Un été placé sous le signe de l'espionnage et de l'humour. Arte programme la saison 2 de la série française "Au service de la France" à partir de ce jeudi soir en première partie de soirée, à raison de trois épisodes inédits par semaine. Cette comédie d'espionnage signée Jean-François Halin, le scénariste de "OSS 117", se concentre sur les services secrets français dans les années 1960. La première saison suivait les premiers pas du héros, André Merlaux, fraîchement débarqué d'Algérie, dans ces services.
Le personnage interprété par Hugo Becker ("Chefs", "Baron noir"), donné pour mort à la fin de la dernière saison, gagne en maturité et devient un espion libre et déterminé dans ces 12 nouveaux épisodes. "Pour jouer la saison 1, je m'étais surtout inspiré de Tintin pour être honnête, mais aussi de certains films français de l'époque pour la diction, comme 'Léon Morin, prêtre' avec Belmondo. Là, je suis plus allé chercher du côté du 'Guépard' de Visconti et 'Le Sicilien' de Cimino pour y trouver de l'élégance dans la gestuelle et donner une prestance au personnage...", explique l'acteur.
L'intrigue se resserre sur les personnages avec comme fil rouge le combat mené par André et Moïse (Christophe Kourotchkine) contre le puissant colonel Mercaillon (Wilfred Benaïche). De leur côté, le trio d'agents pas très doués formé par Moulinier (Bruno Paviot), Calot (Jean-Edouard Bodziak) et Jacquard (Karim Barras) poursuit ses missions à travers le monde, de Moscou à Alger en passant par Cuba et Berlin. Mais les services secrets peinent à s'adapter à un monde des années 1960 en plein bouleversement, avec l'indépendance de l'Algérie, la décolonisation, la construction du mur de Berlin... "Les agents restent imperturbables : ils ne maîtrisent rien et ne comprennent rien", constate Jean-François Halin, le papa de la série.
Au-delà de l'humour omniprésent dans cet univers feutré, la série s'attaque à des sujets plus sérieux, comme le tabou de l'homosexualité dans la France gaullienne. "En 1960, l'amendement Mirguet, voté à l'Assemblée nationale, considérait l'homosexualité comme un fléau social au même titre que la drogue ou l'alcool. Je voulais absolument en parler car c'est une problématique qui anime la société française à cette époque", rappelle le créateur de la série.
Enfin, les personnages féminins gagnent en importance dans la saison 2, à l'image d'Irène, la femme du colonel Mercaillon, qui se met en tête de quitter le domicile conjugal ou de Marie-Jo, la secrétaire habituellement très respectueuse de sa hiérarchie, qui va connaître un destin surprenant. "Avec les co-scénaristes de la série, cela nous amusait d'assister à leur évolution au travers du regard des agents, toujours aussi misogynes et phallocrates", souligne Jean-François Halin.