Ca va filer droit à partir de ce soir sur M6. La chaîne lance à 20h55 "Garde à vous", une émission qui replongera les téléspectateurs à l'époque du service militaire des années 1970. Produit par Studio 89, le programme fera ainsi revivre à 19 garçons de 18 à 25 ans de tous milieux et de toutes conditions physiques les rudes temps de la conscription. Pendant trois semaines, ces jeunes seront cantonnés dans un fort des Ardennes placé sous le commandement du capitaine Dominique Cortiula, instructeur à la retraite. puremedias.com a rencontré ce militaire de 57 ans rompu à la formation des jeunes recrues.
Propos recueillis par Benjamin Meffre.
puremedias.com : Comment avez-vous été contacté par M6 pour ce programme ?
Dominique Cortiula : En fait, je crois qu'ils cherchaient un capitaine, un responsable de site. En regardant sur Internet, ils sont tombés sur mon site d'organisation de stages commandos pour les civils. On est entré en discussion. Ils m'ont dit qu'ils cherchaient quelqu'un pour rappeler ce service militaire des années 1970. Ca tombait bien. J'étais un jeune cadre du service de ces années-là que je connais très bien. On est donc vite tombé d'accord.
Quel est votre rôle dans le programme en tant que capitaine ?
Mon rôle est d'être le responsable de site, du fort. Vous me verrez notamment dans les cérémonies, notamment la cérémonie finale. J'aurai aussi une mission d'explication de ce que vont voir les téléspectateurs. Quand on parlera du coiffeur des armées par exemple, je ferai des commentaires.
Les jeunes dont vous avez eu la charge dans ce programme sont-ils très différents de ceux dont vous vous occupiez à l'époque ?
Oui, il y a une différence fondamentale. Elle est claire en ce qui me concerne. J'ai été un petit peu choqué. Je ne m'attendais pas à ça. Si vous voulez, pour quelqu'un comme moi, on s'attend à avoir des jeunes qui vous respectent quand vous parlez. Là, ce n'était pas tout à fait le cas même si ça a très vite changé. Ce sont des jeunes qui n'étaient mêmes pas nés quand le service militaire a été suspendu. Pour eux et à leur décharge, le service militaire, c'est virtuel. Ils ne savent pas de quoi on parle. Et puis, ils ont aussi une véritable double vie avec Internet et leurs smarphones dont on les coupent dans le programme.
Honnêtement, vous ne vous attendiez pas à constater une telle différence ?
Non, pas à ce point-là. Je l'ai prise en plein figure. Nos jeunes, avant, étaient prêts à aller au service militaire. On parlait du service dans les familles, ils étaient en quelque sorte programmés pour cela. Et puis physiquement aussi, ils étaient prêts.
Les jeunes étaient physiquement plus affutés à l'époque ?
Ah oui. Je suis éducateur sportif. En 30-35 ans, j'ai vu l'évolution du physique. Il n'est pas très bon. Au-delà du programme, je l'ai vu dans les tests d'entrée auxquels je participais pour la gendarmerie ou d'autres unités. On a été obligé d'enlever certaines épreuves parce que les mecs n'y arrivaient pas, que ce soit pour grimper à la corde ou faire des tractions. Ils sont un peu grassouillets nos jeunes (rires).
Face à ces jeunes différents, vous appliquez les mêmes méthodes qu'avant ou vous les adaptez ?
On est obligé de s'adapter. C'est de la pédagogie de base. On fait les mêmes choses mais en un peu plus de temps notamment. L'important, c'est d'y arriver. En fait, nos jeunes sont souvent confrontés à une réalité qu'ils ignorent : courir, ça fait mal, échouer au parcours du combattant sur des obstacles simples, ça fait mal à la tête. Ils se prennent souvent pour des champions du monde. Ca les ramène à la réalité. Ca, c'est important : se connaître et s'estimer à sa juste valeur. C'est ce qu'on appelle l'humilité.
Si vos recrues sont plus faibles qu'avant, on imagine que leur marge de progression est donc encore plus grande...
Ah oui, la marge de progression est énorme. En trois semaines, ils se sont grandement améliorés.
Certains jeunes se sont-ils révélés sous vos yeux ?
Oui. Il y a eu des surprises. J'y suis habitué dans ce genre de formations. Certains ont découvert qu'ils avaient des corps et qu'ils pouvaient en faire quelque chose. Ils découvrent aussi qu'ils ne sont pas seuls, que mentalement, ils ont des ressources. Rien qu'en trois semaines, les gamins ne repartent pas à vide. Ils ont découvert des choses sur eux-mêmes. C'est forcément positif.
Est-ce que la formation dépasse le simple aspect physique ?
Oui, il y a aussi une partie théorique dans l'émission. Je suis leur professeur. Je leur donne des cours, le b.a-ba de ceux qu'on donnait à l'époque.
Vouss les avez sentis réceptifs ?
Franchement oui.
Certains candidats ont-ils affirmé vouloir s'engager dans l'armée suite à l'émission ?
Il y en a je crois. Il y en a au moins un qui m'en a parlé. Comme quoi, ça suscite des vocations.
Prônez-vous, personnellement, un retour du service militaire en France ?
Je laisse ça à nos politiques et à notre gouvernement. J'ai un avis personnel qui ne regarde personne.