Les syndicats unanimes. D'après les informations du journal "Le Monde", un préavis de grève a été déposé, ce mercredi 4 octobre 2023, par l'intégralité des organisations syndicales de France 24 (CFDT, CGT, SNJ, CFTC, FO), pour un mouvement reconductible à partir du mercredi 11 octobre. Une réunion de la dernière chance est prévue ce vendredi 6 octobre 2023 entre les syndicats et la direction de la chaîne du groupe France Médias Monde.
Depuis l'annonce par la direction d'une réforme des plannings censée répondre à un manque d'effectifs, cette modification d'ampleur des cycles de travail concentre toutes les inquiétudes des salariés de la chaîne publique. "La direction nous avait annoncé que la réforme allait améliorer le bien-être des salariés, alors qu'il n'est question que d'optimisation et de réduction", s'indigne un élu du personnel dans les colonnes du "Monde".
Dans le même temps, une étude commandée par les élus du personnel, à laquelle le quotidien du soir a eu accès, révèle un autre constat. "Même si les personnels permanents en contrat de travail sur chaque métier ne sont jamais absents (les congés et les RTT étant déjà déduits), il manque l'équivalent de 48,63 ETP (équivalent temps plein)", est-il indiqué. Ce nombre atteint 65 (sur 156 ETP) "si l'on prend en compte l'absentéisme", relève le cabinet, qui précise qu'à France 24, l'absentéisme est particulièrement élevé.
Lors d'une assemblée générale (AG), organisée ce mardi 3 octobre 2023, 113 salariés sur 134 votants ont ainsi répondu "oui" au dépôt d'un préavis de grève visant à obtenir la suspension du projet. La chaîne, dirigée par Vanessa Burggraf, a assuré au "Monde" qu'elle reste "évidemment ouverte à la poursuite du dialogue pour répondre à toutes les questions et débattre des différentes options engagées". Il y a près de deux ans, les salariés de la chaîne avaient déjà dénoncé la difficulté de leurs conditions de travail au cours d'une grève historique de six jours. Une motion de défiance avait été votée contre cinq membres de la direction.
Le climat social est également dégradé dans une autre rédaction spécialisée dans l'actualité à l'étranger. Les salariés d'Euronews sont actuellement sous la menace d'un plan de sauvegarde de l'emploi. 15% des 178 salariés licenciés devraient être repositionnés sur un des 144 postes ouverts dans l'une des filiales du groupe. "Un vote d'une motion de défiance" a été planifié les 9 et 10 octobre "vis-à-vis de la direction et de l'actionnaire majoritaire, ALPAC, détenu par Pedro Vargas David et Luis Santos", écrivait lundi 3 octobre le Syndicat national des journalistes dans un communiqué.
"Cette motion s'inscrit dans le contexte plus large des dangers qui pèsent aujourd'hui, en France et dans le monde, sur la liberté de la presse", explicite le SNJ. "Par exemple, des journalistes ont alerté à plusieurs reprises le directeur de l'information d'Euronews, M. Peter Barabas, sur le manque de liberté de la rédaction lorsqu'il s'agit de couvrir le conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Cette question est légitime car Euronews a un partenariat commercial avec l'Azerbaïdjan", a fait remarquer le SNJ, qui s'inquiète de l'ingérence de l'actionnaire dans la vie de la rédaction.
"Le mercredi 20 septembre, entre 23h30 et minuit, l'actionnaire principal d'Euronews, Pedro Vargas David, s'est rendu en rédaction, sans se présenter, et a demandé si un entretien croisé avec des responsables azerbaïdjanais et arméniens sur le conflit se déroulait bien". Autre motif d'inquiétude : "l'utilisation de programmes d'intelligence artificielle pour traduire les informations", l'une des décisions imposées par le directeur général d'Euronews, Guillaume Dubois, contre la volonté des journalistes".