Salto, une plateforme de streaming 100% française bientôt mort-née ? Ce n'est pas l'avis de Delphine Ernotte, la PDG de France Télévisions, qui accorde un entretien ce mardi 22 novembre au "Figaro". Interrogée sur le futur retrait de TF1 et de M6 de la plateforme dont ces groupes privés sont co-actionnaires au même titre que France Télévisions, la responsable du service public se montre malgré tout confiante. "Salto atteindra bientôt le million d'abonnés, deux ans seulement après son lancement. Il a fait la démonstration qu'il avait de la valeur", se réjouit-elle.
Delphine Ernotte laisse entendre dans le même temps que France Télévisions pourrait se retirer elle-aussi aussi de ce service de streaming. "Salto a un avenir, mais pas avec l'actionnariat tel qu'il est aujourd'hui", résume l'invitée du "Figaro". Et d'ajouter : "Si demain il trouve un acquéreur, je n'aurai aucun problème à y laisser nos contenus".
En cas de vente de Salto, le retrait de France Télévisions de Salto permettrait au groupe audiovisuel public d'empocher tout ou partie de sa participation estimée à 45 millions d'euros, soit le montant exact manquant pour combler son budget 2023. Dans l'attente, Delphine Ernotte annonce au "Figaro" les pistes pour boucler un budget à l'équilibre : "Nous réaliserons donc 15 millions d'économies sur les programmes, 15 autres sur nos dépenses de vie courante. Enfin, le dernier tiers sera absorbé par une prévision volontariste sur nos ressources propres".
Parmi les repreneurs potentiels de Salto, le nom de Canal+ circule actuellement. Il s'agirait alors pour le groupe crypté d'un changement d'état d'esprit. En 2018, soit deux ans avant le lancement de Salto, Franck Cadoret, le directeur général France de Canal+, avait raillé la création de la plateforme française : "Un truc qui s'adresse à des vieux mais qui est pour des jeunes, qui était gratuit et qui devient payant... S'ils y arrivent, je suis prêt à leur apporter une bouteille de champagne à chacun !".