Clémentine ("Koh-Lanta") : "Je ne m'attendais pas à être la candidate la plus détestée"

Elle a indéniablement marqué "Koh-Lanta Cambodge". Si elle s'est inclinée vendredi en finale face à Frédéric, Clémentine a fait parler d'elle pour ses colères après ses victoires, son discours pas toujours compris sur le mérite, mais aussi sa ténacité et ses deux impressionnantes victoires lors de la course d'orientation et sur les poteaux. Trois jours après sa défaite, la jeune femme évoque son aventure pour puremedias.com, la violence à son égard sur les réseaux sociaux et l'image donnée d'elle par le jeu d'aventure de TF1.

Propos recueillis par Charles Decant.

Comment te sens-tu trois jours après la finale ?
Je me sens plutôt très bien. Beaucoup de relâchement et de soulagement après la fin. Un peu triste que ce soit terminé. Je m'en remets doucement.

Tu as dû attendre combien de temps entre la finale et la fin du tournage ?
On est revenu en décembre, donc sept mois ! Mais je savais que je n'allais pas gagner. J'en avais discuté avec d'autres candidats.

Ce n'est pas trop difficile d'attendre aussi longtemps pour que l'aventure se termine vraiment ?
Si, si. Ce qui a été le plus dur, c'était de ne rien dire sur ce qui s'était passé alors que j'avais gagné l'épreuve d'orientation et les poteaux !

Tu as compris le vote des autres aventuriers ?
Bien sûr que j'ai compris.

Tu as eu des explications ? Tu as pu avoir des discussions franches pour comprendre certaines choses ?
Bien sûr. Après, c'est logique. Je n'ai même pas eu besoin qu'on m'explique pourquoi. Je ne suis pas bête et j'ai compris pourquoi certains avaient voté pour Fred et pas pour moi. J'ai toujours été blanche dans l'esprit après la réunification, et la plupart sont restés dans leur couleur d'origine. Il y a certains choix qui n'ont pas été acceptés et c'est pour ça que certains se sont tournés vers Fred.

Ce qui a sans doute été le moins compris par les autres aventuriers et par le public, c'est ton discours sur le mérite, changeant au fil des jours...
Je veux bien, mais à quel moment le discours a changé selon vous ?

Quand Sandro fait éliminer Vincent, tu changes d'avis et tu décides que le mérite doit primer...
Ce n'est pas moi qui change d'avis, c'est tout le groupe qui change d'avis. On se dit que c'est complètement débile d'éliminer des personnes qui sont méritantes à ce moment-là. On se réunit et on décide qu'à partir de là, on vote au mérite.

Comment expliquer l'élimination de Sebastien, alors ?
A ce moment-là, je n'ai pas le choix. Enfin, j'ai deux choix : soit je mets mes deux votes contre Vincent, soit contre Seb. Fred, je ne pouvais pas voter contre lui parce qu'on s'était fait une promesse. Donc même si j'avais mis mes votes contre Vincent, on serait venu me voir, le public m'aurait critiqué en disant que je votais contre Vincent alors que j'avais dit que je votais au mérite et qu'il est tout aussi méritant. Un choix différent aurait provoqué les mêmes critiques. Ca a été le moment le plus difficile, j'étais obligée faire un choix. J'aurais pu mettre un vote pour chacun, mais Mathilde, Fred et Vincent sont venus me voir en me disant que c'était mieux de voter contre Seb en pensant aux poteaux.

Tu as regardé la saison chaque vendredi sur TF1 ?
Bien sûr !

Tu as découvert des choses ?
Oui, on ne voit pas tout quand on est sur l'île. On ne sait pas trop ce que les autres pensent de nous, ce qu'ils disent en interview...

Et tu as découvert des choses sur toi, en te voyant via un regard extérieur ?
J'ai été très surprise par ce qui a été montré sur moi. Pas dans le côté compétition, mon côté un peu agressif, mauvaise joueuse, tout ça... Ca, c'est tout à fait moi. En revanche, ma façon de parler en dehors, sur le camp... Ce n'est pas facile à voir, parce qu'ils ne montrent que mon côté négatif, il n'y a pas du tout mon côté positif. Je l'accepte, mais j'aurais bien aimé le voir davantage.

Est-ce que c'est facile d'être positif dans des conditions pareilles ?
Non, c'est sûr. Mais j'ai quand même un côté positif.

En tant que téléspectateur, effectivement, on a vu que tu avais récolté aux conseils les colliers et les votes noirs des sortants. On a pu se dire qu'il devait y avoir des choses positives sur le camp qui faisaient que les candidats s'attachaient à toi...
Merci... !

Mais effectivement, on ne les voyait pas...
Merci... !

On a vu aussi que pendant plusieurs semaines, tu avais chaque semaine une nouvelle tête de turc, quelqu'un que tu avais du mal à supporter... Yassin, Sandro, Claire... Les conditions font qu'on est très irritable ?
Oui... Quand on ne dort pas très bien, quand on n'a pas nos proches, évidemment. Après, je n'ai jamais été insupportée par un candidat. Yassin, oui, c'était très difficile parce que c'est quelqu'un qui n'est pas du tout humain. Mais après la réunification, on s'entendait tous vraiment bien. Même Sandro est une personne extra, humaine, très sympathique. C'est le jeu. Il nous a gonflés tous à un moment donné, mais ça faisait partie du jeu. C'est une personne au top. Après, forcément, il y a des personnes avec qui ça passe mieux et d'autres moins bien.

Quand Sandro a joué la comédie sur la dégustation, ça avait choqué certains téléspectateurs et des candidats, dont toi. Tu peux comprendre que ce que tu as fait pour convaincre Fred de te choisir après le jeu des poteries ait pu autant choquer ?
Oui, oui, je comprends complètement qu'on ait pu être choqué par ce que j'ai fait. C'est le jeu. Le confort était un des plus beaux moments de ma vie, mais je regrette l'interprétation qui a été faite de mon geste, le chantage, tout ça. C'était n'importe quoi ! On ne s'attendait pas du tout à ce qu'il y ait une deuxième récompense. J'ai donné tous les avantages à Fred pour cette épreuve, il la gagne, il va partir passer un moment incroyable avec sa copine et là, Denis revient et nous propose autre chose. On est tous au même stade, il n'y a pas de mérite à cette épreuve-là. Casser les poteries des gens, l'épreuve, vous la connaissez, elle est barbare... Ce sont des choix. Il y avait un deuxième mini-confort, j'ai joué ma carte à ce moment-là, c'est sûr que si je n'avais pas fait ce geste, l'aventure ne se serait sûrement pas terminé de cette façon, je pense. C'est pour ça que je regrette mon impulsivité.

Quel a été le moment le plus difficile de ton aventure ?
Le choix que j'ai eu à faire quand Claire m'a donné ses deux votes.

Et le meilleur moment - à l'exception du confort avec ton compagnon ?
Ma victoire sur les poteaux.

Des gens critiquent ton attitude envers le mérite, on en a parlé, mais tu es quand même celle qui a gagné l'orientation et les poteaux !
Eh oui...

Et c'est là qu'il aurait été bien pour toi qu'il y ait une prime au mérite !
Bah oui, mais bon, "Koh-Lanta", on sait ce que c'est. Ce ne sont pas ceux qui gagnent les épreuves qui gagnent forcément le jeu.

Tu as appris beaucoup en participant à "Koh-Lanta" ?
Oui, j'ai appris sur moi, sur les autres, la relation avec les autres, les valeurs, les principes, la survie, la patience... J'ai appris énormément de choses !

Tu as été la cible d'attaques assez violentes sur les réseaux sociaux, au point que TF1 et Denis Brogniart ont dû appeler au calme. Tu as compris ces attaques ? Elles t'ont blessée ?
Ca m'a fait du mal au début, mais ça a été très court. J'ai réussi tout de suite à passer au dessus de tout ça. Là, ça ne m'atteint vraiment plus. Je sais que je me fais encore insulter mais ça ne m'atteint pas. Après, comprendre... Non. Je ne comprends pas un tel acharnement parce que je pense que ce sont des personnes qui ne sont pas très intelligentes. Je les appelle "la petite France". Insulter sur les réseaux sociaux, il n'y a rien de plus simple, mais je n'ai jamais eu aucune remarque en live. Donc ça me passe au dessus. Après, je ne m'attendais pas à être la personne la plus détestée de "Koh-Lanta". Ce n'était pas ce que je voulais, parce que j'ai vécu une très, très belle aventure. Mais c'est le jeu...

On vous prévient avant que vous partiez qu'il faudra gérer les réseaux sociaux ?
On nous prévient, oui, mais c'est surtout quand on rentre. On nous dit qu'on ne peut pas plaire à tout le monde, que certains ne se privent pas pour le dire. On a un psy qu'on peut appeler autant de fois qu'on veut, un chargé de communication qui nous conseille d'ignorer, de ne pas répondre, et c'est pour ça que de mon côté, c'est plutôt bien passé.

Quand on est sur place, sur le camp, on se pose ces questions ?
Moi, perso, pas du tout. Je pensais juste à ce que je vivais sur le moment. Si j'avais pensé un peu plus à mes paroles, j'ai dit des gros mots certainement, je me serais dit "N'oublie pas qu'on va te voir à la télé devant 6 millions de téléspectateurs !" J'ai complètement oublié tout ça, j'étais dans mon aventure. Les caméras, elles n'existaient pas pour moi.