film en salles hier, comme des spectateurs lambdas, les critiques de cinéma livrent ce matin leur verdict. Et il est saignant. A part TF1 News (mais la chaîne le co-produit), la plupart des journalistes décapitent le film. Habituellement plutôt bienveillant, Le Parisien qualifie le film d'"honnête" mais reconnait avoir "peu rigolé", ce qui est embêtant pour une comédie.
Plus sévère, Le Monde retient les "gags qui tombent à plat", le "scénario erratique", la "mise en scène laborieuse, à l'esthétique hideuse", bref "un film franchement décevant". "Quelle merdasse !", renchérit Le Figaro, qui "comprend mieux maintenant pourquoi Jean-Marie Poiré et Christian Clavier n'ont pas voulu montrer Les Visiteurs 3 à la presse". "On n'a pas encore ri une seule fois. Sans doute parce qu'aucune scène n'est drôle et que tous les acteurs sont mauvais", écrivent nos confrères.
La Voix du Nord a été gênée par la succession de grivoiseries de "mauvais goût". GQ, Marianne, Le Point et Le Nouvel Obs enfoncent également le film de Jean-Marie Poiré. Mais le plus sévère reste Télérama qui fustige l'humour scatologique et des acteurs qui "font peine à voir". "Vieux dicton des Montmirail : à force de remuer la merde, on finit par en être couvert. L'obsession de l'étron sous toutes ses formes produit ce dont on se doutait un peu, mais puissance mille : l'énorme bouse, c'est le film lui-même", conclut l'hebdomadaire culturel.