Il est 7h15, ce matin, lorsque la journaliste Mariam Pirzadeh referme son journal : "Un mot avant de se quitter pour expliquer les conditions inhabituelles de votre antenne ce matin, un mouvement de grève a lieu à France 24 depuis minuit heure de Paris pour demander une amélioration des conditions de travail et d'évolution". Un mouvement de grève qui se poursuivra demain, a déjà annoncé la CGT de France Médias Monde cet après-midi.
Le conflit entre salariés et direction de France 24 a pris un nouveau tournant depuis le vote en assemblée générale hier du "maintien du préavis de grève déposé le 12 novembre". "Nous estimons que les réponses à nos revendications apportées ces derniers jours par la direction sont insuffisantes", écrivait, hier en fin de journée sur Twitter, F24 Solidaires.
Parmi ces revendications, la CGT de France Médias Monde citait hier la "réorganisation de la chaîne par compétences et services", "un plan de résorption de la précarité", "des garanties d'un management bienveillant", "une revalorisation des salaires surtout les plus bas", "une garantie d'évolutions de carrière en toute transparence", "la rémunération du temps de travail effectif et le droit à la déconnexion" et "le retrait de la grille d'édition week-end qui est injuste et n'a aucun sens éditorial". La direction a souhaité revenir à un modèle de grille du week-end qui existait avant la crise sanitaire. Selon les mots d'une journaliste en poste depuis dix ans, interrogée par "Télérama", France 24 serait "une marmite prête à exploser".
Cette grève traduit en effet une "souffrance au travail qui se matérialise au quotidien par une absence de motivation généralisée, un épuisement physique et une grande détresse psychologique chez de nombreux employés". Une motion de défiance a été votée contre une grande partie de la direction, relate encore "Télérama" dans son enquête. "Seuls deux sur sept ont été confortés par le vote (Amaury Guibert, récemment débauché de France 2 et Loïck Berrou). Deux directeurs adjoints frôlent les 80 % d'absence de confiance, Nabil Aouadi (79,2%) et Gallagher Fenwick (76,6%), tandis que la secrétaire générale, Sophie Hulot, responsable des plannings, récolte un écrasant 92,6 % contre elle".
Vanessa Burggraf, en équilibre de son côté, est donc une nouvelle directrice de France 24 - elle a été nommée à ce poste en juin - dans la tourmente. Interrogée lundi dans "L'instant M" sur France Inter, l'ancienne chroniqueuse de "On n'est pas couché" a reconnu "un malaise" duquel "il va falloir sortir". Pour rappel, cette dénonciation des conditions de travail intervient à un moment où la chaîne doit affronter un plan d'économies de 16 millions d'euros.
"Jamais un mouvement de grève n'aura été aussi suivi à France 24 et ce n'est que le début. Le malaise est profond. Une prise de conscience et des changements importants sont indispensables. Pour l'instant, la réaction de la direction de France Médias Monde n'est pas à la hauteur des attentes...", expose encore la CGT, qui annonce cet après-midi "une grève historique reconduite pour vendredi".
Selon les chiffres de "Télérama", 360 journalistes en CDI et 175 à la pige, pour les trois antennes (francophone, anglophone et arabophone), travaillent au siège de France 24 à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine).