Oops!... I Did it again : j'ai encore regardé, les yeux embués de larmes, sa prestation aux Video Music Awards 2001. Qu'elle était belle avec ses bottes de cow-boy, son maillot de bain vert et son ventre aussi plat que Jane Birkin ! Un python albinos posé sur les épaules, elle virevoltait sur une chorégraphie qui ressemblait à du Kamel Ouali. Avant d'être in the zone, elle était in the zoo et Blondie était au firmament. Le monde entier lui disait alors : "I'm a Slave 4 U". Puis ce fut la catastrophe : 5 jours après, les Twin Towers s'effondraient. Mais il y eut bien pire : Crossroads sortit au cinéma. Et aujourd'hui, l'ex-charmeuse de serpents n'hypnotise plus grand monde.
Qui veut des places pour le concert de Britney Spears le 6 octobre à Bercy ? Personne ! Ah bon d'accord, on n'a qu'à les distribuer gratos sur Fun Radio alors... Celle qui mimait un orgasme dans un clip surchauffé, la culotte par-dessus le pantalon, n'a plus qu'à aller se rhabiller. Car rares sont ceux qu'elle fait encore rêver. Même Enrique Iglesias n'a pas voulu en entendre parler. L'accompagner en tournée ? Plutôt crever. Ce n'est pas surprenant : Julio Jr est passé maître dans l'art de se débarrasser des vilaines petites choses. Son grain de beauté ? Envolé. Comme sa collaboration avec Britney. C'est donc la semi-star Nicki Minaj qu'on a appelée à la rescousse pour sauver Willy. La fausse rappeuse rebelle a des cheveux à se faire : arrivera-t-elle, comme dans la chanson des Dix Commandements, à nous donner l'envie d'aimer ?
Le Femme Fatale Tour, on aurait bien aimé ne pas en entendre parler... Les rescapés de sa précédente tournée, traumatisés, s'en souviennent encore : Britney était un zombie télécommandé et plus morte que vive, elle enchaînait des pas de danse qui n'en étaient pas. Quelques grands moments, cependant : lorsqu'elle cria "What's up London?" à Manchester ou, plus classe, "J'ai la chatte à l'air" à Tampa Bay. A Montréal, un de ses danseurs la cogne avec son cerceau et à Londres, ses extensions se décrochent sous l'effet d'un ventilateur enragé pendant "Piece of Me".
La messe était dite dès les premières images projetées sur un écran pas vraiment géant : l'insupportable Perez Hilton, déguisé en Elizabeth I, déclarait les festivités ouvertes. Si on avait voulu voir un travesti, on serait allé à un concert de Cher, merci. Aucun doute : son Circus Tour fut un vrai freakshow. Mais ce fut également un fric show : 131 millions de dollars engrangés, la 5e tournée la plus lucrative de 2009 et la 5e de tous les temps pour une artiste féminine. N'en jetez plus : la vache est pleine. Mais que Britney soit grosse importe peu finalement. Regardez Adele, tout le monde l'adore. On aimerait tout simplement comprendre pourquoi elle n'arrive plus à bouger les bras et les genoux en même temps.
Aller voir Britney en concert, c'est un peu comme faire l'amour habillé ou boire la bouche fermée : on ne voit pas bien l'intérêt. Britney dansouille – elle danse comme une andouille – et, le regard vitreux, elle a du mal à bouger ses cheveux. Qui espère encore vibrer à un "show" de l'ex petite amie de Madonna ? Il faudra encore payer 70 euros pour se faire piétiner à la regarder gesticuler, quand elle n'oubliera pas sa choré, engoncée dans un body pailleté qui l'empêche de respirer. Alors on a envie d'arrêter les frais. Et quand elle chantera "I Wanna Go", on la prendra au mot et on lui dira tchao. La femme fatale et son Moribonde Show auront notre peau.
Son dernier album a beau être efficace, il n'est qu'une compile de chansons refusées par Ke$ha. La reine du playback est devenue un cancre musical alors elle copie, comme à l'école primaire. Britney n'a pas fait ses devoirs – danser correctement au lieu de montrer ses dents – alors elle demande à quelqu'un de les faire à sa place. Et elle engage une doublure pour lever les bras, comme dans son clip où tout le monde baise dans les égouts. Et ne parlons pas de "Hold It Against Me", dont on lui tiendra rigueur jusqu'à la fin des temps... Dans cette odieuse mise en scène qui débutait comme un remake du générique d'X-Factor, Britney le Belouga se battait contre elle-même. Une métaphore ? Non, juste un gros bide, dans tous les sens du terme.
Moby, qu'on avait complètement oublié, nous l'avait confirmé, avant de se faire électrocuter : elle n'est qu'une coquille vide et cassée. Bien sûr que Britney est fêlée : la célébrité, la plus dure de toutes les drogues auxquelles elle s'est shootée, l'a tuée. Elle est bipolaire, tout le monde le sait. Et, oui, elle s'est rasée la tête... Mais Fabien Barthez n'a pas fait autant d'histoires, lui. Pas besoin d'aller à Bercy : le plus grand spectacle que la Princesse de la Pop donnera jamais, et le plus réussi, est gratuit. C'est celui de sa propre vie. Fascinant, il montre que les stars sont nos Dieux de l'Olympe. Comme l'a écrit George Bernard Show : "Le sauvage adore des idoles de bois et de pierre ; l'homme civilisé des idoles de chair et de sang". Britney, c'est Aphrodite défigurée. Ce qui ne nous empêchera jamais de l'aimer, même si ses pochettes de CD sont outrageusement photoshopées et même si, toxique à souhait, elle nous force à la détester.