"Lawrence d'Arabie" n'est plus. L'immense acteur irlandais Peter O'Toole est mort avant-hier à Londres. Il avait 81 ans. Tout le monde se souvient de son rôle époustouflant dans la fresque de David Lean (dont l'inoubliable bande-originale de Maurice Jarre trotte encore dans la tête de tous). Mais, en presque 60 ans de carrière, l'acteur a multiplié les rôles marquants tant au cinéma qu'au théâtre.
C'est d'ailleurs vers la scène que le jeune irlandais s'est tourné dès la sortie de son service militaire. Il a étudié à l'Académie royale d'Art dramatique de Londres puis a intégré la prestigieuse Royal Shakespeare Company. Peter O'Toole s'est très vite imposé comme le talent le plus prometteur de la scène londonienne avec ses camarades Albert Finney et Richard Harris. Dès 1960, il est appelé par le cinéma pour tourner "L'Enlèvement de David Balfour" de Robert Stevenson et "Les Dents du diable" de Nicholas Ray. Mais en 1962, à l'âge de 30 ans, il obtient une consécration planétaire avec "Lawrence d'Arabie", qui lui vaut la première de ses huit nominations à l'Oscar du meilleur acteur.
Parallèlement à ses interprétations sur scène de "Hamlet" ou "Macbeth", Peter O'Toole a imposé sa stature longiligne dans de nombreux films devenus depuis des classiques : "Quoi de neuf, Pussycat ?" de Clive Donner avec Peter Sellers et Woody Allen, "Comment voler un million de dollars" de William Wyler avec Audrey Hepburn, "Casino Royale" le premier James Bond non-officiel avec Orson Welles et Woody Allen, "Le Lion en hiver" avec Katharine Hepburn, "Goodbye, Mr. Chips est" avec Petula Clark ou "Le Dernier Empereur" de Bernardo Bertolucci.
Peter O'Toole a assouvi sa passion du cinéma jusqu'au bout. En 2004, il participait à "Troie" de Wolfgang Petersen avec Brad Pitt et Orlando Bloom. Il a également prêté sa voix à l'impressionnant Anton Ego, le sévère critique gastronomique de "Ratatouille", le film d'animation des studios Pixar et interprété le pape Paul III dans la série "Les Tudors". En 2003, Peter O'Toole recevait un Oscar d'honneur pour "les talents remarquables ont fourni à l'histoire de cinéma certains de ses personnages les plus mémorables". "L'Irlande et le monde ont perdu l'un des géants du cinéma et du théâtre", a déclaré hier Michael D. Higgins, le président irlandais.