Ni top horaire ni mot d'accueil de Nicolas Demorand ce mardi 28 juin sur France Inter. La radio publique n'a pas été en mesure de proposer son "7/9" "en raison d'un mouvement de grève (...) pour la défense de l'audiovisuel public et de son financement pérenne", annonce depuis ce matin un message diffusé à l'antenne. Même constat sur franceinfo:, France Culture ou encore France 2, contrainte, pour sa part, de renoncer à la diffusion de sa case d'information matinale comprenant le "6h info" et "Télématin".
L'appel à la grève lancé par les organisations syndicales de France Télévisions et Radio France mais aussi de France Médias Monde (France 24, RFI), Arte et l'Ina contre le projet de suppression dès cette année de la contribution audiovisuelle publique, plus connue sous le nom de redevance, est donc massivement suivi en ce jour symbolique de reprise de la session parlementaire à l'Assemblée nationale. Le palais Bourbon sera d'ailleurs le point d'arrivée de la manifestation, qui s'élancera ce mardi depuis Montparnasse.
La suppression de la principale source de financement de l'audiovisuel public - 3 milliards d'euros en 2020 - au profit d'un budget courant sur plusieurs années a été annoncée par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, au motif de la préservation du pouvoir d'achat des Français. D'un montant de 138 euros en métropole et 88 euros outre-mer, la redevance ne concerne que les foyers qui détiennent un téléviseur. Les autres ne la payent pas, même s'ils regardent des programmes sur ordinateur, tablette ou smartphone.
Dans un communiqué des syndicats, les opposants à ce projet, intégré au projet de loi de finances rectificatif qui sera présenté en Conseil des ministres le 8 juillet, puis à l'Assemblée à partir du 18 juillet, jugent que le budget de l'audiovisuel public "ne peut être décidé par le gouvernement et soumis aux aléas du vote des lois de finances annuelles". "Il doit disposer d'une ressource affectée, garantissant au mieux son indépendance économique et politique tant en termes d'information que de diversité culturelle", poursuivent-ils.
Si la bataille pour le financement de l'audiovisuel public est si prégnante, c'est aussi parce qu'un autre dossier sensible a émergé dans le débat public ces dernières semaines. La ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, a annoncé son intention, le mardi 21 juin, de porter au Parlement le débat autour d'une fusion des entreprises de l'audiovisuel public (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et INA).
Un projet également défendu au début du mois dans un rapport du Sénat. Ce dernier plaidait, en effet, pour la fusion de France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et de l'Ina. Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, et le PDG de l'INA Laurent Vallet y seraient acquis, selon "Libération".
Marie-Christine Saragosse de France médias monde et Sibyle Veil de Radio France y sont en revanche réfractaires. Cette dernière a même publiquement formulé son opposition à cette fusion dans les colonnes du "Figaro". "Je ne suis pas favorable à cette fusion", a-t-elle déclaré. "Radio France et France Télévisions n'ont pas du tout les mêmes enjeux stratégiques. Ce sont deux marchés différents, des usages différents", a justifié Sibyle Veil.
Mise à jour mardi 28 juin 2022 à 12h : Le Syndicat national des journalistes (SNJ) de Radio France annonce, dans un communiqué, que "près des trois-quarts (72,5%) des (journalistes) titulaires inscrits au tableau de service ont cessé le travail". "Cette grève est un signal d'alarme. Il doit être entendu, sinon, il ne pourra qu'être renouvelé", a conclu l'organisation syndicale.