C'est l'évènement de la rentrée. Le 27 août prochain, à 20h40, France 2 diffusera le tout premier épisode de son nouveau feuilleton "Un si grand soleil", produit par MFP, la filiale de production interne de France Télévisions. Contrairement à "Demain nous appartient", qui a vu le jour - entre sa mise en production et son premier jour de diffusion - en l'espace d'à peine quelques mois l'année dernière sur TF1, "Un si grand soleil" est un chantier de longue date du groupe audiovisuel public. France Télévisions avait ainsi officiellement annoncé travailler sur un feuilleton quotidien en juin 2016 soit il y a plus de deux ans.
Initialement prévu en janvier 2018, le lancement d'"Un si grand soleil" a été reporté à cette rentrée. Un décalage pour cause de "raisons d'organisation interne" selon Delphine Ernotte qui avait évoqué "une énorme réforme de la façon de produire de France Télévisions". Il a surtout fallu le temps au groupe audiovisuel d'aménager l'immense hangar de 16.000 m2 acquis - pour une durée de neuf ans ! - à Vendargues, petite ville de l'Hérault située non loin de Montpellier, et au sein duquel les deux studios, de 1.100 m2 chacun, qui serviront au tournage du feuilleton ont été installés. Le reste de cet immense espace sert pour l'heure principalement à du stockage (8.000 m2 dédiés).
À titre de comparaison, le tournage de "Plus belle la vie" mobilise 3.000 m2 de studios à Marseille tandis que "Demain nous appartient", autre production Newen, est mis en boîte dans des studios de 1.600 m2 situé dans un entrepôt de 8.000 m2 à Sète. Selon un chiffre avancé par Toma de Matteis, producteur d'"Un si grand soleil", l'installation des studios à Vendargues représenterait à lui seul un investissement de 11 millions d'euros pour le groupe audiovisuel public. Selon "Les Echos", TF1 avait mis 7 millions d'euros sur la table pour construire ses studios à Sète. Mais France Télévisions espère amortir la somme en accueillant d'autres tournages dans ses locaux de Vendargues.
L'ensemble du coût de production du feuilleton ne sera pas compensé par les recettes publicitaires directes puisque la réclame est proscrite sur les antennes de France Télévisions après 20 heures. Si France 2 a d'ailleurs fait le choix de décaler son feuilleton à 20h40, alors qu'un lancement en pré-access était envisagé depuis les origines du projet, c'est pour donner à celui-ci un maximum de chance de conquérir rapidement un large public. La chaîne espère capitaliser sur les bonnes audiences de son "20 Heures". La direction du groupe audiovisuel sait que l'échec n'est pas permis, à fortiori alors que France Télévisions s'apprête à passer en disette budgétaire. Récemment, considérant les surcoûts de fabrication de MFP, la filière de production interne du groupe, un rapport parlementaire s'est ému du "risque de catastrophe industrielle".
Officiellement, selon les chiffres qui ont filtré, le coût d'un épisode d'"Un si grand soleil" avoisine les 100.000 euros. Il s'agirait d'une somme inférieure au coût par épisode de "Demain nous appartient", évalué à un peu moins de 140.000 euros, et de "Plus belle la vie". Le coût de production global du feuilleton de France 3 est estimé à 30 millions d'euros par an. Selon "Les Echos", le budget annuel d'"Un si grand soleil" devrait être compris entre 25 et 30 millions d'euros, soit une somme légèrement inférieure. À terme, en cas de succès, si "Un si grand soleil" devait devenir rentable, l'affaire serait très intéressante pour France Télévisions puisqu'elle en est intégralement propriétaire alors que les recettes de son autre feuilleton "Plus belle la vie" sont partagées entre le groupe audiovisuel public et Newen, le producteur.
Si "Plus belle la vie" est rentable, "Demain nous appartient" serait en passe de l'être, selon des déclarations de Fabrice Larue, ex-patron de Newen, en juin dernier. Pour l'heure, la priorité pour France Télévisions est de s'assurer du démarrage pérenne de son feuilleton dans une case qui n'était initialement pas prévue pour l'accueillir. "Un bon programme doit pouvoir marcher, quelle que soit l'heure" estime Sophie Gigon, patronne de la fiction day time de France Télévisions. Aidé par un horaire favorable, "Un si grand soleil" devrait avoir un peu de temps pour s'installer. 235 épisodes ont été commandés par la chaîne tandis qu'une cinquantaine sont d'ores et déjà en boîte.