Alors que les ventes de Libération avaient explosé l'année dernière à la même période grâce à l'élection présidentielle, le quotidien enregistre une baisse de 30% en octobre. On estime qu'aujourd'hui, le journal écoule 40.000 à 50.000 exemplaires en kiosques. Ces mauvais chiffres ont poussé Nicolas Demorand, directeur du quotidien, à présenter un plan stratégique devant le comité d'entreprise du journal lundi 26 novembre.
Selon Le Monde, le quotidien a choisi d'agir sur deux fronts en opérant un basculement plus marqué vers l'offre numérique "libé.fr" et en augmentant le nombre d'abonnés des versions papier et numérique. Les abonnements représentent 40% des ventes du quotidien aujourd'hui, sans doute 50% l'an prochain. Défi : passer à 70% d'abonnés web et/ou papier "dans les années qui viennent", selon Xavier Ternisien.
Cette nouvelle orientation est une véritable rupture dans l'histoire du quotidien de gauche puisqu'il se vendait jusqu'ici principalement en kiosques. "Ce modèle impose que la rédaction devienne multisupports et que tous les journalistes écrivent indifféremment pour le Web ou le journal papier, ce qui est déjà largement le cas. Le projet devrait être réalisé à périmètre constant de la rédaction, sans réduction d'effectifs", précise notre confrère. Le journal devrait pourtant sortir la tête de l'eau et rembourser sa dette de sauvegarde de 1,8 million d'euros grâce à l'apport financier de 1,4 million d'euros promis par le promoteur Bruno Ledoux. Selon des sources internes, "la prochaine échéance difficile en matière de trésorerie sera début avril".
Cette baisse des ventes s'explique notamment par une actualité politique moins marquée par les socialistes. En octobre dernier, les primaires PS avaient largement profité au quotidien, la France avait particulièrement suivi ces débats d'idées entre les six motions du parti. La rédaction de Nicolas Demorand avait également profité de plusieurs non-parutions du Monde pour cause de grèves dans son imprimerie. Plus spectaculaire encore, la campagne présidentielle avait boosté les ventes de Libération au printemps 2012 : +280% le 7 mai 2012, au le lendemain de la victoire de François Hollande.